C’est une décision irrévocable prise par l’entraîneur de la JSK, Youcef Bouzidi, lequel a décidé de démissionner après avoir accompli sa mission, celle de sauver le club de la relégation. Et comme tout le monde le sait, il avait annoncé sa décision au président Mellal la veille de la rencontre pour lui faire savoir qu’il ne pourra pas aller au-delà de la dernière journée dans le cas où l’équipe aurait besoin de lui. Au lendemain de cette annonce, nous avons décidé de revenir en détail sur le parcours de Youcef Bouzidi avec les Canaris. Ce dernier nous a aimablement accueillis chez lui, dans son appartement à Kouba. Il est, en effet, revenu sur son parcours très positif avec les Jaune et Vert avec à la clé une finale de la Coupe d’Algérie perdue face à une bonne formation de Bel-Abbes. Après avoir évoqué ce sujet ainsi que la victoire contre les Usmistes, nous avons souhaité passer à autre chose : l’avenir de la JSK. Et à ce sujet, Bouzidi, sans aller par le dos de la cuillère, dira : « Il est simple, pour que la JSK espère revenir en force la saison prochaine, le président Mellal doit nettoyer son entourage. Il faudrait que chaque personne ait une tâche bien spécifique parce que ce n’est pas normal que les joueurs se retrouvent souvent seuls, excepté le manager Doudane, qui a toujours fait de son mieux. Je crois aussi que le président ne pourra pas tout gérer seul et il doit charger des personnes bien précises et qualifiées pour assurer des rôles. Je tiens aussi à dire qu’il faudrait qu’il soit entouré de personnes capables de l’aider financièrement car seul l’argent fait la différence. »
«S’il veut bâtir une grande équipe, il est appelé à tout régler pendant le mois sacré»
Selon Bouzidi, le président n’a en vérité pas de temps à perdre. Et s’il souhaite vraiment bâtir une grande équipe, il doit prendre le taureau par les cornes dès la semaine prochaine pour ne pas se retrouver en retard. D’ailleurs, il explique : « J’ai été clair avec Mellal. S’il suit mes conseils, il doit dans un premier temps régler le recrutement, l’entraîneur, le stage de préparation ainsi que plusieurs autres détails, y compris son entourage dès la semaine prochaine. Je sais qu’il sera absent dès aujourd’hui mais dès son retour au pays, il doit prendre des décisions pour prouver sa bonne foi. »
«La feuille de route doit être tracée d’ici la semaine prochaine, au plus tard»
En ce qui est de la feuille de route, Bouzidi estime qu’elle doit être tracée d’ici la semaine prochaine, au maximum : « Ceux qui pensent que le président a suffisamment de temps se trompent énormément. Pour réaliser une saison exceptionnelle, il faudra se prendre tôt. Autrement dit, la feuille de route doit être tracée d’ici la semaine prochaine, au plus tard. Il faudra dès maintenant fixer les objectifs pour pouvoir aller de l’avant. »
«Oui, je défends les intérêts de mes joueurs»
Pendant notre discussion avec le coach, nous lui avons posé une question qui l’a fait réagir : « Coach, pourquoi vous défendez souvent les intérêts de vos joueurs ? Vous êtes même allé jusqu’à boycotter un match important. » Très franc, il rétorque : « Oui, j’assume mes faits et gestes. Si je défends les intérêts de mes joueurs, c’est parce qu’ils méritent d’être récompensés. Comment demander des efforts à un joueur s’il n’est pas payé ? J’ai discuté avec l’entraîneur et je lui ai tout expliqué. Un joueur, pour qu’il soit motivé, doit être payé. D’ailleurs, je remercie Mellal, qui, rappelons-le, a toujours tenu ses promesses. Pour preuve, il a même donné la prime de 100 millions à ses joueurs avant la finale. »
«Une personne qui préfère rester anonyme nous a payé les trois nuitées passées au Mercure»
Le relationnel joue un grand rôle dans une équipe de football. A la JSK, les sponsors se font très rares et aujourd’hui, l’équipe n’a sur son maillot qu’un seul représentant. Et d’après Bouzidi, les responsables doivent prendre au sérieux ce volet où une personne doit être chargée pour établir les relations avec les sociétés afin qu’elles aident l’équipe. Et c’est à ce moment-là qu’il a réagi : « Une personne qui préfère rester anonyme nous a payés les trois nuitées passées au Mercure. Lorsque j’ai appris la nouvelle, je ne me suis, en personne, dirigé vers cet homme pour le remercier. C’est un geste qui l’honore et ce genre de personne doit être considérée à sa juste valeur. »
«Je suis le seul avec qui Djabout a accepté de jouer avant-centre»
