Feghouli: «Si on se la joue perso face aux Belges, on va droit dans le mur»

Durant les deux zones mixtes organisées par les Belges depuis leur arrivée au Brésil, nous avons pu rencontrer certains confrères belges et on peut vous dire que s’il y a un joueur qu’ils craignent par-dessus tout c’est bien Sofiane Feghouli. Non pas que l’équipe algérienne n’a que lui en attaque, mais surtout parce que c’est le seul titulaire dans une grande équipe européenne. «Vous avez vu sa fin de championnat à Valence ?», nous ont dit nos amis belges. «Il défend bien, attaque, et surtout percute devant, et notre défense est très physique, il peut nous faire beaucoup de mal», nous ont-ils encore dit. La rencontre avec Feghouli hier en zone mixte était une belle occasion de connaître son point de vue sur cette situation. Et comme il fallait s’y attendre, il a répondu à ces louanges avec une grande modestie : «Pour bousculer cette équipe de Belgique, il faut beaucoup d’humilité. Si on se la joue perso, on va droit dans le mur». Une belle leçon que vous allez découvrir dans cette interview.  

Quel est l’état d’esprit du groupe actuellement ?

Le groupe est impatient de commencer cette compétition. On a vu hier le match d’inauguration dans une merveilleuse ambiance. On va profiter de ces derniers jours pour corriger nos lacunes et nous tenir prêts face à cette belle équipe de Belgique.
Quand vous voyez la Croatie tenir tête au Brésil, ne dites-vous pas qu’il y a un bon coup à jouer face aux Belges ?
Non, je ne pense pas que la Belgique soit vraiment supérieure à cette équipe de Croatie, une belle équipe avec de très bons joueurs. Ils méritaient d’ailleurs autre chose que la défaite face au Brésil. On a vu un match serré avec énormément d’intensité. Il y aura beaucoup d’enseignements à tirer pour nous les Algériens.
Les Belges, notamment la presse, pensent que le vrai danger pour leur défense c’est Feghouli. Est-ce  une motivation pour vous ou est-ce une manière de vous déconcentrer ?
Ecoutez, ce que disent les Belges, ce n’est pas du tout mon problème. Ils ont certainement étudié le jeu de l’Algérie, comme nous avons étudié le leur, leurs qualités, leurs points forts, leurs points faibles. On tâchera donc de bien travailler tout ça comme on l’a fait jusqu’à présent et d’arriver prêts dans ce mondial. Après, ce qui se dit dans la presse ne nous intéresse pas. On est concentrés pour bien débuter le Mondial, car on sait que le premier match est important. On est une équipe inexpérimentée comme je l’ai dit, mais on a un groupe qui regorge de talents, on n’a donc rien à perdre. Il faut penser collectif, solidaire. C’est la seule manière de créer un exploit ici, à savoir la victoire ou le match nul. Si on se la joue perso, on va droit dans le mur.
Allez-vous vous appuyer sur le match de la Roumanie ? Est-ce votre match référence ?
Ecoutez, on n’a jamais affronté une équipe du calibre de la Belgique depuis que je suis en sélection. La Roumanie, je pense que c’est la meilleure équipe qu’on ait eu à affronter jusqu’à présent. Si on doit tirer des enseignements, ce sera de notre seconde mi-temps où on a joué comme on le voulait et où on a fait de très belles choses. Même tactiquement, on a bien bloqué l’adversaire. Si on doit parler de référence, ce sera notre seconde mi-temps.
Vous dites que, depuis que vous êtes en sélection, l’Algérie n’a jamais joué contre une équipe du calibre de la Belgique. Mais nos joueurs évoluent tous dans de grands championnats et côtoient chaque week-end le haut niveau…
C’est vrai que, individuellement, on a beaucoup de joueurs qui évoluent dans de grands championnats et qui sont habitués à affronter de grands joueurs. Mais, collectivement, on n’a pas encore affronté un gros calibre. Et cela peut être un handicap pour nous par rapport à l’inexpérience des joueurs. Cela dit, on n’a peur de personne, en toute modestie.
Notre flanc droit pose problème et on l’a vu face à l’Arménie et la Roumanie. Avez-vous travaillé dessus pour corriger les lacunes ?
Vous voulez dire défensivement ?
Oui, défensivement.
Je ne suis pas d’accord avec cette façon de voir les choses, parce que le problème défensif concerne les onze joueurs et pas seulement un. On l’a vu en première mi-temps contre l’Arménie et en seconde période contre la Roumanie où on était bien en place défensivement. Maintenant, il faut faire 90 très bonnes minutes et pas seulement une mi-temps, et ne pas avoir des passages à vide aussi longs. Le travail défensif c’est le travail de tous, de l’attaquant de pointe jusqu’au gardien de but.
Quelles pourraient être les clés du match face à la Belgique ?
L’humilité, la concentration et surtout profiter de la moindre occasion pour la mettre au fond, parce qu’on ne va pas en avoir 50 000. On doit être bien compacts, solidaires l’un avec l’autre, parce qu’ils ont des joueurs de talent, qui peuvent faire la différence à tout moment.
Dans quel état physique se trouve Feghouli ? Êtes-vous prêt pour le 17 juin face à la Belgique ?
J’ai tout fait ici pour arriver frais à la Coupe du monde. On a bien travaillé, mais je ne sais pas encore si je vais être prêt pour la Belgique ou pas, on verra le jour J. Je ne peux pas dire aujourd’hui comment je serai, mais quoi qu’il en soit je vais mouiller le maillot comme je le fais depuis ma première sélection en Gambie. Ça ne va rien changer à ma motivation et je donnerai toujours le meilleur de moi-même pour apporter un plus à l’équipe.
Comment est l’entente avec Mahrez, le nouveau venu ?
On n’a pas joué beaucoup de matchs ensemble, mais on s’est quand même bien entendus. J’espère qu’on se trouvera biens surtout lors des matchs de Coupe du monde. Les rencontres amicales servent à ça, à trouver les automatismes. J’espère qu’on fera la différence.
Le fait d’être éloigné un peu des supporters algériens ne vous met-il pas une pression supplémentaire ?
Pas vraiment, non. Quand on joue en Algérie, oui, il y a une très grosse pression. La vraie pression c’est que chaque joueur sait qu’il y a derrière lui 40 millions d’Algériens qui l’attendent. Et chaque joueur va mouiller son maillot pour faire plaisir à tout ce peuple.
Qu’est-ce que ça vous a fait de vous entraîner devant les supporters algériens l’autre jour ?
C’est toujours bien de couper un peu avec la routine. Ça fait vraiment plaisir de se savoir soutenus si loin de notre pays, mais ça ne change rien à nos objectifs.
L’horaire du match (13h) constituera-t-il un avantage pour les Algériens ?
On voit que le climat est africain ici, en plus les terrains sont secs, mais on ne peut pas dire qu’on sera avantagés par rapport à nos adversaires. J’espère que, grâce à ça, l’une des équipes africaines créera l’exploit.
Que pensez-vous de la présence de Gourcuff au match face à la Belgique ?
Je ne peux pas parler de quelqu’un qui n’est pas là. Il y a un coach qui est là, il ne faut pas lui manquer de respect. Si ça se trouve, il va prolonger.
Quel est le message de Vahid Halilhodzic aux joueurs ?
Il n’y a pas de message particulier. Il nous demande juste de rester concentrés, parce qu’il y a en face de nous des joueurs de talent, capables de faire la différence à tout moment.
 

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