En prévision de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations, Égypte 2019, le sélectionneur algérien Djamel Belmadi a annoncé jeudi passé une liste de vingt-trois joueurs pour entamer le stage. Il commencera aujourd’hui au Ccentre technique national de Sidi-Moussa, soit lorsque le groupe se complètera. Djamel Belmadi a fait ses choix selon sa conviction et surtout sa vision. Des choix discutables comme avec chaque entraîneur. On se souvient qu’avec Vahid Halilhodzic, Christian Gourcuff, Madjer et d’autres, les choix étaient discutables. Lors des conférences de presse, on ne cessait de demander des explications sur la convocation de tel ou tel joueur, la mise à l’écart de tel ou tel joueur. Bref, chaque entraîneur a sa propre vision des choses. Et chacun essaye d’imaginer dans sa tête le meilleur onze possible avec les solutions de rechange en prévision de chaque finale d’un tournoi d’envergure comme la CAN, l’euro ou la Coupe du monde. Maintenant que les choix sont faits, personnes ne peut critiquer Belmadi car il est le seul à savoir où il veut arriver. La réponse, on l’aura en principe le 19 juillet prochain. Mais selon les spécialistes, ses choix ressemblent un peu à ceux effectués par le sélectionneur français, Didier Deschamps, il y a une année, avant la Coupe du monde 2018 en Russie. Des choix fortement critiqués par la presse française. Mais au final, Deschamps avait vu juste. La France a fini championne du monde pour la seconde fois de son histoire après 1998 à domicile. Donc, Deschamps avait remporté son pari. Et si c’était le cas de Djamel Belmadi cette fois-ci ? Car les spécialistes pensent aussi qu’à travers ses choix, Belmadi possède une vision qui ressemble à celle de Deschamps : faire un mélange entre expérience, combativité, rigueur tactique, technique, rapidité et vivacité.
Même vécu : joueurs-capitaines-entraîneurs !
Déjà entre les deux hommes, c’est presque le même profil de joueurs, avant d’évoquer le profil d’entraîneur. Les deux ont été des milieux de terrain. Les deux ont été aussi des capitaines dans leurs sélections respectives (la France et l’Algérie). Les deux se donnaient à fond sur le terrain pour mouiller le maillot. Les deux n’ont jamais été accusés de tricherie sur le terrain. Puis comme entraîneurs, c’est la similitude aussi car ils ont entamé leur carrière juste après avoir raccroché les crampons. Didier Deschamps a pris les destinées de l’AS Monaco tandis que Belmadi celles de Lekhwiya qui est devenu Al Duhaïl par la suite. Avec les Monégasques, il remporte la Coupe de la ligue, atteint la finale de la Ligue des champions puis remporte la Ligue 1 avec l’OM puis vice-champion de France avec le club phocéen. Belmadi, quant à lui, a remporté le titre de champion du Qatar à quatre reprises 2011, 2012, 2017 et 2018 et deux autres Coupes du Qatar 2016 et 2018. Les deux techniciens ont remporté des titres en club. Deschamps a eu l’honneur de diriger les Bleus en finale de l’Euro 2016 puis en Coupe du monde 2018 avec lesquels il est devenu champion du monde. Pour Belmadi, cette heure de gloire n’a pas encore sonné. Peut-être ce sera le 19 juillet 2019, soit une année après Deschamps (15 juillet 2018) !
Deschamps : «Pour le Mondial 2018, je n’ai pas pris forcément les 23 meilleurs»
Lors d’une interview qu’il avait accordée en exclusivité au Buteur, Didier Deschamps a donné un aperçu sur sa vision sportive, expliquant au passage les choix de la liste qu’il avait faite avant la Coupe du monde 2018 où il avait été sévèrement critiqué notamment après la mise à l’écart de Karim Benzema : «Ça ne me gêne pas qu’on me pose la question. Vous savez, aujourd’hui, comme hier et avant-hier, je fais toujours des choix par rapport à un groupe et aux joueurs qui sont sélectionnables. Voilà, à chaque fois, à chaque match, j’ai des listes à faire. Je réfléchis, avant de prendre des décisions.» Et d’enchaîner : «Je ne suis pas là pour faire des choix populaires ou impopulaires. Je ne fais pas de choix pour moi, mais ce que je pense être bien pour l’équipe de France. Je fais des choix, et ma plus grande décision a été de faire la liste des 23. J’ai la chance d’avoir beaucoup de joueurs compétitifs. Il y en a certains que je n’ai pas pris et qui méritaient d’être présents. Mais je n’ai que 23 à prendre. Pas forcément les meilleurs, je compose le meilleur groupe. C’est différent. C’est choisir ou construire le meilleur groupe capable d’aller le plus loin possible dans la compétition. Ce n’est pas prendre les meilleurs joueurs.» Belmadi a presque fait les mêmes choix, en essayant de choisir le meilleur groupe, selon sa vision.
