Raouraoua : «Bahlouli, Benrahma et d’autres nous intéressent, et non je n’ai pas peur de revivre le cas Fekir»

Comme pour chaque début de saison, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, s’est longuement exprimé pour l’émission «Football Magazine» de la Chaine III. Interrogé par notre confrère Maâmar Djebbour, le patron du football algérien a fait le tour de l’actualité et évoqué plusieurs sujets importants relatifs justement au fonctionnement du ballon rond en Algérie. Evidemment, le sujet de l’Equipe nationale a été évoqué durant cette interview. Raouraoua a fait d’ailleurs une annonce assez importante en révélant la décision du milieu de terrain, Medhi Lacen, de prendre sa retraite internationale et de se consacrer désormais uniquement à son club de Getafe. Une décision qui était dans l’air depuis plusieurs semaines et que Le Buteur a été le premier à annoncer quelques jours seulement après le tournoi du mois de mars dernier, au Qatar. «Je vous annonce aujourd’hui que Lacen a décidé de mettre fin à sa carrière internationale. On va bien évidemment le ramener en Algérie afin de lui rendre hommage. C’est un grand monsieur et a été un grand capitaine de la sélection. Je me souviens que je suis allé le chercher en 2009. Je le remercie pour tout ce qu’il a pu apporter à l’Equipe nationale.»
«Les demi-finales à la CAN 2017, ça sera notre objectif minimum»
Par ailleurs et sans ambiguïté, Mohamed Raouraoua a parlé des objectifs des Verts à la prochaine CAN 2017 qui aura lieu au Gabon. «Le minimum sera bien évidemment d’atteindre le dernier carré. Tout le monde se souvient des conditions difficiles qu’on a eu à affronter en Guinée équatoriale lors de la précédente édition. Nous avions surtout manqué de chance. Je me dis que si nous n’avions pas pris ce but du Ghana en fin de match, on aurait pris un autre chemin des quarts de finale, celui-ci plus facile, mais bon !»
«Bahlouli, Benrahma et d’autres nous intéressent, et non je n’ai pas peur de revivre le cas Fekir»
Le président de la FAF a aussi révélé pour la première fois que des jeunes talents qui émergent outre-mer à l’image de Bahlouli (AS Monaco) et Benrahma (OGC Nice) pourraient rejoindre les Verts très prochainement. «Nous suivons avec attention certains joueurs qui sortent du l’eau actuellement à l’image de Bahlouli, Benrahma et autres», déclarera-t-il avant d’ajouter : «Et non, je n’ai pas peur de vivre avec eux le même scénario du cas Fekir. Je l’ai dit et je le redis. S’il y a un joueur qui veut défendre les couleurs algériennes et que son cœur bat pour le pays, bienvenue à lui. Celui qui n’a pas ça, n’a qu’à rester chez lui et c’est tout. Les joueurs qui ont accepté de rejoindre la sélection algérienne ont tous fait de gros sacrifices pour venir».
«Gourcuff fait bien son travail et attendez-vous à des surprises à partir du prochain match»
Raouraoua enchainera : «Nous avons une très bonne équipe et nous essayons d’intégrer progressivement de nouveaux jeunes de qualité. Christian Gourcuff s’est bien adapté et fait bien son travail. Attendez-vous à des surprises à partir du prochain match, mais aussi les rencontres amicales à venir».
«Notre objectif est d’aller régulièrement à la CAN et au Mondial et dès maintenant nous avons commencé à préparer nos déplacements de novembre et mars»
Raouraoua assure qu’au niveau de l’organisation, la FAF est irréprochable. «Je peux vous dire que nous préparons déjà notre déplacement en Ethiopie prévu en mars prochain. Même le match de novembre que nous jouerons soit en Tanzanie ou bien au Malawi (2e tour éliminatoire du Mondial 2018), nous avons commencé à le préparer. Nous nous attelons à préparer notre hébergement et tout». Et d’insister : «Le travail n’est jamais terminé pour nous. Notre objectif est d’aller régulièrement à la CAN et au Mondial. Si on rate ça, c’est que quelque chose n’a pas fonctionné».
«Les matchs amicaux face à la Guinée et le Sénégal nous permettront de voir de nouvelles têtes et plus de joueurs locaux»
Le patron de la fédération a confirmé la tenue des deux matchs amicaux face au Sénégal et la Guinée au mois d’octobre prochain. «Je confirme que nous allons affronter la Guinée et le Sénégal en amical ici en Algérie. Ces deux matchs permettront au coach de voir des joueurs locaux, mais aussi de jeunes joueurs prometteurs issus de la Ligue 2 française ou de Ligue 1.»
«Heureux que je ne sois plus dans le comité exécutif de la FIFA»
Par ailleurs, Raouraoua est revenu sur le scandale qui a ébranlé la FIFA dernièrement. «A vrai dire, je suis heureux de ne plus être maintenant dans ce comité exécutif de la FIFA. L’image de l’instance mondiale a toujours été écornée par les scandales de corruption et c’est dommage. On a essayé de donner une bonne image de la FIFA, mais les faits sont là et sont vérifiés. J’espère qu’avec le futur président, on ne parlera que du football et sa progression. Il faut que cette instance redevienne propre et transparente.»
 

