Lakhdar Belloumi:
L'Algérie lui doit ses plus belles heures de gloire et de fierté. Avec près de 150 capes de la fin des années 70 à la fin des années 80, Lakhdar Belloumi a été une des grandes figures de la sélection algérienne qui a émergé au sommet à cette époque. Quart de finaliste des Jeux de Moscou (avec la fameuse victoire 5-1 au Maroc lors des qualifications pour les J.O., point de départ de cette génération dorée) l'Algérie illumine surtout la Coupe du monde 1982 en battant l'Allemagne (2-1) au premier tour. Un des plus retentissants exploits de l'histoire de l'épreuve. Ce jour-là, Belloumi signe le deuxième but, celui de la victoire.
Performance qui lui vaut notamment de figurer dans l'équipe du reste du monde qui affronte une sélection européenne à New York lors d'un match de gala, juste après le Mondial. Au cours de ce match, il marque un but à Dino Zoff. Sacré Ballon d'Or africain l'année précédente, en 1981, le natif de Mascara est alors au sommet de son art. Son grand regret? Ne jamais avoir remporté la Coupe d'Afrique des Nations. Il n'aura jamais évolué en Europe non plus. Après la Coupe du monde 1982, le PSG, Saint-Etienne, Séville et même le Barça veulent le recruter. Mais la loi, stricte, interdit à tout joueur de moins de 28 ans de quitter le pays sans une autorisation présidentielle. La loi changera en 1984. Mais quand il aura la possibilité de partir, une grave blessure l'en empêchera. Reste que Lakhdar Belloumi a marqué durablement le football algérien et africain. Et si Madjer a sa talonnade, Belloumi, lui, reste le dépositaire d'un autre geste bien connu: la passe aveugle, dont il était le maitre.
Rachid Yekini
Yekini, c'est d'abord une image. Forte, indélébile. Dallas, 1994. Le Nigeria corrige la Bulgarie (3-0). Rashidi Yekini hurle sa joie, accroché aux filets du but adverse. Il venait d'inscrire le tout premier but de son pays en phase finale de Coupe du monde. On le disait asocial, solitaire à l'extrême, et bouffé par de terribles angoisses. Elles ont fini par l'emporter. Yekini est mort à 48 ans, en mai 2012. Une vie de gloire achevée dans la misère. Surpuissant avec son cou de taureau, il reste une légende du football nigerian, le dieu d'une sélection où il a constamment brillé, inscrivant 37 buts en 58 matches, avec deux titres de meilleur buteur de la CAN en 1992 et 1994. Sa carrière en club fut moins brillante, même s'il carburait à près d'un but par match au Vitoria Setubal. Mais les grands clubs européens ne lui ont jamais ouvert ses portes.
Houssam Hassan
Grande figure du football égyptien. Longtemps recordman des sélections, il a évolué sous le maillot national jusqu'à l'âge de 42 ans, durant plus de deux décennies ! Auteur de 83 buts avec l'Egypte (en 170 sélections), Hossam Hassan possède un palmarès hors normes, avec notamment trois victoires en Coupe d'Afrique des Nations, la dernière en 2006, à 39 ans. Comme un symbole, lors de sa première cape, en 1985, il avait remplacé à quelques secondes du terme l'autre légende des Pharaons, Mahmoud El-Khatib. Il était un des piliers de son équipe nationale lorsque celle-ci prit part à la phase finale de la Coupe du monde 1990. Placée dans un groupe redoutable, avec les Pays-Bas, l'Angleterre et l'Eire, l'Egypte n'avait pas réussi à franchir le premier tour mais elle n'avait pas perdu un seul match. Un véritable exploit.
C'est lui qui avait offert à l'Egypte sa place en Italie en inscrivant le but de la qualification contre l'Algérie. Un peu frustre techniquement, Hassan, monstre de détermination et leader né, compensait par son engagement féroce et son sens du but. A l'exception de deux saison en Europe (au PAOK Salonique et Neuchâtel) dans la foulée du Mondial 1990, Hossam Hassan a passé l'intégralité de sa carrière au pays. Il a notamment remporté 14 titres de champion d'Egypte (!) et la Ligue des champions d'Afrique. Sélections et clubs réunis, il affiche un des plus grands palmarès de l'histoire du football africain. Eminemment populaire, il a pourtant failli payer très cher, avec son frère Ibrahim, son soutien au président Moubarak il y a deux ans.
Badou Zaki
Un des plus grands gardiens africains de l'histoire. Si la CAN lui a laissé un parfum d'inachevé, avec trois défaites en demi-finale, la Coupe du monde lui a donné définitivement ses lettres de noblesse. En 1986, le Maroc, dont Zaki est le capitaine, réussit l'exploit de s'extirper d'un groupe où figuraient l'Angleterre, le Portugal et la Pologne, en terminant à la première place. Pour la première fois, un pays africain franchissait le premier tour du Mondial. Le Maroc s'inclinera en huitièmes face à la R.F.A., après prolongation. Zaki évolue lors de cette Coupe du monde à un niveau exceptionnel, ce qui lui vaudra le Ballon d'Or africain cette année-là, et un transfert au Real Majorque, où il restera six ans. En 1990, il est notamment élu meilleur gardien de la Liga.
Rachid Mekhloufi
L'enfant de Sétif, qui a porté les couleurs de l'équipe de France puis celles de l'équipe d'Algérie, lorsque celle-ci a acquis son indépendance. Entre les deux, il fut membre de l'équipe du FLN. La carrière de ce formidable attaquant a épousé l'époque troublée de la guerre d'Algérie. Sa carrière s'en est trouvée bouleversée. Sous l'égide de Jean Snella, il a contribué au tout premier titre de champion de France de l'AS Saint-Etienne, en 1957. Il reviendra chez les Verts dans les années 60, pour conquérir trois nouvelles couronnes nationales, devenant une des figures emblématiques du club du Forez. Il fut également champion du monde militaire en 1957, sous le maillot bleu. Et sans son retour au pays, il aurait probablement été sélectionné pour la Coupe du monde 1958. Mais son destin était ailleurs. Avec l'équipe du FLN, forte d'une trentaine de membres, il dispute près de 80 matches en quatre ans. Un sacrifice à la fois sportif et financier pour ceux qui, comme lui, avaient une carrière assurée dans l'Hexagone. Mais avant 1958 et après 1962, la France, et Saint-Etienne, surtout, a eu l'occasion d'admirer ses talents.
Pierre Kalala
Pierre Kalala Mukendi a été le plus grand joueur africain de sa génération. Attaquant au gabarit gigantesque (1,85m, plus de 90 kilos du temps de sa splendeur), il a connu son apogée dans la seconde partie des années 60, aussi bien avec son club, le Tout Puissant Mazembé (Tout Puissant Engelbert à l'époque), qu'avec la sélection congolaise. Deux années de gloire (1967 et 1968) suffiront à l'ancrer définitivement dans le livre d'or du football africain. Kalala remporte deux saisons de suite la Coupe d'Afrique des clubs champions avec le TPM. Puis, en 1968, il porte pour la première (et unique à ce jour) fois le football congolais au sommet de l'Afrique lors de la CAN. Il en devient le héros incontournable en inscrivant l'unique but de la finale contre le Ghana. Il mit un terme à sa carrière à 35 ans, en 1974, en ayant effectué toute sa carrière dans son pays. Les transferts vers l'Europe étaient rares à l'époque. Mais Kalala aurait largement eu les moyens de s'imposer dans les grands clubs du Vieux Continent.
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