ESS : Hammar reconnaît ses erreurs

Dans une interview qu’il nous a accordée hier lundi, le président de l’ESS Hassan Hammar a reconnu qu’il avait commis certaines erreurs dans la préparation et la gestion de l’intersaison tout en assumant seul la responsabilité de l’élimination de son équipe en Ligue des champions africaine, car pour lui, l’Entente est éliminée et qu’il n’y a pas lieu de faire des calculs.
« J’assume seul la responsabilité de l’échec»
« Il faut être réaliste, dit-il, il ne faut pas rêver et on ne doit pas s’accrocher à des probabilités ou à des calculs pour se faire de faux espoirs. Je suis réaliste et je considère que nous sommes éliminés de cette compétition. » Hammar, comme indiqué plus haut, ne fuit pas ses responsabilités : « Je suis le seul et l’unique responsable de cet échec car je suis le premier responsable du club. Si on m’a attribué le mérite du sacre de 2014, je me dois d’assumer seul l’échec de 2015. » Il explique, en effet, que c’est lui qui a choisi l’entraîneur et les joueurs et que c’est lui qui a mis en place la stratégie à adopter depuis le début de la préparation de la nouvelle saison. Le président ajoute qu’il n’a pas su gérer le nombre de licences africaines en utilisant 27 au mois de janvier, tout en reconnaissance qu’il avait commis une erreur en ne prolongeant pas à temps Lagraâ et Demou qui ont, rappelons-le, fini par quitter le club. « Aussi, il y a des imprévus qui nous ont sérieusement pénalisés, comme la blessure de Zerara et celle de Demou qui n’ont pas pu jouer les trois premiers matchs », a-t-il souligné, et d’ajouter : « Mais il ne faut pas chercher à justifier notre élimination, je ne parlerai même pas de l’arbitrage, car c’est chez nous que nous avons été éliminés en perdant cinq précieux points. »
« Il y a sept à huit joueurs qui n’ont plus le niveau de l’Entente et doivent quitter le club»
Le premier responsable du club, tout en énumérant les raisons de ce début de saison catastrophique, a tenu à faire remarquer qu’il y a des joueurs « qui n’ont plus le niveau de l’équipe. Sept à huit joueurs n’arrivent plus à se hisser au niveau de l’Entente, ils n’ont pas évolué en dépit du fait qu’ils étaient là lors du sacre africain remporté la saison passée. Ils ne sont plus en mesure de donner ce qu’on attend d’eux ». « Je suis aujourd’hui convaincu, après les quatre matchs que nous avons joués en phase de poules, que les joueurs en question n’ont plus le niveau de porter et de défendre les couleurs de l’ESS par rapport aux défis qui attendent le club», explique-t-il. Toujours à ce sujet, le président de l’Entente nous révèle que les joueurs qui ne peuvent plus apporter un plus vont quitter l’équipe en deux groupes de trois ou de quatre, d’abord au mercato d’hiver puis en fin de saison. « Nous allons discuter de cela avec le staff technique pour situer les priorités et voir qui on pourrait libérer au prochain mercato et qui devra rester jusqu’à la fin de la saison », fait-il savoir. Hammar ne va pas avec le dos de la cuillère pour mettre en exergue le niveau actuel des éléments en question : « Il y a des joueurs qui se voient toujours comme des champions d’Afrique, ils ne sont pas revenus à la réalité, et pendant ce temps-là, ils ont été dépassés par les événements. Aujourd’hui, ils sont devenus une charge financière pour le club alors que lorsqu’ils sont sur le terrain, on a même l’impression que l’équipe est amoindrie numériquement tellement ils sont transparents. »
« Rares sont les clubs qui gagnent deux fois de suite un titre continental »
Mais pour se faire une bonne conscience et pour diminuer de l’impact de cette crise de début de saison, Hassan Hammar a indiqué qu’il est très difficile et très compliqué de pouvoir conserver un titre continental que ce soit en Afrique, en Europe ou en partout ailleurs, « car la pression devient énorme sur le tenant du titre qui sera appelé à confirmer sa victoire face à une concurrence plus rude de la part des autres équipes. Rares sont les équipes dans le monde qui parviennent à gagner deux fois de suite un titre continental ». Il ajoute : « Vous n’avez qu’à voir l’histoire et le parcours de l’Entente en championnat. L’ESS a attendu 51 ans après l’Indépendance pour pouvoir gagner deux championnats consécutifs en 2012 et en 2013. Auparavant, on gagnait un championnat tous les vingt ans, mais aujourd’hui, et Dieu merci, nous sommes parvenus à remporter cinq titres en neuf saisons. » Toujours en voulant se faire une bonne conscience en ne regardant que le côté positif, Hammar rappelle aussi : « Dans mon mandat en cours, j’avais prévu d’atteindre la finale de la Ligue des champions africaine en 2016, mais nous sommes parvenus à faire mieux en jouant cette finale en 2014 et en la gagnant en plus, sans oublier la Supercoupe d’Afrique que nous avons décrochée face à un géant de l’Afrique qui est Al Ahly.»
« Depuis que je suis à la tête du club, j’ai toujours refusé le chantage des joueurs »
Par ailleurs, en poursuivant son analyse de la situation actuelle, Hassan Hammar ne comprends pas pourquoi on lui reproche de n’avoir pas accepté les exigences financières de certains joueurs dont le départ a été fortement ressenti, à l’image de Lagraâ et Demou. « Depuis que j’ai pris la tête du club en 2011, ma politique était de ne pas céder devant les exigences de certains joueurs tout en essayant de préserver le groupe et la stabilité financière du club. Cela a donné des résultats puisque depuis quatre ans, l’Entente est au- devant de la scène, que ce soit à l’échelle nationale ou à l’échelle continentale. Comment peut-on dire aujourd’hui que l’échec est dû au départ de Lagraâ et Demou ? Qu’on le veuille ou non, l’ESS n’a pas les moyens d’offrir des salaires mirobolants à ses joueurs. Je ne peux pas octroyer de gros salaires aux joueurs et me retrouver ensuite face à une crise financière sans fin », rappelle encore une fois Hammar.
« Si Lagraâ, Demou et Younès avaient été avec nous, je ne pense pas qu’on aurait fait mieux »
Toujours à ce sujet, le président de l’Entente dit : « Beaucoup de gens et beaucoup de supporters focalisent sur les départs de Demou, Lagraâ et Younès. En ce qui concerne Lagraâ, je ne pouvais pas lui donner 220 millions, car les autres joueurs allaient certainement demander le même salaire, chose qu’on ne peut pas leur octroyer. Aussi, il faut savoir que l’entraîneur a un avis là-dessus. Lagraâ, pour rappel, avait refusé de jouer comme arrière gauche au match retour face à l’USMA alors qu’on l’avait ramené pour évoluer à ce niveau. Pour Demou, je rappelle qu’on a trouvé un accord avec lui mais c’est lui qui est parti. Il ne faut pas oublier aussi que les supporters disaient qu’il n’avait joué que 13 matchs des 50 disputés par l’ESS durant la saison. Concernant Younès, je rappelle aussi qu’il a joué trois des quatre matchs qu’on a livrés cette saison et le résultat tout le monde le connaît. Et je ne pense que si ces trois joueurs avaient été là on aurait fait mieux. » Hammar a terminé cet entretien en faisant savoir qu’il comprend parfaitement la réaction des supporters et leur colère : « Même moi je suis en colère et très déçu !»
 

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