Interview

Arda Turan : "Peut-être que notre jeu n’est pas beau à voir, mais on gagne"

Arda Turan fait partie des spartiates les plus remarqués de Diego Simeone. Il a intégré comme personne les clés de la philosophie du technicien argentin, à savoir le travail et un engagement de tous les instants

Auteur : lundi 20 octobre 2014 14:27

Arda Turan fait partie des spartiates les plus remarqués de Diego Simeone. Il a intégré comme personne les clés de la philosophie du technicien argentin, à savoir le travail et un engagement de tous les instants. Dans cet entretien accordé à FIFA.com, le turc revient sur les clés de l’Atletico de Simeone et sur son espoir de ramener la Turquie dans l’élite.

Arda Turan, l’Atlético traverse l’une de ses meilleures périodes, mais son jeu ne convainc pas tout le monde. Que répondez-vous à ceux qui critiquent votre style ?
Que je le regrette. Peut-être que notre jeu n’est pas beau à voir, mais on gagne. Il arrive que certaines équipes qui jouent bien ne gagnent pas de matches ni de titres. C’est vrai que parfois, on aimerait avoir davantage le ballon, mais nous, on n’a ni Cristiano Ronaldo ni Lionel Messi, donc on doit jouer collectif et travailler dur, défendre davantage que Madrid ou Barcelone. Mais c’est ce style qui nous a permis d’être champions. Je respecte toutes les opinions et j’apprécie également le jeu de Barcelone ou du Bayern Munich, mais je préfère le nôtre.

Quand vous arrivez à l’Atlético en 2011, l’équipe vient de gagner une UEFA Europa League et une Supercoupe d’Europe, mais vous ne parvenez pas à rivaliser avec le FC Barcelone et le Real Madrid jusqu’à l’arrivée de Simeone. Comment le déclic s’est-il produit ?
Quand Simeone arrive, la première chose qu’il nous dit, c’est : "si on arrive à ne pas prendre de buts, il nous suffit d’en mettre un pour gagner". L’essentiel, c’était de ne pas encaisser de buts et pour ça, l’équipe devait rester compacte et défendre en bloc. Notre recette, c’est du travail, du travail et encore du travail. Chaque match est une finale et on doit se concentrer sur chaque adversaire. Le Barça et le Real ont plus d’argent et de qualités que nous, mais en restant soudés, on est capables de rivaliser avec eux.

Simeone vous définit comme un joueur "différent", mais en plus de cette dose d’art, il exige beaucoup de travail de vous. Comment conciliez-vous les deux choses ?
Je ne pense pas être le seul joueur "spécial" ou talentueux de l’équipe. On a Antoine Griezmann, Koke et bien d’autres. Et avant, il y avait Diego Costa, Diego Ribas… Au bout du compte, on forme un groupe et on sait que notre travail, c’est de rendre l’équipe meilleure. On doit laisser notre égo aux vestiaires, se fondre dans le collectif et appliquer les consignes de l'entraîneur. La réussite passe par là.

C’est à vous que revient la charge de mettre le pied sur le ballon dans les moments les plus délicats. Comment faites-vous pour garder votre calme dans ces instants-là ?
C’est mon boulot ! (rires) Je me charge d’organiser le jeu offensif. Quand l’équipe est en difficulté, je suis capable de garder le ballon pour faire souffler mes coéquipiers, provoquer une faute par-ci par-là… Avant le début du match, mon cœur bat à fond… "Boum, boum, boum…" (il se tape la poitrine). Mais quand l’arbitre donne le coup d’envoi, je retrouve mon calme. Je ne ressens pas de trac, mais une grosse confiance en moi. C’est comme si je passais en mode "zen". Sur le terrain, je suis serein. Je ne sais pas ce qui m’arrive. Je dois être fou (il éclate de rire).

On vous voit parfois sourire en plein match. Ce n’est pas commun chez les joueurs de haut niveau. Est-ce lié à votre façon d’aborder le football ?
Pour moi, c’est important d’être heureux et de sourire. C’est ma philosophie de vie. J’aime aussi rendre les gens heureux. Aujourd’hui, on peut être une star, avoir la gloire et gagner des titres, mais à la fin de notre carrière, on se souvient de la personne et pour moi, c’est important que les gens se souviennent de moi comme quelqu’un de bien. Je comprends l’attitude du joueur qui se montre très sérieux ou distant. Les grandes stars ont beaucoup de pression. Il faut les comprendre aussi. Je ne les juge pas, mais moi, je montre un visage heureux parce que je suis heureux. En fin de compte, je vis mon rêve d'enfant.

Après avoir remporté la Liga et atteint la finale de la Ligue des champions de l'UEFA, vous avez gagné la Supercoupe d’Espagne aux dépens du Real Madrid et décroché une victoire de prestige face à la Juventus. Vous voyez-vous encore jouer sur tous les tableaux ?
Comme l’an dernier, nous voulons essayer d’aller en finale. En Ligue des champions, on aimerait passer le premier tour en remportant notre groupe, car ça permet de jouer les matches retour à la maison, mais ça va être difficile. Franchement, en quatre ans ici, le match le plus difficile de tous a été celui contre la Juve à Calderón (victoire de l’Atlético 1:0 avec un but d’Arda Turan). Contre Barcelone, on sait qu’ils vont dominer la possession de balle et il faut bien défendre. Contre le Real, il faut éviter les contres. Mais contre la Juve, ils nous ressemblent et ils sont très physiques. On a dû beaucoup courir et travailler dur. On n’a pas bien joué mais on a appliqué notre style. Et on est allés chercher la victoire.

Lors de votre prochain match, vous affrontez Malmö. Comment voyez-vous ce match ?
Attention à Malmö ! On les respecte beaucoup. Chez eux, ils jouent très bien et contre la Juve, ils étaient à 0:0 à la pause. C’est ça, la Ligue des champions. Si on ne fait pas attention, si on se dit "on est une grande équipe et on va gagner tous les matches", on va vite rentrer à la maison.

À l’UEFA EURO 2008, vous vous êtes taillé une réputation à l’échelle internationale. En 2012, la Turquie ne s’est pas qualifiée. L’augmentation du nombre de participants à France 2016, est-ce une grande opportunité pour la Turquie de retrouver une grande compétition ?
Je l’espère. Je prie tous les jours pour que l’on y arrive. Ce serait très fort de décrocher la qualification. En 2008, on est allés jusqu’en demi-finale (défaite 3:2 contre l’Allemagne) et on a vécu une expérience incroyable. Maintenant, on a du potentiel. On a une grande équipe. Ce qui nous manque, c’est un peu plus de concentration en défense. C’est l’un de mes grands rêves et je crois qu’on peut le réaliser.

Comme en 2008, Fatih Terim est le sélectionneur. Que signifie son retour pour vous ?
Le jour où il a annoncé son retour a été très spécial pour moi. Il m’a fait signer à Galatasaray à l’âge de 12 ans. C’est mon entraîneur, mon père, mon ami. Je parle beaucoup avec lui. C’est l’entraîneur le plus influant de ma carrière. Son style me rappelle celui du Cholo Simeone, même si Fatih insiste davantage sur l’attaque et Simeone sur la défense. C’est l’histoire de mon pays et j’espère qu’ensemble, nous arriverons à envoyer la Turquie à l’Euro 2016.

Un entretien accordé à FIFA.com

Publié dans : Atlético Madrid Arda Turan

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