C’est un entraîneur qui ne s’adresse que rarement à la presse. Franck Dumas, l’homme providentiel qui en quelques mois, a métamorphosé la JSK. Avec un groupe composé de jeunes joueurs, le Français s’est engagé dès son premier jour, à former et à apporter son savoir-faire à cette équipe qui connaît des moments difficiles depuis quelques années déjà. Dans une interview exclusive accordée au Buteur, Franck Dumas, comme vous ne l’avez jamais connu, a accepté de répondre à toutes nos questions. Il a parlé de son quotidien à Tizi Ouzou, sa nouvelle vie en Algérie, des objectifs de la JSK ainsi que de plusieurs autres sujets très intéressants. Avec dix victoires en dix-huit matchs, Dumas est en train de réaliser un parcours exceptionnel avec le club le plus titré d’Algérie. Entretien !
Tout d’abord, comment vous sentez-vous à Tizi Ouzou depuis que vous êtes à la JSK ?
Oui, je me sens bien à Tizi Ouzou, avec ma femme, on est ravi d’être ici. J’ai pas mal voyagé, j’ai la qualité de pouvoir m’adapter facilement. La mentalité des Kabyles me plaît beaucoup, je suis très heureux ici.
Avez-vous appris à parler kabyle ou connaissez-vous quelques mots ?
Pas du tout, à part Azul, je ne parle pas. Les gens parlent français, c’est un avantage. Par respect au club et aux supportes, je vais apprendre le kabyle. Je vais m’engager à prendre des cours.
Qu’est-ce qui vous a le plus plu en Kabylie ?
La mentalité me plaît beaucoup en Kabylie, c’est un peuple fier de ses racines, fier de ses traditions. La fierté aujourd’hui est quelque chose très rare. On a tendance à vouloir effacer ou détruire les valeurs que ce soit en France ou ailleurs. Je sens ces valeurs que ce soit aux entraînements, au stade ou même en ville. C’est quelque chose de spécial.
Quel est votre plat préféré ? Avez-vous déjà goûté le couscous kabyle ?
J’ai respecté la tradition, j’ai mangé le couscous. Je connais deux ou trois endroits très sympas où j’ai toujours été bien accueilli. Dans la gastronomie, j’ai respecté la tradition (rires).
J’aimerais rebondir sur l’élimination de la JSK en Coupe d’Algérie, regrettez-vous l’élimination ?
Ecoutez, je ne cherche pas d’excuses, les joueurs n’ont pas été bons et moi aussi. Je n’ai pas fait la belle composition. En revanche, nous avons réussi à effacer certaines choses. On s’est rachetés, entre nous, ce n’est pas facile de gagner à Saoura, pourtant, nous avons réussi à revenir avec les trois points et enchaîner avec une nouvelle victoire une semaine plus tard. Autrement dit, on s’est fait pardonnés, pas totalement, mais une partie. On était aussi entrés dans le système où j’ai tout à perdre alors que j’ai tout à gagner. On ne s’est jamais focalisé sur le résultat. Rien n’est facile, on a toujours donné le maximum pour réaliser de bons résultats.
En toute sincérité, quels sont vos objectifs ?
Il y a deux objectifs, le premier c’est le maintien. Le deuxième, c’est de rester en haut du tableau. On doit avoir de l’ambition, trouvé de la stabilité, la cohérence et une bonne équipe. On a rien volé, on est allés chercher les bons résultats dans la difficulté. Ce sont les points qui nous ont propulsés à la deuxième place. On a le droit d’être ambitieux. Nous avons les qualités, j’ai la chance d’avoir des joueurs généreux. Quand on est deuxième, on a l’ambition d’être premier, pas troisième ou quatrième.
Parlez-nous de la concurrence qui ne cesse de devenir de plus en plus rude notamment avec l’arrivée des quatre nouvelles recrues ?
Durant le stage du Maroc, j’ai réuni les joueurs pour tout leur expliquer. Je leur avais fait savoir que seul le travail paie. La concurrence est en interne, des jeunes ne cessent de progresser et c’est de mon devoir de leur donner une chance. C’est ce qui s’est passé avec Tizi Bouali. Je ne peux pas dire qu’il n’a pas mérité sa place, mais y avait au même temps Souyed qui cravachait. Il faut faire attention à un joueur qui travaille.
Que pensez-vous de Benchaïra ?
