Dossier

Les principaux scandales de l'ère Blatter

La mise en cause de son bras droit Jérôme Valcke, ce mardi, pour un transfert d'argent de 10 millions de dollars, aura constitué le coup de grâce...

Auteur : jeudi 04 juin 2015 14:31

La démission mardi de Sepp Blatter de la présidence de la FIFA, quatre jours après sa réélection pour un cinquième mandat, intervient après une longue liste d'affaires qui ont émaillé l'instance que le Suisse dirigeait depuis 1998. La mise en cause de son bras droit Jérôme Valcke, ce mardi, pour un transfert d'argent de 10 millions de dollars, aura constitué le coup de grâce.

Affaires Mastercard et ISL

Fin 2006, le directeur du marketing de la FIFA Jérôme Valcke est écarté après une affaire de contrat litigieux concernant les rivales Mastercard et Visa. Six mois plus tard, il est pourtant rappelé et nommé secrétaire général de la FIFA. ISL était la société qui gérait les droits de diffusion et de marketing de la Coupe du monde jusqu'à sa faillite en 2001. En 2010, la justice suisse démontre que Joao Havelange, ex-président de la FIFA (1974-1998), et Ricardo Teixeira, patron de la puissante fédération brésilienne (1989-2012), ont perçu des pots-de-vin en échange de contrats exclusifs de droits TV pour la Coupe du monde. Mais elle classe l'affaire en raison des lacunes du droit suisse en vigueur à l'époque. Une enquête menée par la commission d'éthique de la FIFA, qui inclut le Paraguayen Nicolas Leoz (président de la Confédération sud-américaine entre 1986 et 2013), arrive aux mêmes conclusions, étant donné que la FIFA n'avait aucun code d'éthique avant l'automne 2004, et dédouane ainsi Joseph Blatter. Ce même Leoz qui lundi a été assigné à résidence par la justice de son pays après avoir été mis en cause dans ce scandale de corruption de la FIFA.

Affaire Bin Hammam

L'homme d'affaires qatari Mohamed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique (AFC), se pose en rival de Blatter en se présentant à l'élection présidentielle de mai 2011. La commission d'éthique de la FIFA, qui le soupçonne d'avoir acheté des voix au sein de la Concacaf (confédération nord-américaine), ouvre peu avant une procédure contre lui et Jack Warner, président de la Concacaf et à ce titre vice-président de la FIFA. A l'approche de l'élection, tout s'accélère. Le 27 mai, sur demande de Bin Hammam, une procédure est également ouverte contre Blatter. Le 28 mai, "MBH" se retire de la présidentielle. Le 29, le comité d'éthique de la Fifa tranche: Blatter est blanchi, Bin Hammam et Warner sont suspendus le temps de l'enquête. Le 23 juillet, Bin Hammam, reconnu coupable, est banni à vie de toute activité liée au football. Mais en juillet 2012, le Tribunal arbitral du sport (TAS) annule la sanction faute de "preuves directes". Le Qatari sera finalement radié à vie fin 2012, au nom de malversations au sein de la Confédération asiatique et comme membre du Comité exécutif de la FIFA entre 2008 et 2011. Warner, par ailleurs accusé dans d'autres dossiers d'avoir utilisé sa position dans les instances du football à des fins lucratives personnelles, prédit un "tsunami" s'il est mis en cause. Mais en juin 2011, il démissionne de tous ses mandats liés au football. "Warner ayant lui-même choisi de démissionner, toutes les procédures menées à son encontre par la Commission d'éthique sont closes, et la présomption d'innocence demeure", commente la FIFA.

Le Mondial au Qatar

Le feuilleton débute dès novembre 2010 : deux membres du comité exécutif de la FIFA, le Tahitien Reynald Temarii et le Nigérian Amos Adamu, sont suspendus respectivement un an et trois ans pour avoir contrevenu au code d'éthique sur des soupçons de corruption dans la prochaine attribution des Mondiaux 2018 et 2022. Le 2 décembre 2010, à la surprise générale, le Mondial 2022 est attribué au Qatar. Dans la foulée, la presse britannique lance des accusations de corruption. La FIFA refuse dans un premier temps de se pencher sur le dossier, avant d'instituer une nouvelle commission d'éthique. En juillet 2012, celle-ci ouvre une enquête sur les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 (à la Russie) et 2022, sous la houlette de Michael Garcia, ancien procureur de New York. En novembre 2014, Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement de la commission d'éthique, relève dans le rapport Garcia "des comportements douteux" mais pas de quoi remettre en cause le processus d'attribution. Garcia dénonce une présentation "erronée et incomplète" de son enquête et demande une publication intégrale. Le 17 décembre, il démissionne. Le 19, Blatter accepte une publication du rapport Garcia à l'avenir, mais "sous une forme appropriée". Dernier rebondissement le 27 mai: le parquet suisse saisit des documents électroniques au siège de la FIFA à Zurich, dans le cadre d'une procédure pénale contre X pour soupçon "de blanchiment d'argent et gestion déloyale" entourant les attributions des deux Coupes du monde. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n'avait pas été rendue publique depuis.

L'offensive américaine

Le 27 mai également, le Département de la Justice américain entrait en scène: il poursuit pour corruption neuf élus actuels ou passés de la FIFA, dont Warner et Leoz, ainsi que cinq responsables de sociétés de marketing sportif. A sa demande, la justice suisse procède à sept arrestations (cinq Sud-Américains, deux Britanniques). Selon les autorités suisses, ces sept responsables sont soupçonnés d'avoir accepté des dessous de table faramineux des années 1990 à nos jours. Les accusations portent notamment sur des attributions de Coupes du monde, de droits de marketing et de télévision, mais également des escroqueries par voie électronique, des faits de racket et de blanchiment d'argent. Malgré le scandale, Blatter maintient le cap et sa candidature à un cinquième mandat, que le Suisse décroche à Zurich le 29 mai, vendredi. "Le foot est un sport où il y a des adversaires, je serai le président de tous, même de ceux qui n'ont pas voté pour moi", déclare alors Blatter, 79 ans, après sa réélection obtenue après le désistement au deuxième tour de son adversaire, le prince jordanien Ali bin Al Hussein, 39 ans, un de ses vice-présidents.

Le virement de 10 millions

Mardi 2 juin, quatre jours donc après la réélection de Blatter, le quotidien américain The New York Times met en cause le bras droit de Blatter, Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA. Selon le quotidien qui cite plusieurs responsables fédéraux américains anonymes, Valcke a transféré 10 millions de dollars sur des comptes gérés par l'ancien vice-président de l'organisation Jack Warner. Le transfert - effectué en trois fois entre janvier et mars 2008 d'après l'acte d'accusation - a été émis depuis un compte de la FIFA et serait "un élément central du scandale de corruption qui engloutit le football mondial" et ses dirigeants, selon le quotidien américain. Dans la foulée, la FIFA reconnaît ce virement de 10 millions de dollars, "dans le cadre du développement du football dans les Caraïbes", mais assure que "ni Jérôme Valcke ni aucun haut responsable de la FIFA n'était concerné". Neuf heures plus tard, Blatter annonce sa démission.

Publié dans : Blatter

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