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mercredi 09 juillet 2014 02:36
Il était minuit lorsque nous nous sommes présentés au chalet numéro 8A, celui où se trouvait le capitaine Ali Rial et le portier Azzedine Doukha, avec qui on avait pris rendez-vous après le f’tour. Et c’est avec gentillesse que la nouvelle recrue kabyle a accepté de répondre à nos questions. En nous retraçant toute sa carrière, Doukha s’est longuement étalé sur son expérience avec l’USMH, le club qui l’a le plus marqué. Il nous révèle en exclusivité les dessous de certains conflits avec les dirigeants auxquels il a dû faire face. Et ce n’est pas tout, puisque le portier kabyle a aussi levé le voile sur sa mise à l’écart de la sélection, la veille du départ pour le Brésil. Doukha a choisi les colonnes du Buteur pour dévoiler pour la première fois ce qui s’est réellement dit entre lui et le sélectionneur national Halilhodzic ainsi que le président de la fédération, Mohamed Raouraoua. La discussion était tellement empreinte de simplicité et de sincérité que nous n’avons pas vu passer le temps.
Dans un premier temps, parlez-nous de votre venue à la JSK et ce qui vous a le plus motivé à opter pour ce club…
Je dirais que mon histoire avec la JSK n’est pas nouvelle pour moi, car à la fin de chaque saison sportive, je rencontre les dirigeants de ce club, mais je ne concrétise pas pour une raison ou une autre. Cette fois, c’est fait. Je suis là et je suis très heureux d’appartenir à ce grand club. Quant à ce qui m’a le plus motivé pour venir, c’est le projet sportif qui m’a été proposé.
La participation de la JSK à la Ligue des champions était-elle pour quelque chose dans ce choix ?
Oui, je le pense. Jouer la Ligue des champions est l’objectif de chaque joueur ambitieux. Je ne vous cache pas que lors des négociations avec Yarichène, je n’ai pas parlé d’argent. J’avais demandé, d'abord, quelles étaient les intentions des dirigeants pour la nouvelle saison. D’ailleurs, Yarichène était surpris par ma demande, puisque les joueurs avaient tendance à débuter les négociations par l’aspect financier.
Y a-t-il des gens qui vous ont persuadé d'opter pour la JSK ?
Beaucoup de personnes l’ont fait, mais celui qui m’a le plus convaincu, c'est le portier Samir Hadjaoui. C’est un gardien talentueux que j’ai connu lorsque j’étais à Chlef. Il m’a fait savoir que la JSK est le club qui me conviendrait le mieux. Personnellement, son discours m’a beaucoup soulagé et je l'en remercie.
En entamant les entraînements avec votre nouvelle formation, sentez-vous réellement que vous avez fait le bon choix ?
Je ne vous cache pas qu’avant même de signer mon contrat, j’étais convaincu que j’avais fait le bon choix en venant ici. Chose que j’ai confirmé aujourd’hui. Nous avons un groupe magnifique composé de jeunes joueurs, et l’ambiance me plait énormément. Personnellement, je suis très satisfait.
Votre départ d’El Harrach a suscité une grande colère chez les supporters harrachis qui ont accablé la direction. Parlez-nous cette décision que vous avez prise en fin de saison ?
J’ai passé 4 saisons à El Harrach et c’est là-bas que j’ai connu mes meilleurs moments, notamment ma sélection en équipe nationale. Mais comme je l’ai toujours dit, nous n’étions pas un club professionnel au sens propre du mot. J'avais un problème avec la direction et non pas les supporters. Aujourd’hui, le public harrachi connait les raisons de mon départ, et ce n’est plus un secret pour personne.
En toute franchise, la décision de quitter El Harrach a été prise avant ou après la fin de saison ?
J’ai pris ma décision en fin de saison, car la direction s’est montrée impuissante face à mes exigences. En signant à la JSK, personne au sein de la direction n’a été surpris.
Quelle a été votre condition pour rester au club ?
Ma première condition était que l’ensemble des joueurs soient régularisés jusqu’au dernier centime. Je trouve que c’est anormal qu’un joueur ne soit pas payé durant plus de 6 mois. J’avais exigé qu’avant de parler de la nouvelle saison, tout le monde devait être régularisé. Chose qui était quasi-impossible à réaliser vu la difficulté financière dans laquelle se trouve le club.
Certains vous accusent d’être un syndicaliste. Est-ce vrai ?
Ceux qui disent cela ont oublié tout ce que Doukha a donné pour ce club. On a aussi dit la même chose concernant Younès. D’ailleurs, je trouve insensé qu’un joueur qui a réalisé une grande saison comme lui se trouve dans l’obligation de quitter le club en fin de saison. Doukha a toujours été sincère avec les dirigeants. J’ai toujours été le dernier joueur à toucher mon argent. J’avais en ma possession trois chèques d’un milliard chacun et j’ai refusé de les encaisser avant que mes partenaires soient régularisés. S'il lit mes déclarations, Laïb saura que je ne suis pas en train de mentir. J’estime que je n’ai pas quitté l’USMH pour une question de sous, car si c’était le cas, je serais parti depuis bien longtemps. On m’avait proposé nettement plus par le passé, mais je ne suis pas parti.
