Auteur :
Moumen Ait Kaci Ali
lundi 24 octobre 2016 22:21
Le sélectionneur de la Tunisie, Henri Kasperczak, se confie au Buteur et se livre sans aucune retenue sur ces retrouvailles entre l’Algérie et les Aigles de Carthage, en phase de groupe de la prochaine Coupe d’Afrique des nations qui aura lieu au Gabon en janvier 2017. Le Franco-Polonais, qui a roulé sa bosse un peu partout en Afrique, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Maroc, au Mali et même en Tunisie, estime que l’Algérie n’est plus à un adversaire méconnu, compte tenu de sa progression ces dernières années. Entretien !
Coach, on aimerait avoir votre avis sur le tirage au sort de la CAN-2017 ?
Je dirais que dans l’ensemble, c’est un bon tirage pour toutes les équipes engagées. Il ne faut pas se leurrer, les équipes africaines ont beaucoup progressé, donc le tirage est intéressant pour tout le monde.
Une réaction sur le groupe B qui comprend la Tunisie, le Zimbabwe, l’Algérie et le Sénégal ?
C’est un groupe assez difficile où tous les matches seront très serrés. Je pense que ça va se jouer sur de petits détails, le moindre point aura son pesant d’or. La différence se fera aussi lors du match Algérie-Tunisie qui est un derby et qui sera déterminant notamment sur le plan mental pour les deux équipes.
Ce derby maghrébin s’annonce comment pour vous ?
Le derby Tunisie-Algérie est quelque chose de spécial, c’est vraiment un match à part. Pour les deux nations, ça va être une motivation supplémentaire, même si jouer une CAN est déjà stimulant pour toutes les équipes. Ce derby a son un cachet spécial, car chaque équipe a envie de montrer sa suprématie sur la scène maghrébine et africaine, donc ça promet un match très disputé, comme toujours, il y aura beaucoup d’intensité et de suspense.
L’Algérie et la Tunisie sont donc les favoris du groupe ?
Je pense que les deux équipes ont grandi et présentent un collectif assez intéressant à voir jouer. Tactiquement, c’est vraiment impeccable et c’est vrai que cette équipe d’Algérie possède un léger avantage parce qu’elle a déjà disputé une Coupe du monde et une CAN la même année donc ils ont acquis une certaine expérience, contrairement à la Tunisie qui a raté le dernier Mondial au Brésil.
Un petit mot sur le Sénégal et le Zimbabwe ?
Je le redis encore une fois, il n’y a plus de petites équipes en Afrique. Personne n’a cru que le Nigeria a été éliminé de la CAN ! Donc voilà, Le Sénégal est capable de battre n’importe quelle équipe, c’est pareil pour le Zimbabwe, on doit s’y méfier. Ça va se jouer au niveau de l’état d’esprit, c’est ce qui compte dans une phase finale.
Vous suivez toujours le football algérien ?
Bien sûr, je connais bien le football algérien. Je connais les anciens joueurs qui ont fait la gloire de votre football et les nouveaux qui ne sont plus à présenter. J’ai eu d’ailleurs récemment l’occasion d’affronter cette équipe à deux reprises, lorsque j’étais sélectionneur du Mali.
Quelle impression gardez-vous de cette équipe ?
Je crois qu’elle n’a pas du tout changé, même si l’entraîneur Gourcuff n’est plus là. C’est une équipe individuellement très forte avec un collectif bien huilé. Pour moi, le football est un sport collectif et c’est là qu’on doit se méfier de l’Algérie. Les noms qui composent votre équipe sont d’un bon niveau mais c’est collectivement que cette équipe algérienne fait peur.
Slimani et Mahrez marchent fort, ce tandem est appréhendé par tous, vous le suivez aussi ?
C’est mon rôle de suivre les joueurs, que ce soit mes éléments ou les joueurs adverses. Je suis au courant de tout sur cette équipe d’Algérie et ses joueurs. Slimani et Mahrez marchent fort en Angleterre, Brahimi au Portugal, Boudebouz à Montpellier, mon ancien club. Donc voilà, comme tout les entraîneurs en exercice, je reste à l’écoute de tout ce qui se passe dans les championnats européens.
Certains disent que cette génération de l’Algérie est favorite pour le sacre final, qu’avez-vous à dire ?