Recruté l’été dernier, l’attaquant Adil Djabout a connu des moments difficiles et il a fallu attendre l’arrivée de Bouzidi pour que l’ancien meilleur buteur de la Ligue 2 retrouve sa forme et contribue largement dans les succès réalisés dernièrement. Lorsque nous avons demandé à connaitre le secret de ce retour en force du joueur, le coach explique : « Avant mon arrivée, Djabout a toujours refusé de jouer en pointe puisqu’il ne sent pas à l’aise dans ce poste. Mais lorsque je suis venu, je me suis permis de lui parler et de le motiver. Et croyez-moi, c’était lui qui m’avait dit qu’il était d’accord de jouer dans ce registre. Cela prouve que la communication joue un grand rôle entre un entraîneur et un joueur. »
«Saâdou a retrouvé son meilleur niveau»
L’autre joueur qui après avoir été marginalisé notamment par Noureddine Saâdi, c’est le défenseur Nabil Saâdou, qui, lui aussi, a retrouvé sa forme et réalise de très belles prestations. Selon l’entraineur, se retour en force lui a donné des solutions en défense : « Lorsque je suis venu, j’ai trouvé Saâdou sur le banc mais lorsque je l’ai aligné, il a donné satisfaction et depuis, je lui ai accordé ma confiance. C’est un bon joueur, qui a accompli sa tâche convenablement. »
«Je salue le professionnalisme de Guitoune»
Mais celui qui a été victime de la concurrence n’est autre que Ali Guitoune, qui n’a joué qu’occasionnellement, puisque Bouzidi ne voulait pas apporter des changements à chaque rencontre : « Je suis quelqu’un qui n’aime pas apporter beaucoup de changements et c’est pour cela que je ne pouvais pas donner la chance à tout le monde comme ce fut le cas avec Guitoune. Certes, il a joué à Biskra, à Constantine et face à l’USMA, mais je tiens à le saluer pour son professionnalisme. C’est un très bon défenseur. »
La finale de la Coupe d’Algérie : «La collation organisée l’avant-veille de la finale ne nous a à aucun moment perturbés»
Beaucoup de choses ont été dites sur la finale de la Coupe d’Algérie et la préparation de l’équipe, qui, selon certaines personnes, la JSK n’avait pas à opter pour l’hôtel Mercure. Ils sont allés jusqu’à dire que les joueurs étaient tous déconcentrés puisqu’il n’y avait place pour bien se concentrer. Lorsque nous avons posé la question à Bouzidi, il donne ses arguments : « Non, ça n’a rien à voir avec l’hôtel. J’ai même entendu dire que certaines personnes estimaient que la direction n’avait pas à organiser une collation dans le même hôtel. Aujourd’hui, je tiens à dire que la collation a eu lieu deux jours avant la finale et cela ne m’a en aucun moment dérangé. Les joueurs étaient tous au 10e étage alors que la cérémonie s’est déroulée au niveau de la réception. Ça m’aurait dérangé si cela avait été la veille de la finale mais ce n’était pas le cas. Alors, il ne faut pas trop polémiquer. »
« On n’était pas au rendez-vous, point c’est tout »
Abordant la finale perdue face à l’USMBA, l’entraîneur reconnait que son équipe n’était pas vraiment au top : « Il faut le dire, nous n’avons pas été au top de notre forme. Nous avons perdu une rencontre puisque nous n’étions pas au rendez-vous. On a commis des erreurs mais il faut dire qu’atteindre la finale est déjà un exploit vu tout ce qu’a enduré la JSK. Notre seul et unique objectif était le maintien. Même les supporters n’étaient pas en colère, ils savaient que nous avons fait de notre possible pour leur offrir la sixième étoile. »
L’expulsion d’Asselah : «Il m’était impossible de le blâmer»
Nous avons profité du sujet de la Coupe d’Algérie pour aborder l’expulsion d’Asselah lequel avait laissé son équipe à dix, vingt minutes avant la fin de la rencontre. Pour Bouzidi, il ne pouvait pas blâmer son joueur pour ne pas déstabiliser l’équipe, quelques heures avant le déplacement à Constantine : « Après la finale, les joueurs attendaient à ce que je sois furieux mais au contraire, j’étais très calme. J’ai voulu les applaudir malgré la défaite car je ne pensais plus à cette rencontre mais à celle du CSC. Et pour remobiliser les troupes, je n’avais pas le droit de leur crier dessus. Et c’est pour cela que je n’ai pas blâmé Asselah. Je voulais gagner la confiance de tout le monde dans l’espoir de terminer en force la saison. »
La suspension de Djerrar : «J’ai évité à la JSK une catastrophe»