Seriez-vous prêt à prendre part au match USMH-JSK au stade de Lavigerie ?
Oui, j’irai jouer là-bas sans le moindre souci. Je suis un joueur professionnel et cela ne me pose aucun problème. J’ai toujours affronté mes ex-formations et cela fait partie de la carrière d’un joueur.
Parlez-nous de votre expérience au MCA et au MOB ?
Il est vrai qu’au MCA, je n’ai pas beaucoup joué, mais ce fut une grande expérience pour moi. Cette expérience m’a beaucoup forgé et m’a rendu plus fort encore. Quant au MOB, ç'a été que des années de plaisir. J’ai découvert un nouvel entourage. Cela m’aidera à m’adapter davantage à la JSK, un autre grand club de Kabylie.
Qu'en est-il de votre bref passage au Portugal ?
Je suis resté là-bas 8 mois environ. Là aussi ce fut une bonne expérience car j’ai beaucoup appris aux côtés de Victor Baia. Sauf que je ne suis pas arrivé à temps. Le mercato était quasiment clos et j’ai dû rester quelques mois sans jouer. C’est la raison pour laquelle je suis retourné en Algérie où j’ai signé à l’USMH.
En nous citant l’exemple de Victor Baia, est-il vrai que la forme d’un gardien de but est étroitement liée aux compétences et l’expérience de son entraîneur ?
Oui, je le pense. Et sur ce point, je m’estime heureux, car j’ai toujours eu d’excellents entraîneurs des gardiens, que ce soit Hamenad, Larbi, Saâdaoui ou Haniched à l’USMH. Je leur doit beaucoup surtout Haniched car c’est avec lui que j’ai connu la sélection. Aujourd’hui, je retrouve de nouveau Hamenad et je sais qu’on fera du bon travail ensemble.
Parlez-nous maintenant de votre mise à l’écart de la sélection. Comment avez-vous digéré ça ?
Ce fut très dur. Mais j’ai accepté cela. Je suis musulman et je sais que tout ce qui peut m’arriver dans la vie fait partie du Mektoub. J’ai été privé du mondial, mais j’ai signé dans un grand club qu’est la JSK. Cela m’a fait quelque peu oublier cette grande déception.
En toute franchise, est-il vrai que Halilhodzic était contre votre venue à la JSK ?
Je ne sais pas, mais par contre, il est venu me demander pour quelle raison j’avais signé dans ce club. Après m’avoir annoncé que je ne ferais pas partie de la liste des 23, il m’a dit textuellement : « Pourquoi t'as signé à la JSK ?! ». Je ne vous cache pas que sa question m’a quelque peu surpris. Par la suite, je suis rentré à Chlef et c’est là que le président Mohamed Raouraoua m’a appelé. Il m’a fait savoir qu’il était surpris par la décision de Vahid.
A votre avis, quel message Halilhodzic voulait-il vous faire passer en vous posant cette question ?
Croyez bien que je n’en ai aucune idée. J’ignore pourquoi il m’a demandé ça. A croire que les autres gardiens jouent à Manchester United ! J’estime que j’ai opté pour un grand club tel que la JSK et c’est un excellent choix pour n’importe quel joueur.
Pensez-vous que vous auriez été sélectionné si vous aviez choisi un autre club ?
Je ne vais pas aller jusqu’à dire que ma mise à l’écart est directement liée avec ma signature à la JSK. Peut-être que Halilhodzic voulait que je signe au Portugal, car j’avais reçu une offre là-bas. Je ne sais pas si Halilhodzic s’est mal exprimé, mais moi je suis convaincu que j’ai fait le bon choix.
Gardez-vous toujours l’espoir de jouer les éliminatoires de la CAN 2015 ?
Oui, je l’espère.
Un mot sur la nomination de Gourcuff à la tête de la sélection ?
Je ne vous cache pas que j’aurais souhaité le maintien de Vahid car il a fait un énorme travail depuis qu’il a pris en main la sélection. Mais je pense que si la fédération a nommé un nouveau sélectionneur, c’est qu’elle a ses raisons.
Pour terminer, dites-nous quels sont vos objectifs pour la nouvelle saison ?
Ce qui me motive le plus aujourd’hui, c’est le souhait de gagner des titres. Je suis à la JSK pour en remporter le maximum. J’espère aussi aller le plus loin possible avec la JSK en Ligue des champions. C’est une énorme responsabilité sur nos épaules, car on sait que le public kabyle est habitué à la compétition africaine. Notre défi est de le rendre heureux et de le satisfaire.
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