MCA / Demou «J’avais l’intention d’arrêter le football»

Après avoir observé un long mutisme suite aux difficultés rencontrées durant le précédent exercice, le libero de charme du Mouloudia, Abdelghani Demou, que nous avons invité à s’exprimer sur son parcours et celui de l’équipe, s’est étalé sur tous les volets en apportant les réponses nécessaires au public du Mouloudia.

Après une saison harassante et pleine de rebondissements, comment évaluez-vous le parcours du Mouloudia ?
Je pense que la saison était un peu difficile dans la mesure où nous avons raté des objectifs qui étaient à notre portée. Mais dans l’ensemble elle était tout de même honorable, car nous sommes toujours en course pour la qualification aux quarts de finale de la Ligue des champions.  
Le MCA a réussi une bonne saison n’était ce relâchement dans un moment crucial de la saison.
Comme je l’ai dit l’équipe a réussi une saison honorable, n’était le passage à vide qui est intervenu au mauvais comment. Avant l’entame du championnat on savait que l’équipe allait bien réussir, car on avait adopté une nouvelle méthode de travail, et le staff technique ne badinait pas avec la discipline. Si l’équipe a bien marché cette saison, c’est aussi grâce au staff technique qui traitait les joueurs sur le même pied d’égalité, car seul le travail et la forme du joueur sont retenus comme critères par le staff technique.
Si on revenait à cette fin de saison manquée, à quoi attribuez-vous cette situation ?
À mon avis, c’est l’effet de la fatigue qui a joué un mauvais tour à l’équipe. Les joueurs que l’entraîneur a utilisés, et qui méritaient leurs places de titulaires dans l’équipe, étaient un peu essoufflés à cause de l’enchaînement des rencontres. Le Mouloudia a été soumis à une programmation intense comme tous les clubs qui ont participé aux joutes intercontinentales, ce qui explique cette fatigue. Ainsi, ils  n’ont pas  pu maintenir la même cadence en fin de saison, bien qu’il y eût les automatismes et que notre équipe produisît le plus beau football du championnat.
À votre avis, est-ce que le coach n’avait pas de solutions ou bien les joueurs qui étaient sur le banc n’étaient pas prêts pour les remplacer ?
Je tiens à vous dire une nouvelle fois que ce sont les joueurs les plus en forme que le coach faisait jouer, et aucun élément sur le banc ne pouvait demander à avoir sa chance, car l’équipe carburait à plein régime et dominait ses adversaires. Par la suite, et une fois que les matchs se sont enchaînés, à mon avis les joueurs qui étaient sur le banc, et dont je faisais partie, n’étaient pas prêts pour donner ce qu’on attendait d’eux.  
Peut-on en connaître les raisons ?
Personnellement et à l’image de certains joueurs on manquait de rythme pour la simple raison qu’une fois rétablis des blessures contractées, on est restés longtemps sur le banc, du fait qu’on ne pouvait changer une équipe qui gagne et cela est tout à fait logique. Le fait de rester longtemps sur le banc, et avec l’enchaînement des rencontres où on jouait presque chaque quatre jours, ne nous a pas permis de travailler d’une bonne manière.
Soyez plus explicite ?
Lorsque les matchs s’enchaînent chaque quatre jours, les joueurs convoqués et qui restent sur le banc travaillent au même rythme que le reste du groupe, au fil des jours on s’est retrouvés amoindris sur le plan physique et c’est logique qu’on allait manquer de rythme. C’est la raison pour laquelle les joueurs qui étaient sur le banc n’étaient pas prêts. N’était l’enchaînement des rencontres, je pense que les données pouvaient changer.
Est-ce que le coach pouvait éviter cette situation en faisant jouer d’autres joueurs pour empêcher la fatigue ?
Vous savez, partout dans le monde on ne change pas une équipe qui carbure à plein régime et si on procède à des changements dans une période cruciale de la compétition, cela est un véritable risque à prendre.
Si on revenait à cette phase retour du championnat, après votre rétablissement la chance vous a été accordée à l’occasion de la rencontre livrée face au NAHD où vous avez essuyé de virulentes critiques.
