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lundi 21 juillet 2014 12:52
Carles Puyol, l'Espagne a été bien malgré elle l'une des surprises de Brésil 2014. Comment expliquez-vous la mauvaise performance de l'équipe ?
Cette élimination a été difficile à digérer car nous avions beaucoup d'ambition. Ce fut très dur pour moi de vivre cela de l'extérieur, sans pouvoir aider. J'ai ressenti un grand sentiment d'impuissance. Tout s'est joué sur des petits détails. Dans le premier match, contre les Pays-Bas, nous manquons la balle du 2:0 et aussitôt, ils égalisent à 1:1. Ce fut le premier coup dur. Ils ont été meilleurs que nous en deuxième période mais avec un scénario différent, nous ne serions pas en train d'en parler aujourd'hui. Après une défaite aussi lourde (1:5), il est toujours difficile d'enchaîner. Ensuite, nous n'avons pas été capables de battre le Chili, une équipe qui pratique un très bon football depuis longtemps. Je ne pense pas qu'il y ait eu un problème de motivation. Pour beaucoup de joueurs, cette Coupe du Monde était potentiellement la dernière. Et puis, qui n'est pas motivé par un Mondial au Brésil ? Ceux qui voulaient le plus la victoire étaient les joueurs mais parfois, les choses ne se passent pas comme prévu. Après, il y a tous les aléas, des joueurs qui revenaient de blessures, d'autres qui avaient disputé énormément de matches au cours de la saison. Tout cela pèse au moment de faire les comptes.
Tout semble indiquer qu'un cycle vient de prendre fin. Comment envisagez-vous l'avenir de la Roja ?
Je ne suis pas partisan des révolutions. Chaque fois qu'une équipe connaît un passage à vide après avoir gagné beaucoup de titres, on demande une révolution. Personnellement, je crois que le plus important est l'expérience acquise. Il faut se baser dessus pour rénover tranquillement, sans remettre à plat tout ce qui a été fait jusqu'ici. Comme on dit en catalan, il faut avoir du seny, du bon sens. Nous disposons de grands joueurs. Pour certains d'entre eux, cette Coupe du Monde était la dernière grande compétition de leur carrière. Maintenant, il appartient aux joueurs et au sélectionneur de réfléchir à tout cela, sans prendre de décision précipitée. Je reste convaincu que la sélection espagnole actuelle est de très bonne qualité et que la génération qui vient l'est également. Nous devons être forts, regarder devant nous et apprendre de nos erreurs.
Un cycle se termine pour l'Espagne et cela coïncide avec la fin de votre carrière. Comment avez-vous vécu cette prise de décision ?
Ces deux dernières saisons, j'ai tout essayé. J'ai subi plusieurs opérations et suivi divers traitements, mais mon genou a jeté l'éponge. Même si elle a été extrêmement difficile à prendre, la meilleure décision pour moi était d'arrêter. Il est frustrant de voir qu'une partie de votre corps ne répond plus, surtout quand vous vous êtes toujours entraîné et donné à 100 %. Je suis passé par tous les états : la douleur, la rage, l'impuissance… Vous essayez, mais vous ne pouvez pas. Au final, il faut être honnête avec soi-même et avec les autres. Je paye tous les efforts que j'ai faits jusque-là. Ces deux dernières années, j'ai eu énormément d'infiltrations et j'ai forcé au maximum sur ce genou. Aujourd'hui, j'ai encore un autre traitement. Je n'ai plus la tête à jouer au football, mais à essayer de retrouver une vie normale. Pour l'instant, même monter un escalier est difficile pour moi.
En septembre, vous allez débuter dans vos nouvelles fonctions professionnelles, comme secrétaire technique du FC Barcelone. Comment envisagez-vous ce nouveau rôle ?
Beaucoup de gens ont dit que j'avais le potentiel pour être entraîneur, mais ça ne m'attire pas. Le mieux, évidemment, est de jouer, mais tout a une fin. Après, il faut chercher sa place et essayer de trouver une fonction liée à ce que vous savez faire. Le club de Barcelone m'a donné cette opportunité et je lui en suis très reconnaissant. Au début, il y aura un processus d'apprentissage, où je ne prendrai pas vraiment de décisions. J'aborde ce poste avec autant d'ambition que lorsque j'étais sur le terrain. Avec le temps, je vais essayer d'apporter tout ce que le football m'a donné pendant ces 19 années.
Quel regard portez-vous sur l'achat de Luis Suárez, en marge de l'incident survenu au Brésil, et sur la recherche d'un défenseur central pour vous remplacer ?
Le geste de Suárez est injustifiable, mais ce sont des moments où les joueurs sont à fond et où ce genre de chose peut arriver. De toute façon, il s'est excusé. C'est un grand joueur, très compétitif et avec un flair incomparable pour le but. Je crois qu'il peut beaucoup apporter à une attaque déjà très performante. Avec Luis, nous pouvons être encore plus forts. Quant à la défense, cela fait un bout de temps déjà que le Barça, comme la moitié de l'Europe d'ailleurs, recherche des arrières centraux de qualité. Mais ce n'est pas facile, surtout pour nous, étant donné notre style de jeu. Pour jouer à Barcelone, il faut non seulement être un très bon défenseur, mais également être rapide et très habile techniquement pour ressortir le ballon, car nous défendons loin de notre but. L'espace entre la ligne de défense et le gardien peut parfois donner le vertige quand on joue à Barcelone.
Barcelone vit une période de transition, avec le départ de deux de ses symboles, Víctor Valdés et vous-même. Comment voyez-vous la nouvelle ère qui s'annonce au Camp Nou ?
Ce sont des joueurs qui appartiennent à l'histoire du club qui s'en vont, mais c'est la vie. Certains arrêtent sur blessure, comme moi, d'autres décident de changer d'air, comme Víctor. Quand nous sommes arrivés, c'était déjà pour remplacer des joueurs qui avaient décidé de partir ou d'arrêter. Aujourd'hui, c'est la même chose qui arrive. Le plus important est de continuer à mettre l'équipe au-dessus des individualités.
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