Assad : «En 1982, on avait battu l’Allemagne, car on était sûrs de notre force, on n’avait pas peur et on avait pratiqué notre jeu habituel»

L’un des héros de la victoire historique des Verts face aux Allemands lors du Mondial espagnol de 1982, Salah Assad, qu’on a joint hier après-midi, nous donne son avis sur le match de ce soir et revient avec nous sur les atouts qui ont permis à sa génération de battre cette Mannschaft pourtant redoutable. La question a été posée à l’ancien joueur du RC Kouba sur le débat qui fait parler en ce moment autour du mois sacré de Ramadhan.

Tout d’abord, comment voyez-vous le match de demain soir face à l’Allemagne ?
Evidemment que ça sera un match difficile, mais le point positif, c’est que l’EN se présente en meilleure position que lors du précédent match face à la Russie. Elle jouera ce match sans pression, après avoir réalisé cet objectif de se qualifier aux huitièmes de finale. Les joueurs n’auront rien à perdre et devront jouer libérés. On va affronter sans doute la meilleure équipe d’Europe et la pression sera assurément sur notre adversaire.
L’Algérie aura l’occasion d’entrer de nouveau dans l’histoire si elle parvient à battre cet ogre allemand…
On les a joués deux fois et par deux fois, on les a battus. Comme je vous l’ai dit, nos joueurs doivent surtout aborder ce match sans stress. Il faut qu’on joue notre jeu, celui qu’on a admirablement pratiqué ces derniers temps. Néanmoins cette fois-ci, il faut mettre en place, je pense, un autre dispositif tactique. Si on gagne tant mieux, ça sera la cerise sur le gâteau. Le cas contraire, ça ne sera pas la fin du monde. On se replongera dans le travail pour être encore meilleurs en 2018.
Selon vous, Halilhodzic doit-il revoir son dispositif tactique pour ce match par rapport à celui mis en place face à la Corée du Sud et la Russie ?
Ça sera un match à élimination directe. Un match encore plus difficile et plus intense sur le plan physique. Il y aura certainement beaucoup d’engagement sur le terrain. Il faudra beaucoup d’énergie. Après, je le répète, notre avantage, c’est qu’on jouera sans pression. On doit provoquer notre adversaire et lui faire peur.
Justement, la clé du match, selon vous ?
D’affronter ces Allemands sans complexe et montrer notre valeur sur le terrain. Il faudra qu’on impose notre jeu et ne pas avoir d’appréhension du tout. On doit mettre en place une équipe plus équilibrée. Apporter à mon avis un changement tactique par rapport aux deux précédents matchs et faire jouer des joueurs plus frais surtout.
L’Allemagne ne s’est quasiment jamais fait éliminer en huitièmes de finale d’une Coupe du monde. La mission ne s’annonce pas aisée pour l’EN…
Oui, c’est clair, mais dans le football, tout peut arriver. On doit rester concentrés pleinement sur ce match et jouer avec un maximum de rigueur. On doit éviter de refaire la même erreur de la Côte d’Ivoire, qui a tout perdu suite à un moment d’inattention. Il faudra être disciplinés techniquement et tactiquement. Jouer avec cœur aussi pour écrire une nouvelle page de l’histoire.
Cette fois-ci, les Allemands n’entendent pas refaire la même erreur que lors du match de 1982. Ils prennent très au sérieux ce match et se méfient beaucoup de l’Algérie…
C’est normal. Maintenant, les Allemands connaissent parfaitement le jeu africain et savent qu’il a beaucoup progressé. Maintenant, c’est plus facile d’avoir des informations sur les adversaires, pas comme avant. Mais sur le terrain, ça sera autre chose. On doit jouer intelligemment et pousser cette équipe allemande à la faute.
Qu’est-ce que vous vous êtes dit dans les vestiaires avant ce match historique de 1982 face à ces mêmes Allemands ?
Notre force, c’est qu’on était tout le temps en regroupement. On jouait beaucoup de matchs ensemble, pas comme maintenant. On se connaissait très bien. Je me souviens qu’on avait fait un stage qui a duré un mois en Suisse. On avait une cohésion parfaite et avant ce match face à l’Allemagne, on savait qu’on était prêts. On était bien en jambe et il y avait beaucoup de qualité dans notre groupe. On affrontait à cette époque les champions d’Europe, mais nous, on n’avait qu’un seul objectif, être meilleurs sur le terrain. On voulait faire sensation et montrer notre potentiel au monde entier. Ce match était une chance pour nous pour décrocher des contrats professionnels à l’étranger. On était en confiance, et c’est ce qui nous a le plus aidés.
Cette victoire vous la vouliez, c’est bien ça ?
On était sûrs de nos qualités. On n’avait pas peur des Allemands et prêts à les affronter. Vous savez, un match se gagne sur le terrain. Quand on rentre sur la pelouse, on doit tout donner et ne pas chercher uniquement à éviter la défaite. Limiter la casse ne servira à rien, vaut mieux rester à la maison dans ce cas-là.
Après ce qui s’est passé en 1982 et ce match combiné entre l’Allemagne et l’Autriche, beaucoup estiment que l’Algérie cherchera à prendre sa revanche ce lundi…
C’est un autre match, une autre époque. Il faut penser au présent.
Actuellement le débat autour du mois de Ramadhan fait parler. Vous qui avez vécu pareil scénario, qu’en pensez-vous ?
J’ai déjà donné mon avis sur cette question. Il faut laisser le joueur faire ce qu’il veut. C’est un débat sensible et ça reste un choix personnel. Chacun est responsable de sa personne. On n’a pas à imposer quoi que ce soit à un joueur. La religion, c’est sacré et vous le savez autant que moi.
Si des joueurs décident d’accomplir le jeûne durant la journée de lundi, pensez-vous que ça aura des incidences sur la rencontre ?
Sur un match, non pas vraiment. Généralement pour ce genre de rencontres, les joueurs sont souvent crispés et n’ont pas très envie de manger. Le problème se pose surtout lorsqu’on a une série de matchs à jouer. Dans ce cas, ça serait un véritable suicide. Inch’Allah, ça pourra aller.

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