El Hadji Diouf : «Leekens est un entraîneur limité»

El Hadji Diouf, finaliste malheureux de la CAN-2002 au Mali, a accepté, hier, de s’exprimer sur les colonnes du Buteur, pour parler de la CAN, de la consécration du Cameroun et surtout du parcours chaotique de l’équipe algérienne. L’ancien attaquant de Liverpool n’a pas manqué de s’attaquer à l’ex-sélectionneur, Georges Leekens, l’accusant d’avoir été derrière cette débâcle. Voici les critiques du double Ballon d’Or africain 2001 et 2002. 

Comment analysez-vous la victoire finale du Cameroun durant cette CAN ?
Je pense que c’est une victoire très méritée des Camerounais. Ils ont fait un très bon tournoi. Sur le terrain, nous avons vu de belles prestations des Lions indomptables. D’ailleurs, ça reste l’une des meilleures équipes de ce tournoi. Il faut aussi rendre hommage à l’entraîneur (Ndlr : Hugo Broos), qui a cru en cette équipe et à son projet. Il a réussi ainsi à remporter le sacre. Je tiens à cette occasion à féliciter les joueurs camerounais, staff technique, fédération et même la population camerounaise. 

Et l’Egypte méritait-elle la défaite ?
Non, je ne dirais pas ça. L’Egypte a fourni une très belle première période. Sur le plan du jeu, elle a fait de belles choses, mais en seconde période, le Cameroun a aussi montré de belles choses. Les joueurs étaient plus volontaires, ils voulaient remporter le trophée et ils ont eu ce qu’ils voulaient. 
Durant cette CAN, il y a eu beaucoup de surprises. Les trois favoris, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et l’Algérie, ont quitté la compétition sur la pointe des pieds…
Oui, il y a des équipes qui ont fait un bon tournoi, pour d’autres, c’était carrément l’échec total. Comme l’Algérie, la Côte d’Ivoire ou même le Sénégal. Pour moi, l’échec est le même, que ce soit pour l’Algérie ou le Sénégal. Aujourd’hui, on parle d’équipes favorites pour remporter le trophée, mais au final, elles sont éliminées dès le début de la compétition. Ce ne sont plus des favoris. Pour l’équipe d’Algérie, par exemple, le problème aujourd’hui n’est plus l’équipe, c’est un autre problème. 
Lequel, selon vous ? 
Ecoutez ! Vous avez engagé un sélectionneur qui est déphasé face à cette jeunesse. Il est complètement dépassé. Puis, je ne trouve pas d’explications à la mise à l’écart d’un grand joueur comme Sofiane Feghouli. Feghouli ne joue pas la CAN ? Mais c’est anormal ! Je ne sais pas pourquoi il a pris une telle décision, mais c’est une grosse erreur. Il a commis l’erreur de tout changer malgré son arrivée tardive à la tête de la sélection. En Algérie, tout le monde sait qu’il y a une fédération très sérieuse, mais le sélectionneur est passé à côté de son sujet. C’est lui le responsable. Moi je suis toujours et avec beaucoup d’attention toutes les informations concernant l’équipe algérienne car c’est une très bonne équipe qui possède un groupe de joueurs pétris de talent et vraiment exceptionnels.
Donc à votre avis, le principal responsable de cette débâcle est le sélectionneur Georges Leekens ?
Oui, bien sûr. A mon avis, il n’y a pas un autre responsable de cette débâcle que lui. Avec lui, l’Algérie a carrément perdu son style de jeu. Les Fennecs ne jouaient pas comme ça. Avec lui, les joueurs étaient carrément perdus sur le terrain, ce qui n’est pas normal car pour une équipe comme l’Algérie qui renferme de grands joueurs, ça doit jouer au ballon. Pour l’Algérie, il faut un entraîneur qui maîtrise comme il se doit la communication, mais aussi un entraîneur qui peut donner à ce groupe un style de jeu. 
Mais les joueurs ne sont pas exempts de tout reproche lorsqu’on voit de grands noms comme Mahrez et Brahimi et qui n’ont rien pu faire…