Ecoutez, si vous posez cette question à tous les entraîneurs ou les présidents de fédération, ils vous diront qu’on ira au Gabon pour remporter la Coupe d’Afrique. Après, c’est vrai que l’Algérie possède un groupe qui est quand même ensemble depuis longtemps et qui a réalisé de très bons résultats. Cette équipe est aussi bien encadrée par des joueurs d’expérience qui évoluent dans de très grands clubs européens. Donc ma réponse est oui, on peut considérer l’Algérie comme le favori de cette prochaine CAN. Mais la Tunisie recèle aussi des qualités à faire valoir.
L’Algérie a été forcée au nul par le Cameroun dans ces éliminatoires CM 2018, l’entraineur est parti et on voudrait savoir si cela pourrait responsabiliser les joueurs à revenir avec un bon résultat du Nigeria?
Les matchs des éliminatoires de la Coupe du monde sont aussi très difficiles, surtout à l’extérieur, lorsqu’on connaît les difficultés des matchs pour les équipes maghrébines en Afrique. Après, vous savez que le temps de préparation de ce match au Nigeria est très court, donc je crois que c’est le match des joueurs et ils n’ont qu’à bien assumer leurs responsabilités.
Que pensez-vous du départ de Rajevac ?
Rajevac n’a pas eu le temps de montrer ce qu’il sait faire, sa période à la tête de l’Equipe nationale aura été de courte durée. Vous savez qu’en Afrique, la réussite d’un entraîneur dépend des résultats. Donc voilà, il n’avait pas assez de temps pour faire des résultats. Et je pense que le semi-échec face au Cameroun a précipité son départ.
Vu votre vécu en Afrique, comment expliquer le début de l’Algérie dans ces éliminatoires face au Cameroun ?
Ce résultat face au Cameroun est peut-être dû à une mauvaise préparation d’avant-match mais je pense que les joueurs y sont aussi pour quelque chose, parce que c’est eux qui sont sur le terrain. Mais bon, il faut toujours trouver une victime, c’est bien sûr l’entraîneur (rires). Je pense qu’ils n’ont peut-être pas pris ce match au sérieux. Est-ce qu’ils étaient tous en forme ? Est-ce qu’ils n’ont pas manqué de concentration et d’efficacité ? Voilà, c’est à toutes ces questions que justement les joueurs doivent trouver des réponses, en prévision du match face au Nigeria.
La FAF est entrée en contact avec Wilmots et Courbis pour mener peut-être cette équipe au succès face au Nigeria. Croyez-vous qu’il est nécessaire de faire ce voyage avec un coach sur le banc ?
Il est clair que la présence de l’entraîneur en chef donne plus de sérénité et de confiance à une équipe dans un match comme ça. Après, je ne sais pas si vous avez concrétisé ou pas avec le nouveau sélectionneur. Courbis ou Wilmots, c’est pareil, il s’agit de deux coachs qui ont beaucoup d’expérience. Pour le match du Nigeria, ils peuvent apporter leur soutien moral et seront précieux dans le discours et les consignes tactiques d’avant-match. Une chose est sûre, ces deux-là sont assez performants pour mener l’Algérie le plus loin possible lors de la CAN- 2017.
Vous avez roulé votre bosse un peu partout en Afrique, est-il vrai que le joueur maghrébin a besoin d’un entraîneur qui a de la de poigne pour jouer sur sa vraie valeur en sélection ?
Non, partout c’est pareil, dans toutes les équipes vous trouvez des joueurs avec des caractères difficiles et d’autres faciles à gérer. Donc voilà, tout est dans la gestion du groupe. La dynamique d’une équipe est très importante et surtout miser sur des joueurs qui sont compétitifs et qui peuvent répondre aux exigences de la compétition. Concernant la discipline, c’est tout le monde qui doit jouer le jeu, un joueur professionnel doit avoir un comportement positif dans toutes les situations. L’important, c’est que lorsqu’on est appelé à jouer, il faut le faire avec beaucoup de joie et de sacrifices pour le pays.
Un dernier mot au peuple algérien ?
Je leur dis bonne chance, j’espère que la Tunisie et l’Algérie iront ensemble le plus loin possible dans cette CAN-2017.