Benzema, Lacazette et Martial d’un côté, Taïder, Belfodil, Naïdji et Ghoulam de l’autre
Didier Deschamps a eu le courage d’écarter certains joueurs. Outre Karim Benzema ou Samir Nasri, il a écarté aussi des attaquants clés comme Alexandre Lacazette, Anthony Martial de Manchester United, Coman du Bayern Munich, Sissoko des Spurs et surtout Lucas Digne. À la place de ce dernier, Deschamps avait pris un risque en convoquant Hernandez, avec zéro sélection, sans parler de Benjamin Pavard. De l’autre côté, Belmadi a aussi fait des choix forts en décidant d’écarter Saphir Taïder, titulaire indiscutable depuis 2013. Nabil Bentaleb et Ishak Belfodil qui pouvaient être présents parmi le groupe si Belmadi les voulaient. Faouzi Ghoulam, un des meilleurs arrières gauche de la Serie A, laissé chez lui après qu’il a constaté que le joueur ne voulait pas venir, au moment où Belmadi pouvait le convoquer et le mettre devant le fait accompli. Zakaria Naïdji a été mis de côté lui aussi. Malgré le fait d’être le meilleur buteur de la Ligue avec 20 buts, cela ne lui a pas valu une convocation. Dans le monde entier, le meilleur buteur du championnat est automatiquement retenu dans la liste.
Slimani-Giroud, quelle similitude !
Et comme par hasard, Deschamps et Belmadi ont fait le même choix et concernant le même poste aussi. En 2018, Deschamps, qui s’est passé de Benzema, a retenu Olivier Giroud qui a passé une saison très difficile pour ne pas dire catastrophique, avec Chelsea. Il avait en effet effectué 13 apparitions en Premier League pour quatre buts marqués. Un bilan très faible pour l’attaquant dont la mission consistait à marquer des buts. En Coupe du monde, il est titulaire lors des sept rencontres des Bleus, mais sans marquer le moindre but. Deschamps a continué à lui faire confiance. En Algérie, Belmadi n’a pas retenu le 6e buteur de la Bundesliga, Ishak Belfodil, ni Zakaria Naïdji, meilleur buteur du championnat d’Algérie avec vingt réalisations, juste pour faire confiance à Slimani. Possédant de l’expérience certes, Slimani a passé une saison très difficile au Fenerbahçe. D’ailleurs, sa saison est terminée depuis un bout de temps. Néanmoins, Djamel Belmadi croit en lui, comme Deschamps a cru en Giroud !
Faire de Atal un Mbappé bis !
Sans un véritable leader hors du vestiaire, Didier Deschamps a fait de Kylian Mbappé un leader sur le terrain. Il est devenu l’homme à tout faire chez les Bleus. Vif, rapide, technique, buteur et passeur, les résultats des Bleus dépendent de Kylian Mbappé. Chez les Verts, on a vite compris que l’EN ce n’est pas Mahrez, Brahimi ou d’autres… Ces joueurs sont là depuis quatre ou cinq ans mais sans pouvoir offrir à l’Algérie sa seconde couronne continentale. Djamel Belmadi, qui connaît le football africain parfaitement, les conditions de jeu aussi, peut désormais «créer» un Mbappé chez les Verts, en la personne de Youcef Atal. Dans les coulisses de l’EN, on parle d’un éventuel repositionnement du Niçois sur le flanc gauche de l’attaque afin de bénéficier de sa technique, sa vivacité, sa rapidité et sa volonté de bien faire, pour peut-être offrir à l’Algérie sa seconde étoile. Puis, souvent lorsqu’on est sous-estimé avant n’importe quel tournoi, on parvient à déjouer les pronostics et créer des surprises. Peut-être que ça va arriver le 19 juillet prochain !
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