Non, désolé, Mahrez a fait ce qu’il fallait faire. Face au Zimbabwe, c’est grâce à lui que vous avez fait match nul. Il a inscrit deux buts. Dans l’ensemble, les chiffres de Mahrez sont positifs puisqu’en trois matchs, il a marqué deux buts. Lorsque l’équipe passe à côté de la plaque, Mahrez ou d’autres joueurs ne peuvent rien faire. C’est tout un collectif qui n’a pas marché. Riyad Mahrez est un grand joueur et il n’est plus à présenter. Maintenant, lorsqu’il y a une faillite, c’est l’équipe qui paye. L’Algérie est passée à côté de cette CAN bien qu’elle ait été favorite et cela est dû à l’entraîneur qui était lui aussi à côté de la plaque. 
Ne pensez-vous pas qu’un joueur comme Mahrez était sous pression, du fait qu’il a été élu meilleur joueur de Premier League et Ballon d’Or africain ?
Non, je ne pense pas qu’il était sous pression. C’est un excellent joueur qui était bien préparé pour réaliser une très bonne CAN, mais il était très attendu. Tous les joueurs et notamment les défenseurs l’attendaient de pied ferme. Non, je ne pense pas qu’il y avait de la pression, mais il était surveillé. Mahrez est une valeur sûre. C’est un grand joueur qui a un énorme potentiel. Il a fait beaucoup de choses pour l’équipe d’Algérie et fera beaucoup de choses pour les Fennecs à l’avenir. 
Les éliminatoires de la Coupe du monde 2018 reprendront en septembre. Les Algériens auront par la suite le Cameroun, champion d’Afrique, comme adversaire. A votre avis, peuvent-ils créer l’exploit ?
Ecoutez ! Dans le football, tout peut se passer. L’équipe algérienne peut battre n’importe quelle équipe. Affronter une équipe du Cameroun champion d’Afrique fait peur, il faudra bien se préparer, mais l’Algérie peut se qualifier. Vous avez une équipe avec un potentiel vraiment exceptionnel. 
Même au Cameroun, vous pensez que l’Algérie peut gagner ? 
Pourquoi pas ? L’Algérie peut rivaliser avec n’importe quelle équipe au monde. Elle possède des joueurs de classe, je dirais mondiale. Après, un match se joue sur un terrain de football. Tout peut arriver. On n’est jamais à l’abri des surprises dans un match de football. C’est vrai, l’équipe algérienne sort d’un cuisant échec de cette CAN. Il faut vite remettre de l’ordre dans la maison et reprendre la vie normale. Ce n’est pas la fin du monde lorsqu’on sort de la compétition à l’issue du premier tour. Avec une bonne préparation, l’équipe algérienne pourra retrouver la joie de jouer et réaliser de bons résultats. 
En 2013, 2015 ou même 2017, l’Algérie a été le favori pour remporter la CAN, mais elle échoue toujours. A votre avis, pourquoi tous ces échecs ?
Sincèrement, je ne suis pas en mesure de vous répondre, mais ce qui est sûr, c’est que c’est un échec total, que ce soit pour le football algérien ou sénégalais. Pour ces deux équipes, ce n’est pas suffisant d’atteindre les quarts de finale. Maintenant, il faut aller de l’avant et réaliser de très bons résultats et surtout remporter la CAN pour donner de la joie aux deux peuples. Il faut trouver une solution à ce problème. Il faut se mettre autour d’une table pour trouver des solutions afin de savoir si le problème réside au niveau de la fédération, du staff technique ou même des joueurs. C’est comme ça qu’on trouve des solutions pour ensuite dire la vérité aux peuples des deux pays qui sont frustrés. 
Pouvez-vous nous commenter le ratage de Sadio Mané ?
Les grands joueurs ont déjà raté des penaltys. Moi qui vous parle, j’ai raté un penalty au cours d’une finale de Coupe d’Afrique des nations. Ce n’est pas un problème. Sadio est un grand joueur comme Riyad Mahrez. Maintenant, ils doivent tous les deux mener leurs équipes nationales à des consécrations et oublier la CAN-2017. 
Un dernier message aux Algériens ?
Je demande aux Algériens de rester derrière leur équipe. Ils ont un très bon groupe de joueurs qui peut réaliser de bons résultats. C’est vrai, la déception est immense, tout comme chez le peuple sénégalais, mais il faut vite s'en remettre. Ça ne sert à rien de continuer à penser au passé. Certes, la barre était placée très haut et on voulait gagner la CAN, mais le football est ainsi fait. 
 

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