Auteur :
Saïd Fellak
samedi 28 avril 2018 09:03
Les sanctions infligées cette semaine par la Commission de discipline envers plusieurs clubs de l’élite, mais aussi des joueurs, à l’image de Hamza Koudri qui ne pourra plus rejouer au football au plus haut niveau avant une année minimum, ont été largement et énormément commentées par les observateurs du ballon rond ici en Algérie. Afin de mettre la lumière sur toutes ces polémiques, nous avons joint par téléphone le président de cette commission de discipline de la LFP, Kamel Mesbah, qui a accepté de répondre à nos questions et d’éclairer ainsi l’opinion publique sur la sévérité de ces sanctions. Entretien :
Les sanctions qu’a infligées la Commission de discipline de la LFP que vous présidez ont été énormément commentées. Beaucoup estiment que c’étaient des sanctions très sévères. Vous répondez quoi ?
On a appliqué les sanctions en fonction de ce que nous dit la réglementation en vigueur. Depuis qu’on a été installés, à savoir le 22 février, on travaille suivant les règlements. On ne fait pas de distinction entre les clubs. Ceux qui fautent, ils doivent payer et c’est tout.
Si vous le permettez, on va évoquer cas par cas ces sanctions. On commence par ce match JSK-MCA de Coupe d’Algérie. Pourquoi avoir attendu près de 15 jours pour rendre le verdict ?
On n’a pas attendu 15 jours. Le match, rappelons-le, s’est joué un week-end. On s’est réunis le lundi d’après comme c’est de coutume. On a ouvert ce dossier et on a découvert qu’il n’y avait pas qu’une seule infraction, mais plusieurs. Donc, on devait convoquer les responsables de tous ces évènements malheureux qui se sont produits et cela prend du temps. On a ouvert une enquête comme le stipule la loi. Après, comme le lundi suivant, il y a la tenue de l’assemblée générale ordinaire de la FAF, les présidents convoqués pour passer en audition ne pouvaient pas venir. Le lendemain, mardi, il y avait le déroulement de la 27e journée du championnat de L1. Par conséquent, Saïfi, Chaâl et Bendebka ont dû être entendus que mercredi. On a fait ensuite les délibérations et on a rendu le verdict jeudi après-midi. Voilà tout.
Le président de la JSK, Cherif Mellal, ne comprend pas cette sanction de trois matchs à huis clos dont un avec sursis infligé à son club. Il estime que les supporters de la JSK se sont bien comportés à Constantine et n’étaient pas mêlés aux incidents qui se sont déroulés…
Il est en droit de dire ce qu’il veut, mais la Commission de discipline avant de rendre un verdict prend en compte toutes les informations. Il y a les rapports de l’arbitre, du commissaire au match et des services de sécurité. On a visionné aussi pas mal de vidéos et de photos. On sait très bien ce qui s’est passé. Il y a eu des échanges de jets de pierres et projectiles entre les deux galeries. Il y a eu des blessés au sein des supporters des deux camps. Même des agents des forces de l’ordre ont été blessés. On s’est donc basés sur l’article 67 de la CD pour notifier que les incidents qui se sont produits étaient graves.
Mais Mellal insiste sur le fait que ces affrontements ont regroupé des supporters du MCA et ceux du CS Constantine…
Ecoutez. On ne peut pas incriminer les supporters du CSC puisque leur club ne prenait pas part à ce match. Le club qui reçoit, c’est la JSK et le règlement est clair sur ça. Le club qui reçoit est responsable de l’organisation du match et de sa sécurité. Il est même responsable de l’emplacement des supporters dans les tribunes. Maintenant, s’il y a des individus qui supportent le CSC, le MOC, l’ESS ou je ne sais qui et qui ont pris place dans la tribune réservée à celle des supporters de la JSK, ce n’est pas de notre faute.
Sofiane Bendebka a été auditionné et sanctionné d’un match ferme suite à une prétendue agression sur un supporter. Certains disent que c’est une sanction plus que clémente. Vous répondez quoi ?
On a bien vu la vidéo où on le voit s’en prendre à ce supporter. On a entendu le joueur et celui-ci a avoué que certes, il avait fait le geste, mais qu’il ne l’a aucunement touché néanmoins. On a vérifié cela et il disait vrai. Nous l’avons du coup condamné pour ce geste. Après, il est important de dire que ce supporter n’avait pas du tout à être sur le terrain à ce moment-là.
