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vendredi 08 avril 2016 15:53
Depuis quelques années, la Premier League attire régulièrement les meilleurs joueurs de la planète en quête de nouveaux défis. Malgré une concurrence accrue sur leurs terres, rares sont les joueurs anglais à tenter leur chance à l'étranger. Glenn Hoddle fut l'un des premiers à se lancer à la conquête de l'Europe. Sur le continent, son style de jeu unique et son exceptionnel talent lui valurent la reconnaissance, à la fin des années 80 et au début des années 90.
Difficile cependant d'évoquer la carrière de Glenn Hoddle sans parler des 18 années passées à White Hart Lane. Sous les couleurs de Tottenham Hotspur, son club formateur, il accumule les titres prestigieux : une Coupe UEFA, deux FA Cups et un Charity Shield. Aujourd'hui encore, nombre de supporters des Spurs repensent avec nostalgie à cette époque dorée où Osvaldo Ardiles, Garth Crookes, Chris Waddle, Gary Mabbutt et Clive Allen formaient l'une des équipes les plus spectaculaires jamais vues en Angleterre.
Souvenirs, souvenirs...
Pourtant, comme il l'avoue au micro de FIFA.com, Hoddle a soudain ressenti le besoin de changer d'air, après deux décennies passées dans le nord de Londres. "Je n'avais connu qu'un seul club dans ma carrière, un peu comme Steven Gerrard. J'étais arrivé à Tottenham à 11 ans et j'en avais alors 29. J'ai connu mes plus belles années là-bas. Puis, je suis parti à Monaco et j'ai rencontré Arsène Wenger. J'ai vécu des moments extraordinaires là-bas. J'ai gagné le championnat et un titre en Europe. Mais je crois que c'est surtout la découverte du football continental qui a changé ma vie."
Véritable surdoué, il s'impose rapidement comme l'un des meilleurs meneurs de jeu du Vieux Continent. Dès son plus jeune âge, son sens du but lui permet de poser d'énormes problèmes aux défenses adverses. Les supporters de Tottenham voient en lui une véritable icône et apprécient sans modération ses qualités techniques, son extraordinaire toucher de balle et la justesse de ses passes. Malheureusement, la mauvaise qualité des terrains anglais et la brutalité de certains défenseurs perturbent parfois son expression.
Le manque de reconnaissance dont Hoddle a souvent souffert en Angleterre a souvent laissé Wenger songeur. À en croire le technicien français, le seul tort de son meneur de jeu était tout simplement un peu trop en avance sur son temps. Ancien gardien de but et capitaine de Monaco, Jean-Luc Ettori n'a jamais caché son admiration pour son ancien coéquipier : "Pour nous, Glenn, c'était tout simplement le Bon Dieu." Loin de Tottenham, Hoddle se découvre une deuxième famille. La France s'éprend de ce footballeur hors du commun, qui le lui rend bien.
"Quand je suis arrivé en France, j'ai été agréablement surpris en découvrant que l'on mettait l'accent sur la technique. Pour moi, c'était un changement salutaire. J'ai dû m'adapter mais j'ai trouvé cette expérience très enrichissante. Elle m'a permis de poursuivre ma progression. Là-bas, tout était différent : le mode de vie, le football… mais cela me convenait parfaitement. Je crois que certains joueurs gagneraient beaucoup à tenter l'aventure."
Curieusement, Hoddle ne parviendra jamais à s'imposer comme un titulaire indiscutable en équipe d'Angleterre, malgré deux participations à l'UEFA EURO et à la Coupe du Monde de la FIFA. Avec le recul, il impute cet échec au 4-4-2 pratiqué par la majorité des entraîneurs à cette époque. "Je suis tout de même très fier des 53 sélections que j'ai accumulées. C'est toujours un plaisir de jouer pour son pays. Pour un joueur, il n'y a pas de plus grand honneur que de représenter son pays en Coupe du Monde. Aujourd'hui encore, j'en garde d'excellents souvenirs."
Hoddle a notamment fait partie de l'équipe qui s'est inclinée (2:1) en quart de finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1986 contre l'Argentine. À ce titre, il était aux premières loges pour assister à deux des moments les plus marquants de l'histoire de la compétition : le but d'anthologie de Diego Maradona et sa "main de Dieu". Les années ont passé mais pas la déception, d'autant que les Three Lions avaient commencé à se prendre au jeu.
"Cette élimination est d'autant plus amère que, si nous avions gagné, je pense sincèrement que nous aurions remporté la compétition. Je pense que c'est la main de Maradona qui a fait basculer le sort de la rencontre, plus que son but extraordinaire. Nous avons pourtant eu l'occasion de revenir au score. Gary Lineker doit encore se demander comment il a pu rater une occasion pareille en toute fin de match !"
Après avoir raccroché les crampons, Hoddle s'est lancé dans le métier d'entraîneur. Passé par Chelsea et Tottenham, il a également mené l'équipe nationale en huitième de finale de la Coupe du Monde de la FIFA, France 1998. Ironie du sort, c'est à nouveau l'Argentine qui s'est dressée sur sa route, un soir de juin à Saint-Étienne. Désireux de s'investir dans la formation, il a depuis délaissé les bancs de touche pour se tourner vers d'autres activités.
Pour en arriver là...
Tout au long de sa carrière de manager, Hoddle a dû mettre fin au rêve de nombreux jeunes joueurs qui n'avaient pas tout à fait le niveau pour évoluer en équipe première. Conscient du potentiel gâché par certains clubs, il s'est installé en Andalousie pour y créer la Glenn Hoddle Academy. "Je trouve dommage d'abandonner tous ces jeunes à 18 ou 19 ans. Avec un peu de temps, d'efforts et de maturité, ils pourraient aller beaucoup plus loin. Voilà quelque chose que j'aimerais changer."
Quatre ans après sa conception et deux ans après son ouverture, le centre de post-formation fonctionne à merveille. Le choix de s'installer en Espagne n'est pas uniquement lié aux conditions climatiques, c'est aussi l'occasion pour ces jeunes joueurs d'élargir leurs horizons. "Je suis passé par là et je sais ce que ça représente pour eux. Ce n'est pas évident de partir travailler à l'étranger mais je crois que cette expérience leur permet de réfléchir différemment à leur avenir."
L'institution commence déjà à se faire un nom. Ancien attaquant de Wycombe, le jeune attaquant Ikechi Anya a rejoint le FC Séville après neuf mois passé à l'académie. Pendant ce temps, la GHA a conclu un partenariat avec Jerez Industrial, une équipe de la région en proie à de graves difficultés économiques. Hoddle s'est donc engagé à fournir gratuitement au club 22 joueurs par saison, afin de lui permettre de retrouver une certaine compétitivité.
Cette nouvelle approche de la post-formation semble trouver un écho très favorable dans le monde du football. Hoddle se prépare désormais à travailler sur le long terme, avec le secret espoir de produire un jour des joueurs susceptibles de signer dans de grands clubs européens. "Nous sommes là pour leur donner une deuxième chance. Cela demande beaucoup d'argent, de temps et de patience mais notre objectif est de leur donner une chance de retrouver un club. Les choses ne se font pas du jour au lendemain mais cette aventure nous procure beaucoup de plaisir."
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