Quelques minutes avant le coup d’envoi du match JSK-USMB à l’occasion du match des quarts de finale de la Coupe d’Algérie, un dirigeant avait demandé à l’entraîneur Bouzidi de remplacer le milieu de terrain Adel Djerrar par un autre joueur du moment qu’il était suspendu. Après réflexion, l’entraîneur décide de le remplacer par Benyoucef. En parlant de cette « erreur », il dira : « J’ai évité une vraie catastrophe pour la JSK. Quelques minutes avant le match des quarts de finale, on m’a fait savoir que Djerrar serait peut-être suspendu. Et pour ne pas prendre de risque, j’ai décidé de le remplacer et de l’envoyer à la tribune. Après la rencontre, il s’est avéré qu’il était réellement suspendu. Depuis, j’ai décidé de gérer seuls les cartons des joueurs pour éviter une autre mascarade. »
Cas Boukhanchouche : «Il ne m’a rien apporté d’exceptionnel par rapport aux autres joueurs»
Profitant de notre discussion avec Bouzidi, nous l’avons interpellé sur une question que tout le monde était curieux de connaitre la réponse. Elle concerne le cas du milieu de terrain Salim Boukhanchouche. Titulaire en Equipe nationale, l’ancien joueur de l’OM ne figurait pas dans les plans de l’entraîneur kabyle, qui ne comptait pas vraiment sur lui. Appelé à nous donner une réponse, il nous éclaire : « Ecoutez, je ne suis pas là pour faire plaisir à tel ou tel joueur. Je suis là pour redresser la situation et assurer le maintien de la JSK. Lorsque j’ai supervisé l’équipe face à l’USMBA, je ne me souviens pas que Boukhanchouche ait réalisé une excellente partie. Il n’a même pas marqué pour que je puisse dire qu’il a été décisif. Par la suite, je voulais connaitre tout le monde et c’est à ce moment-là que je commençais à y voir plus clair. »
« A chaque fois que j’avais besoin de lui,il était soit blessé soit fatigué »
En allant encore plus loin, le coach estime qu’à chaque fois qu’il avait besoin de Boukhanchouche, il ne le trouvait pas : « Croyez-moi, à chaque fois que j’avais besoin de lui, je ne le trouvais pas. Je me souviens lorsqu’on s’apprêtait à aller à Biskra, il m’avait demandé de le dispenser car il était fatigué. Une fois, après son retour de l’Equipe nationale, il avait raté la reprise. La dernière, il m’a clairement demandé de ne pas compter sur lui, puisqu’il ressentait des douleurs aux côtes. Donc, à chaque fois que je voulais compter sur lui, je ne le trouvais pas. J’ai donc décidé de compter sur des éléments qui étaient souvent disponibles. »
« Il a le même niveau que les autres milieux de terrain »
Pour Youcef Bouzidi, même si Boukhanchouche réalise de très belles prestations en Equipe nationale, c’est loin d’être le cas avec son club. Son niveau est pratiquement le même que celui des autres milieux de terrain : « Je ne vous cache pas, je ne pense pas que Boukhanchouche soit supérieur à celui des autres milieux de terrain. Il a le même niveau que les autres. Et pour preuve, j’ai trouvé des solutions sans lui. Soyons logique, je ne pouvais pas apporter des changements pour l’aligner notamment lors de la demi-finale alors que d’autres joueurs avaient été à la hauteur et avaient contribué à la qualification arrachée en quarts de finale. Je le redis, j’ai pris des décisions qui me semblaient logiques pour que la JSK se maintienne. »
Le rôle de Belkalem : «Lors du premier contact, je savais que je pouvais compter sur lui»
Contrairement à Boukhanchouche, le technicien kabyle a énormément compté sur le capitaine Essaïd Belkalem, qui de l’avis de tous, avait un grand rôle à jouer sur le terrain et même en dehors. Et lorsque nous avons voulu connaitre l’avis de l’entraîneur, il dira : « Lors du premier contact avec lui, je savais que je pouvais compter sur lui. Il m’a rassuré avec ses propos et ses interventions. C’est un joueur d’expérience, qui a souvent discuté avec les joueurs. J’ai énormément compté sur son soutien. »
« C’est un meneur d’hommes, son expérience a fait la différence »
Toujours à propos de l’international algérien, Bouzidi estime que Belkalem est un vrai meneur d’hommes, qui a su servir son équipe avec son expérience : « C’est un meneur d’hommes, son expérience a souvent fait la différence. N’oubliez pas que c’est un mondialiste qui a gagné beaucoup en expérience. Donc, je pouvais compter sur lui les yeux fermés. »
« Je lui ai accordé beaucoup de temps de jeu pour qu’il retrouve son meilleur niveau »