Passons à présent au cas qui a fait la polémique, celui de Hamza Koudri. Ce dernier a écopé d’une suspension de deux ans, dont une année ferme suite à une agression sur le commissaire du match CSC-USMA. Pourtant, sur la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, on ne voit pas cette agression…
Il faut savoir que le joueur Koudri a agressé le commissaire au match dans le tunnel qui mène aux vestiaires. La vidéo dont vous parlez, on l’a vue. D’ailleurs, on voit bien que Koudri a voulu s’en prendre à l’arbitre du match, mais il a été empêché par les services de l’ordre. C’est là que le commissaire au match est intervenu pour essayer de le calmer, sauf que le joueur a répliqué en insultant d’abord ce commissaire avant de tenter de l’agresser devant tout le monde. Le joueur est ensuite revenu à la charge dans le tunnel, puisqu’il a frappé ce commissaire de deux coups de poing à la poitrine et par la suite avec ses crampons sur son mollet. Le commissaire au match a rédigé tout ça dans son rapport. Idem pour l’arbitre. Le commissaire au match a ramené par la suite un certificat d’un médecin légiste qui indique un arrêt de travail de plusieurs jours. Du coup, sur ça, la loi est claire. Quand il y a agression envers un officiel : s’il n’y a pas de lésion corporel, on sanctionne d’un an le joueur, mais au cas ou il y aurait lésion, confirmé par un certificat, là, le joueur prend deux ans. Par la suite, on a été cléments avec lui, en lui donnant un an de sursis et un an ferme.
Hakim Serrar, le DG de l’USMA, a déclaré que Koudri ne savait pas qu’il avait affaire au commissaire au match. Il pensait que c’était un dirigeant du CSC…
On a justement dit cela au commissaire au match, qui a de suite démenti ça. Il nous a dit que lorsque l’arbitre a fait l’appel d’avant-match, il l’a vu rentrer dans le vestiaire. Ajouté à cela, ce commissaire, c’est un ancien. Tout le monde le connaît dans le milieu. Le joueur est d’ailleurs censé connaître les officiels. Ce n’est pas une raison en plus et cela ne justifie pas son agression.
De son côté, Raouf Benguit, joueur de l’USMA aussi, a pris 8 matchs de suspension dont 4 avec sursis. Dans le PV, il a été souligné « agression envers officiel ». Il s’agit de l’arbitre, c’est bien ça ?
Oui. Une tentative d’agression envers l’arbitre du match. L’action a commencé au milieu du terrain. Le joueur a commencé à rouspéter envers l’arbitre et lui a fait ensuite un croche-pied. L’arbitre a failli tomber et de suite, il lui a infligé un carton rouge. L’arbitre a ensuite mentionné ça dans son rapport. Il a donc pris 8 matchs dont 4 fermes. Si l’arbitre avait mentionné « agression », le joueur aurait sans doute pris un an de suspension minimum.
Serrar a crié au complot et dit que l’USMA est visée…
On le respecte en tant qu’ancien joueur et comme personnalité sportive, mais qu’il sache qu’on n’a rien contre l’USMA, ni même un autre club. On applique les règlements et c’est tout. Malheureusement, tous les clubs se disent des « victimes » et assurent qu’ils sont visés.
La semaine derniere, le MC Oran a lui aussi crié à la hogra, lui qui estime que les sanctions ont été sévères à son encontre…
Les incidents du match MCO-CRB sont différents de ce qui s’est passé lors du match JSK-MCA. A Oran, il y a eu envahissement de terrain et arrêt du match. Le règlement est clair. L’article 70 dit que lorsqu’il y a envahissement de terrain qui conduit à l’arrêt du match, les sanctions infligées au club fautif sont : Match perdu sur tapie vert. Les trois points vont à l’adversaire et quatre matchs à huis clos fermes. Pourquoi ensuite, nous avons rajouté la suspension du terrain, car il y a eu multiplication d’infractions. Au niveau des tribunes, il y a eu une mêlée générale entre supporters et jets de projectiles. Aussi, le vestiaire de l’arbitre et c’est ce qui est invraisemblable a été bâti à l’extérieur de l’enceinte. Les supporters ont du coup saccagé ce vestiaire et ont volé tous les affaires personnelles des arbitres.
Vous avez été installé il y a deux mois et demi. On sent un changement dans la sévérité des sanctions par rapport à l’ancienne commission. Doit-on comprendre que c’est un message que vous voulez passer aux acteurs de notre football ?
On n’est pas là pour passer des messages et je ne trouve pas qu’on est sévères. Je le répète, on n’applique que les règlements. Comme vous l’avez sans doute remarqué, on a très souvent utilisé le sursis et cela pour ne pas être trop sévère justement. Ce qui est certain, c’est qu’on n’a lésé personne. On explique tout dans les PV, avec les articles des lois à l’appui.
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