Sortant d’un match plein malgré la défaite de son équipe lors du derby de la Madonnina contre l’Inter Milan, le milieu de terrain algérien du Milan AC, Ismaël Bennacer, revient en exclusivité au Buteur sur cette soirée vécue au San Siro devant plus de 85 000 supporteurs. L’ancien joueur d’Arsenal nous parle aussi des ambitions du sélectionneur national Djamel Belmadi en cas de qualification en Coupe du monde 2022 qu’il juge du reste légitimes. Bennacer, toujours aussi précis dans ses réponses, évoque l’arrivée et l’apport important de Zlatan Ibrahimovic dans sa progression et celle du club milanais. Bien sûr, Ismaël nous livre avec plaisir ses impressions sur le groupe de l’Algérie dans ces éliminatoires qualificatives au prochain Mondial qui aura lieu au Qatar en hiver 2022.
Ismaël, vous avez été l’une des grandes révélations du Milan AC cette saison, on voudrait avoir votre avis sur votre match sorti lors du derby joué contre l’Inter Milan ?
Je dois dire que comme je n’avais pas pris part au match d’avant pour cause de suspension, j’ai manqué un peu de rythme au début, car je suis un joueur qui habituellement enchaîne les matchs pratiquement chaque quatre ou cinq jours, après, Hamdoulillah, c’était une rencontre avec une grande intensité. On a pu le vérifier par rapport au déroulement et au résultat de cette empoignade. Maintenant, on n’a pas trop le temps de gamberger, un autre grand rendez-vous nous attend.
Sur le plan personnel, d’aucuns estiment que vous avez été l’une des rares satisfactions du Milan dans ce match. Votre réaction ?
C’était mon premier grand derby, on va dire de ma carrière, et je dirai que sur le plan personnel, je pense que ça s’est plutôt bien passé avec pas mal de kilomètres parcourus et plein de choses positives à perfectionner bien sûr. Dommage, il y a une défaite au bout mais bon il va falloir tirer au clair tout cela et rectifier le tir. Après, il y avait aussi plus de 80 000 supporteurs au San Siro, c’était exceptionnel.
Sur le plan émotionnel, c’était le premier grand moment de votre jeune carrière, après peut-être la finale de la CAN 2019 gagnée l’été dernier avec la sélection dans un stade plein…
On va dire qu’il y avait des matchs cette année où c’était plein aussi mais là pour le derby, c’est spécial. Le stade était plein à craquer, ça n’arrêtait pas de chanter, l’ambiance est vraiment incroyable. C’est fabuleux de vivre et de jouer un tel match. Je dirai que depuis la finale de la CAN, c’est le match le plus important que j’ai joué.
Du coup, après Albertini et Pirlo qui ont parlé de votre talent avant le match, c’était au tour des grandes légendes du football italien comme Bergomi et Tassotti d’évoquer votre importance dans l’équipe milanaise. Un commentaire ?
C’est toujours encourageant d’entendre des légendes du football évoquer tes qualités. C’est aussi bien que ces éloges proviennent des anciennes légendes de l’Inter Milan comme Bergomi et aussi Tassotti qui fait partie de la grande époque du Milan AC. Après, comme je l’ai dit, au Milan AC, il faut bien digérer la pression qu’on peut ressentir quand on joue pour un géant ensuite bien se concentrer pour se montrer à la hauteur de ce club légendaire.
Et qu’est-ce que cela vous fait ?
Ça me fait chaud au cœur, cela signifie que le sérieux et le travail accomplis jusqu’ici sont reconnus. On va dire que tout le monde est d’accord que je suis en progression et sur le droit chemin avec le Milan AC. Ça me donne envie de continuer à bosser et améliorer mes qualités pour démontrer ce que je sais faire et apporter à cette équipe milanaise. Avec Pioli ça se passe très bien depuis qu’il est là, vous arrivez à enchaîner les bonnes performances.
Comment vous vous sentez ?
Très bien, l’entraîneur Pioli a ramené de la sérénité dans notre jeu et les résultats ont suivi malgré ce revers contre l’Inter. Il n’est plus à présenter en Italie. Sa qualité de te mettre en confiance pour donner le maximum sur le terrain est très connue.
Vous jouez dans un nouveau rôle, parlez-nous un petit peu de votre positionnement sur le terrain avec Pioli ?
