Auteur :
Moumen Aït Kaci Ali
lundi 24 octobre 2016 01:06
Madjid, l’Algérie vient d’hériter de la Tunisie, du Sénégal et du Zimbabwe dans ce premier tour de la CAN-2017, une lecture sur ce groupe ?
Ça me fait penser un peu au tirage de la CAN-2015 où on était tombés sur un groupe assez relevé, avec la présence notamment du Sénégal et du Ghana. Donc voilà, c’est un groupe très difficile pour tout le monde. Il faut se dire que dans une phase finale d’une Coupe d’Afrique, il y a toujours de grandes équipes présentes avec des outsiders qui viennent jouer un peu les trouble fêtes.
Quel sera notre plus grand danger dans ce groupe ?
Pour moi, le plus coriace adversaire sera la Tunisie, parce que vous savez bien qu’on a toujours eu des difficultés face à nos voisins tunisiens, cette fois ça va être encore le cas lorsqu’on sait que cette équipe referme de très bons joueurs. Et puis, il ne faut pas se le cacher, on a toujours eu des difficultés à les battre. Il ne faut pas oublier que la dernière fois qu’on les avait affrontés en match officiel, on avait perdu en 2013, un but à zéro. Donc je pense que c’est le match qu’il faut gagner pour prendre plus de confiance pour la suite.
Vous voulez parler de l’importance de gagner ce derby…
Voilà, c’est toujours stimulant pour la suite car on ressent une énorme confiance lorsqu’on gagne un derby. Je crois aussi que le fait d’avoir eu la Tunisie dans le groupe va motiver encore plus nos joueurs dans cette CAN. C’est une équipe à prendre au sérieux, comme le Zimbabwe et le Sénégal surtout.
Justement, les Sénégalais parlent d’une finale comme en 2015 et évoquent déjà un désir de revanche…
(Rires) C’est normal, ils ont raison, mais le problème avec le Sénégal, c’est qu’on ne sait jamais quand est ce qu’ils vont se réveiller parce que croyez-moi, si cette équipe arrive à jouer sur sa véritable valeur, elle va exploser et créer de gros problèmes à ses adversaires. Cela fait plusieurs années que le Sénégal attend une telle génération de grands joueurs. Ils ont bien commencé les éliminatoires de la Coupe du monde et je dois rappeler qu’en 2015, c’était vraiment difficile. On avait, certes, gagné deux buts à zéro mais on avait souffert, il faudra faire très attention à eux.
La clé de la réussite, selon vous ?
Il n’y a pas de miracle, dans une phase finale, la solidarité sur et en dehors du terrain constituera la clé de la réussite. Il faut se donner à fond et se battre tous ensemble pour un seul objectif. Je dirais que le seul problème de l’Equipe nationale, c’est elle-même. En tout cas moi, je suis très confiant pour cette équipe qui a beaucoup d’avenir.
Le faux pas face au Cameroun semble avoir laissé naître un doute dans ce groupe, est-ce votre avis ?
Oui et non ! L’avenir nous le dira, mais vu mon expérience, je peux vous dire que dos au mur, notre équipe a toujours bien su réagir. Rappelez-vous lors de la CAN-2010, on avait été balayés par le Malawi trois buts à zéro, mais cela ne nous pas empêchés de nous réveiller. En 2014, on avait perdu contre la Belgique et nous avons par la suite bien réagi. En 2015, on se rachète bien après le match du Ghana et là, on a de bonnes leçons à tirer, avant le match du Nigeria.
Après tout ce qui s’est passé, le départ du coach Rajevac, le résultat nul à la maison, un bon résultat est-il possible au Nigeria ?
C’est vrai que notre équipe manque d’expérience dans l’échec. Si on regarde les statistiques, notre sélection a connu beaucoup de résultats positifs, elle ne perd presque jamais. J’ai pu connaître quatre ans de défaites et 4 ans de réussite, et c’est dans la défaite que j’ai beaucoup appris. Après, on n’est pas parfaits, c’est vrai qu’on peut passer à côté, mais il ne faut jamais tout remettre en cause pour ne pas dire être ingrats. En tout cas, je sais que la majorité des Algériens connaissent bien le football et supportent notre Equipe nationale et beaucoup d’entre eux savent faire la part des choses.
Le président de la FAF a pris ses responsabilités en appelant à cesser de critiquer les joueurs, selon vous, cela peut-il influer sur le mental des joueurs entre guillemets émigrés ?
(Rires) Franchement, Wallah que ça me fait rire et ça me rend aussi triste parce que si en France on est rejetés et qu’en Algérie, notre pays, on commence à nous dénigrer, on va aller où ? Non, mais sérieusement, on va aller où ? Je vais vous donner un exemple très simple et normalement je ne devrais pas trop m’étaler là-dessus parce que je trouve que c’est un faux débat. Imaginez des parents qui sont nés en Algérie avec un enfant qui est lui aussi né en Algérie, d’accord. Cette famille immigre en France pour travailler et par la suite, un autre enfant naît là-bas. Peut-on dire demain que le premier enfant est plus qu’Algérien que le second ? Il n’a pas de sang algérien ? Arrêtez ces faux débats, c’est insensé, on est tous des Algériens. Entre 2004 et 2008, lorsqu’on perdait, on parlait de ces problèmes d’émigrés et locaux mais comme par hasard, quand a commencé à obtenir des résultats, on n’en parlait plus. C’est incroyable tout ça, non ? Rappelez-vous après notre qualification en 2010, toute la France a été envahie par une marée humaine d’émigrés qui ont défilé et fêté la victoire des Verts, c’était le cas en Algérie et partout. Donc arrêtez s’il vous plaît, on a tous du sang algérien, on est algériens et on le restera jusqu’à la mort. Demain, s’il y a un souci pour le pays, on sera tous mobilisés pour le résoudre.
On évoque votre nom, ceux de Ziani et Yahia pour montrer la voie du nationalisme aux jeunes…
(Il nous coupe) Non, surtout pas, personne n’est plus algérien qu’un autre. Mon éducation et ma philosophie de la vie ne me permettent pas de me vanter d’être plus nationaliste que les autres. Je veux qu’on me cite comme un exemple à suivre dans mon domaine, c’est-à-dire dans le football, mais dire qu’on est plus nationaliste que cette génération ou celle qui nous a précédés ne me réjouit pas. Vous savez, quand j’entends certains dire que j’ai donné ceci ou cela pour l’Algérie, je suis révolté, parce qu’en réalité, c’est notre pays qui nous a donné la chance de porter les couleurs de notre nation et d’honorer le drapeau.
Un dernier conseil aux joueurs qui s’apprêtent à jouer gros au Nigeria, le 12 novembre prochain ?
Je pense qu’il y a eu une rumeur qui a circulé ou bien un malentendu qui s’est produit mais il va falloir serrer les rangs et se concentrer sur le prochain match. L’ancienne génération nous a fait vibrer, en 2010 on a fait vibrer les Algériens, en 2014, c’est pareil, donc il faut arrêter. On est tous égaux entre Algériens, il n’y a aucun souci à se faire.
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