Je ne parle pas des joueurs en général mais nous l’avons pris pour soulager un peu Benkhalifa. On appelle ça box to box. Je recherchais un vrai numéro huit et c’est pour cela qu’il a été engagé. Concernant Kabari et Belgherbi, ils sont un peu en retard par rapport aux autres, ils doivent continuer à travailler afin de comprendre notre système, la mentalité des autres joueurs, c’est un tout.
Quel est le match le plus difficile que vous avez joué jusqu’à présent ?
Je dirais l’ESS. C’est le match le plus difficile, du moment que nous avons affronté une équipe supérieure à nous. Il est vrai que nous avons réalisé un résultat extraordinaire, mais en face, y avait une très belle équipe qui renferme de très bons joueurs. Je crois qu’on avait réussi à gagner parce qu’on était solidaires. Sur un contre bien mené, Benyoucef et d’un tir puissant ouvre le score. Croyez-moi, pourtant, je n’avais rien à faire du résultat. Si vous vous rappelez, j’avais opéré quatre changements. J’ai compté sur des jeunes car je voulais savoir comment ils se comportaient devant un adversaire coriace.
Etiez-vous au courant que la JSK n’a jamais gagné à Béchar ou vous l’avez appris après le match ?
Non, je n’étais pas au courant, je l’ai appris après la rencontre. Il faut le dire, ce n’est pas facile d’aller gagner à Saoura. D’ailleurs, nous avons joué à onze contre quatorze du moment que l’arbitre était tout sauf correct. Par contre, nous avons été bien accueillis par le président de la JSS. Parfois, dans le jeu, il faut se limiter à certaines choses comme quand est-ce qu’il faut vraiment attaquer afin de pouvoir contrôler le jeu de l’adversaire.
Que pensez-vous de Chetti ?
C’est un très bon joueur, il a une grosse marge de progression. Il peut aller très haut dans sa carrière. Nous avons parlé avec le président, il ne bougera pas avant la saison prochaine. A la fin de la compétition, on abordera convenablement le sujet.
Récemment, vous avez donné l’accord pour engager le Franco-Algérien, Mouhoub Naït Merabet. Que pensez-vous de lui ?
Lui, il a signé son contrat mais pas forcément pour jouer maintenant. Pour moi, il est hors de question d’aligner un joueur alors qu’il n’a pas encore ses repères. Il faut le faire travailler, le préparer convenablement à prendre sa place à n’importe quel moment mais je ne sais pas exactement quand. Ce que je peux dire, c’est un joueur qui a de la qualité technique et il est malin devant les buts.
Pensez-vous pouvoir rester à la JSK le plus longtemps possible ?
Mon meilleur ami, c’est le résultat. Je ne connais pas le meilleur ami, tant qu’on gagne, cela veut dire que je suis compétent. Je suis ouvert à tout, je suis un entraîneur du monde et pas Français seulement. J’aime découvrir, j’ai découvert des gens fantastiques en Kabylie. Si je dois rester longtemps je resterai, si je dois partir je partirai. Après, tout sera lié aux résultats, à l’ambition du club et à mon ambition aussi. Il faut qu’on arrive à s’entendre là-dessus. Pour le moment, on n’est que deuxième, on a rien gagné encore. Ce n’est pas le moment d’en parler, je préfère en parler à l’avenir.
Que pensez-vous des supporters ?
Ils sont partout, même à Béchar. Je me rends compte de l’importance de la JSK lorsqu’on joue à l’extérieur. Des fans qui parcourent 1400 et 1500 kilomètres pour soutenir leur équipe, en France, je ne peux même pas l’imaginer car 1500 kilomètres, on dépasse déjà les frontières. La JSK est une institution, une façon de vivre, une façon d’être. Toujours le même accueil, le même sourire et la même identité. C’est magique. Ce club est le rassembleur des Kabyles. Au bout de mon deuxième jour, je connais pratiquement l’histoire de la JSK, sur la Kabylie. Après je ne connais pas tout. Ce serait vraiment malhonnête de ma part de dire que je connais tout. Je vais apprendre des choses.
Vous avez certainement entendu parler du chanteur Matoub Lounès
Oui, c’est un rebelle. Un rebelle du peuple.
Connaissez-vous ses chansons ?
Je ne connais pas mais dès que j’ai vu sa photo, je l’ai reconnu. Certains interprètent mal le texte qu’il a écrit. Ils pensent qu’il incite à la guerre mais en vérité, c’est un texte de liberté.
On vous remercie pour votre disponibilité…
C’est moi qui vous remercie, ce fut une belle journée dans laquelle nous avons réussi à rendre des enfants malades très heureux. Il faut encourager ce genre d’initiative, continuer à aider les malades et leur apporter la joie.
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