Je suis toujours dans un rôle plutôt défensif. Je suis aligné souvent avec mon ami Kessier, on joue tous les deux au milieu du terrain. Pour le moment, ça se passe très bien, on est complémentaires, on essaye d’apporter notre aide à l’équipe. Bien entendu, je travaille et j’apprends car je sais qu’il me reste encore beaucoup de trucs à revoir et acquérir. En Italie, on apprend tout le temps. Chaque entraînement est une nouvelle leçon tactique pour un joueur qui débarque en Serie A.
Ibrahimovic arrive cet hiver et les résultats ont aussi suivi. Vous avez vu des grands joueurs à Arsenal. Ibra est exceptionnel, n’est-ce pas ?
Oui, bien sûr, avec des grandes stars comme Ibra, on ne peut que progresser dans le football. Malgré la carrière qu’il a faite et les titres qu’il a gagnés, il a toujours faim, il cherche toujours à nous montrer la voie en donnant le maximum. Comment vous le trouvez en tant qu’équipier ? Il est très exigeant que ce soit à l’entraînement ou pendant le match, c’est très important pour le groupe. Pour un jeune comme moi, m’entraîner ou jouer avec lui est une chance inespérée pour apprendre et progresser rapidement. Franchement, sa présence avec nous m’aide énormément.
Il vous aide beaucoup à l’entraînement pour progresser, c’est bien cela ?
Exactement, il me parle beaucoup, c’est quelqu’un de très modeste, il nous conseille et nous pousse à tout donner. Après, ce n’est pas le joueur qui vient te dire tu as été le meilleur, il sait comment nous encourager et nous rendre service. Passons au groupe des Verts dans ces éliminatoires CM 2022. Quelle est votre impression sur cette poule composée du Niger, du Burkina Faso et du Djibouti? Vous savez, mon impression n’aurait pas changé quoi qu’il arrive. Je veux dire que quelle que soit la nature des adversaires dans le groupe, je garderai la même motivation et on jouera avec la même détermination lors des matchs des éliminatoires.
Les observateurs s’accordent à dire que ce sont des adversaires à la portée de la sélection, mais vous ne croyez pas qu’il faut se méfier quand même des petits poucets?
Je peux être d’accord surtout que l’Afrique nous a appris qu’un match n’est jamais gagné d’avance notamment à l’extérieur avec les conditions climatiques très spéciales là-bas. Il faudra donc toujours faire le travail et nous battre pour accrocher le résultat souhaité. Donc que ce soit contre le Niger, le Djibouti ou le Burkina, il faudra tout donner et même plus pour se qualifier puisque le Mondial est un objectif et un rêve que tout joueur professionnel souhaite disputer.
Il faudra peut-être aussi s’attendre à une bagarre face au Burkina Faso. Êtes-vous de cet avis ?
Oui, sans diminuer du danger des autres sélections, le Burkina Faso est une belle équipe. Inch’Allah on va bien étudier nos adversaires avec le staff technique et le coach Belmadi comme on a l’habitude de le faire et on fera en sorte de tout donner pour gagner et nous qualifier.
Djamel Belmadi a été très clair, si on se qualifie pour cette Coupe du monde qui se jouera à Doha, on va aller jouer toutes nos chances là-bas et pourquoi pas aller en finale. D’où provient cette confiance ?
Bien sûr, on est des professionnels, on n’entre jamais sur un terrain de football pour perdre. Ce message, on l’a entendu et compris, on adhère tous à l’état d’esprit instauré par Belmadi. Après, si le coach le dit, c’est qu’il sait de quoi on est capables. Après, Belmadi est surtout un grand coach, il sait de quoi il parle. Dans le football, rien n’est impossible. On l’a vu à la CAN. On n’a pas donné cher de notre peau mais le résultat on le connaît tous. Du coup, il faut viser plus haut pour ne rien regretter. Maintenant, on sait aussi qu’il va falloir être très costauds pour assurer notre qualification, Inch’Allah. Ensuite on verra.
Le public algérien est supporteur de Manchester City pour Mahrez mais aussi de tradition fan du Milan AC. Qu’avez-vous à leur dire maintenant qu’ils sont à cent pour cent Milanais pour vous, Isma ?
(Rires) Je les remercie d’être toujours là derrière nous. C’est mon peuple, ce sont nos supporteurs, je joue pour eux aussi, pour les rendre fiers. Il n’y a pas plus beau que d’avoir la reconnaissance de son peuple. Inch’Allah, je continuerai à faire mon possible pour eux et pour tous ceux qui m’entourent.
Entretien réalisé par Moumen Aït Kaci Ali
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Blanc : Ibra
BENNACER