Mais la question que nous avons posée à l’entraîneur est la suivante : Comment vous avez fait pour compter sur un joueur qui manquait terriblement de compétition ? Il rétorque aussitôt : « Oui, je savais qu’il manquait de compétition et pour qu’il retrouve rapidement sa forme, je lui ai demandé de fournir plus d’efforts que ses coéquipiers. Sincèrement, il a appliqué mes consignes et on s’est mis d’accord pour qu’il joue toutes les rencontres afin qu’il soit au top de la forme pour la prochaine Coupe d’Afrique 2019. »
« Je regrette le fait qu’il soit blessé »
Avant de conclure, le coach regrette énormément la blessure que son joueur a contractée en Equipe nationale : « Je regrette la blessure de Belkalem. J’aurais aimé qu’il joue les deux derniers matchs de la saison et gagne 180 minutes supplémentaires. »
Son conseil pour le président : «Il doit convaincre les cadres de prolonger»
Alors qu’il décide officiellement de ne pas poursuivre sa mission avec les Canaris, l’entraîneur Bouzidi a quand même tenu à donner quelques conseils au président Mellal pour que la JSK soit meilleure la saison prochaine. Parmi les points abordés, il mentionne : « La première des choses, Mellal doit restructurer le club avant de passer aux négociations avec les joueurs en fin de contrat. Ceux qui ont contribué au maintien de la JSK méritent d’être prolongés. Je ne peux pas citer les noms mais le président les connait. C’est une étape importante dans l’avenir de l’équipe, il doit prendre les meilleures décisions. »
« S’il ne réussit pas à le faire, d’autres présidents le feront à sa place »
Pour l’ancien entraîneur du NAHD, si Mellal ne peut pas convaincre ses joueurs de rester, d’autres présidents le feront à sa place : « C’est simple, si Mellal souhaite garder l’ossature, il n’aura qu’à discuter avec ceux qui méritent de rester. Il n’a pas le temps à perdre et il doit faire très vite car s’il ne fait pas, d’autres présidents le feront à sa place. »
« Il faut recruter un joueur dans chaque poste »
En ce qui est des postes à renforcer au cas où il serait l’entraîneur la saison prochaine, Bouzidi déclare : « Il ne faut pas se mentir, la JSK aura besoin d’une doublure à chaque poste. Autrement dit, mise à part à un seul compartiment, les dirigeants doivent renforcer l’effectif par plusieurs joueurs afin de relancer la concurrence entre eux. Et c’est ce genre d’initiative qui permet à un élément de se donner à fond pour gagner sa place. »
Les jeunes joueurs : «J’ai discuté avec Guemroud, un bel avenir l’attend»
Lors de son passage à la JSK, Youcef Bouzidi n’a pas donné la chance aux jeunes, notamment ceux qui avaient brillé la saison passée, à l’image de Guemroud, qui n’a pas eu sa chance. Lorsque nous lui avons posé la question, le technicien s’explique : « J’avoue, je ne pouvais pas donner la chance à tout le monde. Nous sommes en fin de saison, je n’avais pas le droit à l’erreur. Je sais que la JSK renferme plusieurs bons joueurs à l’image de Guemroud qui est pétri de qualités. J’ai discuté avec lui pour lui expliquer la situation, je lui ai fait savoir qu’un grand avenir l’attend. »
« Même Renaï est excellent. Si j’étais resté, il n’irait nulle part la saison prochaine »
L’autre joueur qui a tapé dans l’œil du coach et qu’il ne pouvait pas lui accorder une chance, c’est le jeune Anis Renaï. Selon Bouzidi, il figurait sur la liste des joueurs qu’il aurait aimé garder s’il était resté pour la saison prochaine : « Même Renaï est excellent, si j’étais resté, il n’irait nulle part. je l’avais mentionné dans la liste des joueurs que la direction devrait garder. Il y a aussi Tafni, Tizi Bouali et Oukaci. Ils sont tous talentueux. »
Sa relation avec Ekedi : «Il m’a clairement dit qu’il n’avait pas la tête à la JSK, je ne pouvais donc pas compter sur lui»
Alors qu’il pensait pouvoir compter sur lui, l’entraîneur kabyle a finalement décidé de ne plus donner de chance à l’attaquant Steve Ekedi, qui, rappelons-le, a résilié dernièrement son contrat avec la JSK. Et pour savoir la raison qui a fait que Bouzidi ne comptait pas sur lui, nous lui avons posé la question. Il dira : « Lorsque je suis venu, je voulais donner une chance à Ekedi, puisque je n’avais pas d’attaquant. Donc, j’ai décidé de le superviser lors d’u match face aux espoirs. A la fin de la partie, je me suis rapproché de lui pour lui faire quelques remarques. Et c’est là qu’il m’a clairement dit qu’il n’avait pas la tête à la JSK et qu’il n’était même pas concentré. Devant cette situation, j’ai décidé de ne plus compter sur lui. Je lui ai même conseillé de résilier son contrat à l’amiable avec la direction. »
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