Nostalgie

Moore, un guide inégalable

Pour beaucoup, Moore était le défenseur parfait : fort dans le jeu aérien, propre et sûr dans ses tacles, impeccable à la relance.

Auteur : lundi 25 avril 2016 19:45

"Footballeur impeccable. Défenseur impérial. Héros immortel de 1966. Premier Anglais à soulever la Coupe du Monde. Enfant chéri de l'est londonien. Légende de West Ham United. Trésor national. Maître de Wembley. Seigneur du jeu. Capitaine extraordinaire. Gentleman de toujours". Voilà ce qu'on peut lire sur la statue en bronze de Bobby Moore qui trône majestueusement devant le stade de Wembley. L'inscription a été rédigée par Jeff Powell, chroniqueur au Daily Mail et ami personnel du joueur.

De son vivant et bien après, le défenseur central a reçu nombre de témoignages de sympathie émanant de gens de tous horizons, mais qui au final rendent un hommage identique : Moore était un joueur extraordinaire à tous points de vue. Pelé et Franz Beckenbauer le considéraient tous les deux comme un gentleman, un ami et un défenseur unique, le meilleur - assuraient-ils - qu'ils aient jamais rencontré sur un terrain. L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair disait : "Bobby Moore était non seulement un footballeur exceptionnel, mais aussi une personnalité exemplaire".

L'entraîneur de l'Angleterre vainqueur de la Coupe du Monde de la FIFA 1966, Sir Alf Ramsey, n'était pas le dernier à encenser son taulier : "Mon capitaine, mon leader, mon bras droit. Il était à la fois l'âme et le poumon de l'équipe. C'était un joueur calme, réfléchi, en qui j'avais une confiance absolue. C'était un véritable professionnel, le plus grand avec qui il m'ait été donné de travailler. Sans lui, l'Angleterre n'aurait pas gagné la Coupe du Monde".

Qui dit mieux ? Pour beaucoup, Moore était le défenseur parfait : fort dans le jeu aérien, propre et sûr dans ses tacles, impeccable à la relance. Il compensait un léger manque de vitesse par une lecture du jeu qui, d'après Jock Stein, frôlait la divination : "Il devrait y avoir une loi anti-Moore. Il sait ce qui va se passer 20 minutes avant tout le monde", plaisantait le légendaire entraîneur du Celtic.

En route vers la gloire
Né à Barking, dans la banlieue est de Londres, Moore rejoint West Ham United en 1956, à l'âge de 15 ans. Deux saisons plus tard, il fait ses grands débuts en équipe première contre Manchester United, en remplacement de son mentor Malcolm Allison, atteint de tuberculose. Son talent précoce saute aux yeux. Rapidement, il se rend indispensable au sein de l'arrière-garde des Hammers, à tel point qu'Allison ne rejouera jamais pour le club.

En 1960, Moore est appelé chez les U-23 anglais. Le 20 mai 1962, il évolue pour la première fois avec les seniors lors d'un match amical contre le Pérou, en préparation de la Coupe du Monde de la FIFA, dont la septième édition a lieu quelques semaines plus tard. À Lima, les Three Lions s'imposent 4:0 et Moore fait bonne impression sur le sélectionneur Walter Winterbottom, qui décide de l'inclure dans son effectif pour Chili 1962. Pour sa première participation à l'épreuve, le défenseur de 21 ans dispute les quatre matches de l'Angleterre, quart de finaliste cette année-là.

En 1963, Moore porte le brassard pour la première fois en sélection, à l'occasion d'un match contre la Tchécoslovaquie remporté 4:2. À partir de l'été 1964 et pendant quasiment une décennie, l'Angleterre ne connaîtra qu'un capitaine : Bobby Moore. L'année est faste pour l'intéressé, qui remporte la FA Cup avec West Ham, est nommé Footballeur de l'année par la Football Writers' Association et subit une opération couronnée de succès pour un cancer d'un testicule.

Fort de son succès en Coupe d'Angleterre, West Ham joue et gagne la Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe et 12 mois plus tard, Moore devient un héros national. Ironie de l'histoire, il a failli ne pas disputer la Coupe du Monde de la FIFA 1966. En désaccord avec son club, Moore se retrouve sans contrat, ce qui le rend inéligible pour prendre part à la compétition mondiale. Le sélectionneur Ramsey intervient auprès du manager de West Ham, Ron Greenwood, qui accepte finalement de signer un nouveau bail avec Moore. Bonne idée. Cela permettra à l'Anglais de soulever, peu de temps après, le Trophée Jules Rimet. Le capitaine champion du monde aura même la délicatesse de se laver les mains, couvertes de terre et de sueur, avant de serrer celle de la reine Elizabeth II.

Décorations et admiration
Dans la foulée du triomphe de 1966, Moore devient le premier footballeur de l'histoire à recevoir le prestigieux trophée de la BBC récompensant le sportif de l'année. Il est également décoré du titre d'Officier de l'Ordre de l'Empire britannique. Au moment d'aborder la Coupe du Monde de la FIFA 1970 au Mexique, Moore totalise déjà 78 sélections. Peu avant le début du rendez-vous mondial au Mexique, l'Angleterre rencontre la Colombie à Bogota, en match amical. Moore est accusé d'avoir dérobé un bracelet dans une bijouterie. Il est arrêté par la police, mais les charges à son encontre sont rapidement abandonnées. Le champion du monde peut rejoindre ses coéquipiers et partir à la défense du trophée mondial.

La finale remportée par l'Angleterre contre l'Allemagne de l'Ouest (4:2), en 1966 à Wembley, est devenue un mythe. Cela dit, c'est un autre match qu'on associe généralement à Bobby Moore. Pour leur deuxième sortie au Mexique, les hommes d'Alf Ramsey s'inclinent 0:1 face au Brésil. Mais parmi les moments inoubliables de cette rencontre d'anthologie, il y a notamment le tacle d'école réalisé par Moore sur Jairzinho, ainsi que l'échange de maillots entre le capitaine anglais et le roi Pelé. Les deux hommes affichent un grand sourire et le fair-play dans le football tient l'une de ses plus belles images.

En 1973, Moore bat le record de matches disputés par un joueur à West Ham et enregistre sa 100ème sélection. Il en obtiendra encore huit, avant de tirer sa révérence aux Trois Lions, le 14 novembre 1973, en amical contre l'Italie. La Squadra azzurra l'emporte 1:0, grâce à un certain Fabio Capello, futur sélectionneur de l'Angleterre, qui a un jour déclaré que ce but constituait le plus beau moment de sa carrière de joueur.

The End
Après 16 années de bons et loyaux services à Upton Park, Moore traverse Londres pour jouer à Fulham pendant trois ans, puis l'Atlantique pour évoluer successivement au San Antonio Thunder et aux Seattle Sounders. À 37 ans, il raccroche les crampons et entame une carrière d'entraîneur. Celle-ci se révèle peu fructueuse. En outre, la santé de Moore se détériore. En avril 1991, il est opéré d'urgence suite à des douleurs d'estomac. Le 14 février 1993, il annonce qu'il souffre d'un cancer de l'intestin et s'éteint dix jours plus tard, à l'âge de 51 ans.

Une œuvre caritative sera créée en son nom afin de contribuer à la lutte contre le cancer. Sa mémoire est toujours bien vivante grâce à la statue de Wembley, à l tribune Bobby Moore d'Upton Park, mais aussi et surtout grâce aux gestes empreints de classe et d'élégance dont il a longtemps régalé tous les amoureux du beau jeu.

                                                               IN Fifa.com

Publié dans : Moore

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