Interview

Yaya Touré : «Je n’ai sans doute pas terminé d’écrire mon histoire avec City »

Considéré comme l’un des meilleurs milieux de terrain au monde,Yaya Touré, devenu un véritable pilier des Skyblues s'est exprimé sur les critiques dont il fait actuellement l'objet, le racisme dans le football, la situation du football africain….

Auteur : dimanche 02 novembre 2014 17:59

Yaya, les critiques à votre égard existent depuis le début de saison. Comment les expliquez-vous et comment jugez-vous votre début de saison jusque-là ?

C’est vrai que certains d’entre vous, médias, n’avez pas été très tendres envers moi depuis un certain temps, mais ça s’explique facilement. Quand on compare ma fin de saison dernière au début de celle-ci, on pourrait penser que je suis moins performant. J’essaie de faire mieux à chaque match, c’est pour moi le rythme des grands joueurs, et d’ici la fin de saison je serai au moins aussi bon qu’à la fin de la saison dernière, inch’Allah (si Dieu le veut, NDLR).

De nombreuses informations sortent à propos de vos prestations, étayées par des statistiques montrant que vous êtes a priori moins performant. Êtes-vous marqué et peiné par ces critiques actuelles ?

Nous vivons un début de saison un peu difficile, mais que je ne juge toutefois pas catastrophique. Quand on est champions d’Angleterre, on attend beaucoup plus de vous par rapport aux clubs ayant fini en milieu de tableau. La vérité, c’est qu’on ne gagne pas autant qu’en début de saison dernière et pour une raison ou une autre les médias ont tendance à reposer tout le poids de ces défaites sur ma personne. Est-ce que mes statistiques sont mauvaises ? Je n’en suis pas sûr, et je rappelle que je reste un milieu de terrain. Est-ce moi qui suis en baisse de forme ? Comme je l’ai dit, j’essaie de faire mieux à chaque match parce que mon baromètre ce sont les fans, pas tous ces spécialistes du dimanche qui nous font des analyses souvent indignes de professionnels.

Vous êtes un cadre de City, club au sein duquel vous avez tout prouvé. Comment expliquez-vous les remarques désobligeantes dont vous faîtes l’objet ?

Vous savez, aujourd’hui, tout le monde est devenu expert en football. Il n’est pas l’heure de faire mon bilan avec City car je n’ai sans doute pas terminé d’écrire mon histoire avec ce club. Pour vous, j’ai tout prouvé, pour certains il semble que je n’en ai pas encore fait assez. D’après certains journaux, je dois même encore faire mes preuves, mériter ma place ! Je suis milieu défensif et, aujourd’hui, on me reproche de ne pas marquer assez de buts. Hier, on me reprochait de ne pas assez défendre... Allez savoir pourquoi.

Est-ce une source de motivation pour vous, de prouver sur le terrain que les critiques sont totalement erronées et faire ainsi taire les détracteurs ?

Comme je l’ai dit, mon baromètre ce ne sont pas les critiques ou les gens qui volontairement s’adonnent à des critiques non objectives sur mon compte. Ils font même fi de mes titres de champion d’Europe avec le Barça, mes performances de meilleur buteur l’année dernière avec City... Mon baromètre, ce sont les fans ! Ils sont la seule raison pour laquelle je continue de me donner.

En Ligue des Champions, le parcours est compliqué pour Man City. Comment expliquez-vous les difficultés du club à faire un grand coup en Europe depuis maintenant plusieurs années, malgré un effectif exceptionnel ?

En effet, j’entame ma cinquième saison avec City, cinq saisons pleines de challenges que nous avons réussi à relever pour la plupart grâce au travail de tous. City est aujourd’hui un club qui a sa place sur la scène européenne si nous arrivons à réunir tous les ingrédients. Le challenge qu’il nous reste à relever est le challenge européen, et l’un de mes regrets en tant que pilier de ce club serait de le quitter sans apporter un titre continental à nos fans qui le méritent vraiment.

Que pensez-vous par ailleurs de Sergio Agüero, dont les statistiques sont ahurissantes ? Pochettino le décrit comme meilleur que Messi et Cristiano. Vous qui avez aussi joué avec Messi, qu’en pensez-vous ?

Sergio est un buteur fantastique, le pire cauchemar des défenseurs anglais à mon avis (rires). Le meilleur entre Messi et Sergio ? C’est une question argentino-argentine, il faudrait demander l’avis de Zabaleta (rires).

La plupart des sélections africaines engagées dans le dernier Mondial n’ont pas vraiment répondu aux attentes. Comment l’expliquez-vous ?

La difficulté des équipes africaines est basée sur le fait que nous n’avons pas un championnat dynamique sur le continent. En Coupe du Monde, nous nous retrouvons face à des sélections dont la plupart des joueurs évoluent dans de grands clubs en Amérique ou en Europe. Les sélections africaines sont composées de quelques joueurs de classe mondiale seulement. Comparons l’équipe d’Argentine au Ghana ou la Hollande au Nigeria : difficile de faire le poids. Il est important pour l’Afrique de développer notre championnat, de le rendre plus dynamique.

Vous disiez en avril dernier que le fait d’être africain ne joue pas en votre faveur en termes de reconnaissance, que ce soit au niveau des médias ou des récompenses. Là encore, comment expliquez-vous que vous puissiez ressentir une telle forme de discrimination ?

Je pense que c’est dommage qu’en 2014 la FIFA se voit obligée de fermer des stades à cause du racisme. À mon avis, le racisme est un problème d’éducation. Au-delà des punitions, il est important d’éduquer les gens, de leur apprendre la tolérance et le respect des autres. Voir au-delà des différences, surtout que le football est universel. Je pense que nous devons être la voix des sans voix, avec l’aide de nos institutions pour promouvoir la tolérance.

Vous sentez-vous quelque part investi d’une mission supplémentaire, celle de représenter le foot africain, les Africains, et porter haut les couleurs du continent en dépit des discriminations qui peuvent exister ?

Bien entendu ! Il est important de donner une voix aux sans voix. Quand je parle de discrimination, je ne parle pas seulement en mon nom mais au nom de tous ceux qui me font part de leurs difficultés au quotidien à cause de leurs origines ou leurs différences, et pas seulement dans le milieu footballistique. Il est plus qu’important pour moi de représenter positivement l’Afrique, un continent plein de richesses, comme l’ont fait avant moi des légendes comme Abedi Pélé, George Weah ou Salif Keita. Ils nous ont montré le bon exemple, à nous de le suivre.

Pensez-vous que, au-delà de vous, des footballeurs africains pourront prétendre à figurer haut dans la course au Ballon d’Or ? Des Brahimi, Feghouli, Bony et autres peuvent-ils avoir cette reconnaissance à l’avenir selon vous ?

Je suis persuadé qu’après moi, les jeunes frères continueront de faire la fierté du continent. Quand j’arrive en sélection, je suis entouré de nombreux jeunes joueurs pleins de potentiel, j’ai vraiment foi en eux. Je suis de près la progression des jeunes africains, en particulier les Ivoiriens bien entendu, tous les week-ends, et je suis très fier d’eux. Bony fait le bonheur de Swansea City avec déjà 4 buts en championnat, Doumbia lui a marqué en Champions League contre nous, même si on aurait pu s’en passer (rires). Gervinho brille avec l’AS Roma... Il y en a encore beaucoup d’autres... Sakho, du Sénégal, a été notre bourreau avec West Ham. Je pense que l’avenir est assuré.

                                                                                            IN Footmercato.net

Publié dans : yaya touré Man City

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