MOB : Geiger : «J’ai démissionné à cause d’un actionnaire influent»

Deux jours après avoir pris la décision de quitter ses fonctions d’entraîneur en chef du Mouloudia de Béjaïa, Alain Geiger est sorti de son mutisme et s’est expliqué sur les raisons l’ayant poussé à démissionner de son plein gré, bien que, sur le plan sportif, la situation soit loin d’être alarmante. Alain Geiger parle donc de l’ingérence des dirigeants ou, pour être plus précis, d’un membre influent au sein du conseil d’administration du club qui a tenté de s’immiscer dans le volet tactique. Le technicien suisse raconte en effet des incidents très graves qui se sont passés avant le match de la JSK et même le match du CSC où les choses avaient dégénéré, accusant même ce dirigeant qu’il qualifie d’influent, d’avoir déstabilisé les joueurs. Voici l’entretien, on vous laisse le soin de le découvrir.

Une décision surprenante que celle que vous avez prise. Confirmez-vous votre démission à la tête de la barre technique du Mouloudia de Béjaïa ?
Oui je le confirme. Ça a été une décision mûrement réfléchie. Je me suis réuni dimanche, soit le lendemain de la rencontre MOB-CSC, avec le président et je lui ai remis ma démission écrite. Jusque-là, j’ai toujours été quelqu’un de très correct avec tout le monde au club. Il y a des choses qui n’ont pas marché et qui n’ont pas de lien avec le volet sportif. Dommage !
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à prendre cette décision ?
J’ai pris cette décision dans mon intérêt et dans l’intérêt du MOB aussi. Pour réussir dans un club, il faut que l’entraîneur soit protégé et soutenu par l’ensemble des dirigeants. Or, moi j’avais une opposition à l’intérieur du club. Je ne pouvais donc pas travailler dans un tel climat et avec des opposants. Pour moi, il fallait que je me débarrasse d’une telle situation.
De quelle opposition parlez- vous ?
Ecoutez, au MOB les choses sont complètement différentes par rapport aux autres clubs. Il y a le président Ikhelef avec son équipe dirigeante, mais il y a les actionnaires qui ont eux aussi leur mot à dire. Là, moi je n’avais pas de bons rapports avec certains mais c’était à la limite. Néanmoins, le courant ne passait pas du tout avec l’un d’entre eux.
Est-ce que les actionneurs se sont opposés à votre travail où bien ont-ils tenté de s’immiscer ?
Non, ce n’est pas ça. Le climat est malsain. Si on prend l’exemple des deux matchs disputés à domicile, on a fait une première réunion avant d’affronter la JS Kabylie et les choses ne se sont pas bien déroulées au cours de cette réunion. J’ai d’ailleurs claqué la porte au cours de cette réunion et je l’ai quittée. Puis, vient cette fameuse réunion d’avant match du CS Constantine où ça a tourné à la bagarre générale. Moi, je suis quelqu’un de professionnel. Si je suis venu au MOB, c’est pour apporter un plus. Et puis, je n’ai pas de temps à perdre à me bagarrer à chaque fois avec les dirigeants. Je n’ai pas de temps à perdre et je ne voulais pas m’amuser à me disputer tout le temps avec eux. En plus de ça, trouvez- vous normal qu’on se bagarre le vendredi soit la veille du match alors que l’équipe a besoin de plus de sérénité ! On avait une rencontre très importante où il fallait s’imposer pour rester collés au haut du tableau. Finalement, on a perdu toute cette sérénité la veille du match. C’est inconcevable et inadmissible.
Pouvez-vous citer des noms ?
Non, je ne citerai aucun nom. Vous pouvez appeler le président Ikhelef et c’est lui qui peut citer les noms. Il est au courant de tout ce qui s’est passé. Je vous dis ça amicalement. J’explique pourquoi j’ai démissionné mais je ne veux pas trop polémiquer là-dessus. Avec les joueurs, ça s’est très bien passé puisqu’on a fait du bon boulot durant la préparation et le stage d’intersaison a été une réussite totale. Maintenant, ce que je n’arrive pas à comprendre c’est pourquoi cet acharnement contre moi de la part des dirigeants. Pourquoi toute cette pression en permanence ? Si un entraîneur n’est pas soutenu par ses dirigeants, il ne réussira jamais, ça c’est une règle.
A-t-on tenté de vous imposer certains joueurs ou quoi alors ?
Non, je ne dis pas ça. Je ne dis pas qu’on a tenté de m’imposer certains joueurs car si c’était le cas, je serai parti depuis très longtemps. Moi, on ne m’impose jamais rien. Mais en réalité, les gens discutaient mes choix tactiques et techniques. On parlait beaucoup tactique alors qu’à ma connaissance, il s’agit du travail du staff technique. Et je pense que cela fait partie de l’ingérence. De plus, ça a beaucoup débordé après le nul face au CSC avec certaines personnes et moi je n’ai pas apprécié. Ça ne m’encourageait plus à travailler. Je pense que c’était trop. Alain Geiger n’effectue pas son premier passage en Algérie. J’ai beaucoup travaillé dans ce pays et, là où je suis passé, je n’ai jamais eu de problèmes avec les grands responsables. Bien au contraire, j’avais d’excellents rapports avec les dirigeants et j’ai laissé une bonne image de moi. Il n’est pas de mes habitudes d’entrer en conflit avec les dirigeants.
On évoque aussi une histoire de solidarité avec votre assistant, Mesmoudi…
Non, lui il n’a rien à avoir. Ecoutez, quand je me suis engagé à la tête du Mouloudia de Béjaïa, j’avais une clause dans mon contrat indiquant que j’avais le droit d’engager un assistant. J’ai donc engagé Saïd Mesmoudi qui a travaillé à mes côtés. Mais à un moment donné, on ne se sentait pas bien. On se sentait indésirables et on en avait marre des problèmes. Si l’un ou l’autre est attaqué, la responsabilité est la même.
Un sentiment de déception après cette expérience avec le MOB ?
Oui, ma déception est immense parce que je pars sur un goût d’inachevé. J’ai commencé un travail que je ne peux continuer. Je pars aussi parce que l’échec n’est pas sportif. Vous êtes bien placé pour le savoir, lorsqu’un entraîneur quitte un club, généralement c’est à cause des résultats. Or, le MOB n’a pas encore perdu en championnat et je pense que cela démontre qu’on a fait quand même du bon travail. La déception, c’est que je pars par rapport à un conflit avec une personne. On est tous les deux responsables de cet échec. Moi, j’ai une responsabilité parce que je n’ai pas su le gérer et lui, il a la responsabilité de n’avoir pas compris. En quelque sorte, c’est à nous deux qu’incombe cette responsabilité. Comme je vous ai dit, j’ai laissé une très bonne image dans tous les clubs où je suis passé.
Vous dites lui. Cela veut dire que vous aviez un problème avec une seule personne seulement, c’est ça ?
A vrai dire, oui. Je n’avais de problème avec personne. Seulement, je ne m’entendais pas avec une seule personne et c’est à cause de cela que je pars du MOB. Vous savez, cette personne est très influente dans le club et c’est elle qui prend les décisions importantes où beaucoup ne peuvent pas s’y opposer. Donc, il vaut mieux que je parte. Je suis désolé, je ne peux pas vous en dire plus.

Articles Connexes :

• (Terminé) MC Alger 2-2 MO Béjaia
• Dahouche veut quitter le MOB
• MOB : Yao Kouassi Martial à pied d’œuvre
• MOB : Benali : «Le public du MOB m’a toujours impressionné»