Je ne vous cache pas que j’étais loin de ma forme et par rapport au rythme de mes coéquipiers et cela pour les raisons que je viens d’expliquer. Lorsqu’un joueur est diminué sur le plan physique et reste longtemps sur le banc, il lui faut deux à trois matchs pour qu’il puisse retrouver ses moyens. Pour ce qui est des critiques que j’ai subies, moi je voulais faire monter la balle sans me précipiter et jouer comme nous avons l’habitude de le faire, mais le public nous pressait pour jouer le jeu direct.  
Le public vous a justement reproché votre lenteur dans la relance.
Vous me donnez l’occasion de bien m’expliquer sur ce sujet, j’ai fait exprès de faire monter le ballon de cette façon afin de calmer mes coéquipiers et leur demander de jouer notre jeu habituel et éviter de balancer les balles dans n’importe quel sens, car je ne voulais pas qu’on opte pour le jeu direct auquel on n’est pas habitués. D’ailleurs l’entraîneur m’a donné raison de faire poser la balle, car lorsqu’on est revenus à notre jeu habituel, nous avons réussi à réduire la marque et on pouvait même marquer d’autres buts.
Un math du NAHD qui vous a pénalisés car c’était le tournant du championnat.
Sincèrement, notre élimination en Coupe d’Algérie face à la JSK nous a vraiment fait mal, car cette épreuve était notre premier objectif et si on tient compte de la forme qu’on affichait avant ce match on pouvait battre n’importe quelle équipe. Tous les ingrédients étaient présents pour qu’on gagne la Coupe d’Algérie, mais une fois éliminés, nous avons très mal digéré cet échec, ce qui nous a perturbés face au NAHD mais aussi pour la suite du parcours.
Suite à cette rencontre, vous avez vécu des moments difficiles, notamment lors du match de l’USMBA où vous étiez insulté bien que vous étiez sur le banc.
Oui, c’était très dur pour moi, car j’accepte bien les critiques, mais le fait que ma mère, que j’ai perdue il n’y a pas si longtemps de cela, soit insultée, m’a fait vraiment mal et c’était très difficile pour moi de vivre cette situation.
Certains disent que depuis le décès de votre mère votre rendement a nettement baissé.
Oui je l’avoue, et j’avais même eu l’intention d’arrêter de jouer au football, mais les proches et certains joueurs ont fini par me convaincre de reprendre le travail, car j’avais déjà à l’époque fait l’impasse sur le stage de préparation en Espagne. Ma mère était très proche de moi et ce changement dans ma vie ne m’a pas permis de me concentrer sur mon travail.   
Vous avez même pensé à changer d’air en cette fin de saison en résiliant votre contrat ?
Effectivement, j’avais l’intention de procéder à la résiliation de mon contrat, non à cause de la réaction du public, mais c’était pour le challenge sportif, car ça ne marchait pas bien au Mouloudia.
Qu’est-ce qui a pesé dans votre décision d’aller au bout de votre contrat ?
C’est le discours de l’entraîneur et du président qui m’a fait changer d’avis. La prochaine saison vous allez voir un autre visage de Demou.
Quels son vos objectifs pour la saison prochaine ?
Notre objectif et de nous qualifier aux quarts de finale de la Ligue des champions. Il faut bien nous préparer, car cette épreuve demande une forte personnalité des joueurs et une bonne organisation sur le terrain. Dans le haut niveau, il faut un ensemble de facteurs pour réussir. Nous avons aussi d’autres objectifs qui sont le championnat et la Coupe d’Algérie, ce qui est logique lorsque vous jouez pour un grand club comme le MCA. Ainsi, il faut bien nous préparer car l’entame de cette seconde partie de la phase des poules est très importante et il est impératif pour nous de réaliser un bon résultat à Lubumbashi.
 En parlant de la saison prochaine, le MCA a préservé les cadres de l’équipe, tout en renforçant l’effectif par de bons éléments.
Le fait de préserver l’ossature de l’équipe est une très bonne chose, car nous formons déjà un groupe et le coach n’aura pas besoin de temps pour connaître les joueurs comme cela a été le cas la saison passée. Chacun de nous doit donner le meilleur de lui-même, et je pense que nous avons déjà de bonnes recrues. Le MCA a besoin de joueurs qui peuvent assumer leurs responsabilités sur le terrain et être forts de caractère, car les qualités techniques ne peuvent suffire à elles seules pour réussir.

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