Il s’explique sur l’interdiction de recruter des joueurs étrangers

«Cette décision n’a rien à voir avec l’austérité que connaît le pays»

Récemment, la FAF a pris la décision d’interdire à partir du prochain mercato le recrutement des joueurs étrangers. Une décision qui n’a pas manqué de soulever un tollé. Mohamed Raouraoua n’a pas été épargné par les critiques et voilà qu’hier il s’est longuement expliqué sur cette décision. «Déjà, je tiens à dire que cette décision n’a rien à voir avec l’austérité que connaît le pays. Ce n’est pas en interdisant le recrutement des joueurs étrangers qu’on sauvera l’économie du pays. C’est toute une organisation qu’il faut revoir et surtout réglementer certaines choses. Un joueur étranger doit payer lui aussi ses impôts. Il doit être assuré et ce n’est pas à l’Etat de payer pour les erreurs des clubs.»
«Il est inadmissible qu’un joueur étranger perçoive un salaire net de 280 millions alors qu’il ne jouait pas avant»
«Je trouve inadmissible la décision d’un club algérois de recruter et de donner surtout un salaire de 280 millions de centimes à un joueur étranger alors qu’il ne jouait pas la saison passée avec son club. J’ai parlé aux dirigeants de ce club et je leur ai dit ce que j’en pensais», dira-t-il avant d’ajouter : «Figurez-vous qu’un joueur étranger a été payé toute la saison dernière, mais n’a pas joué la moindre minute. Pourquoi les ramener, les payer en devises pour, au final, ne pas les faire jouer ?!»
«Nous avons longtemps protégé les clubs et je rappelle qu’il est illégal de recourir au marché parallèle pour payer ces joueurs»
«Nous avons dit stop car on ne pouvait plus continuer ainsi. Il faut savoir aussi que les joueurs étrangers qui viennent ici, ne sont pas protégés dans leur vie quotidienne. Ils ne sont pas payés régulièrement et on ne leur donne pas de logements décents. Ajouté à cela, ils ne disposent pas de carte de séjour pour la plupart. Le pire, c’est que les présidents de club recourent au marché parallèle pour les payer, et cela est illégal. Nous avons longtemps protégé les clubs, mais là, basta ! »
«La FAF a payé plus de 92.000 euros représentant les indemnités de formation d’un joueur recruté par le MOB. Si nous ne l’avions pas fait, nous aurions été obligés de défalquer 3 points au club»
Pour illustrer les raisons qui ont contraint sa tutelle à prendre cette décision, Raouraoua a cité cet exemple : «Je vous informe aussi que la FAF a dû payer à un petit club malien les indemnités de formation d’un joueur étranger recruté par le MOB. La FIFA nous a demandé de défalquer trois points au MOB à cause de ça, mais nous ne l’avons pas fait puisque nous nous sommes acquittés à la place du club d’une somme de plus de 92.000 euros».
«En un an et demi, nous avons payé plus d’un million de dollars
à la place des clubs»
«Les gens doivent savoir que nous ne sommes pas contre la présence des joueurs étrangers dans notre championnat, bien au contraire. Nous voulons juste les protéger et, désormais, nous protéger aussi. En un an et demi, nous avons payé plus d’un million de dollars à la place des clubs.»  
«Désormais, nous ne payerons plus en devises et nous appliquerons
les sanctions prononcées par la FIFA contre nos clubs »
Raouraoua est semble-il bien déterminé dans sa démarche et prévient à ce propos les dirigeants des clubs. «Désormais, la fédération ne payera plus en devises à la place des clubs. Si la FIFA nous envoie des sanctions, nous les appliquerons dans la journée. Tout le monde est averti.»
«Des clubs ont ramené des joueurs qui n’ont jamais été internationaux»
«Nous sommes convaincus que des clubs ont recruté des joueurs étrangers qui n’ont jamais été internationaux auparavant. On leur a ramené des certificats de complaisance afin qu’ils soient qualifiés pour jouer chez nous. Cependant, ça va changer désormais. Tout dossier devra passer par la FAF et si jamais on constate qu’un dossier est faux, nous porterons plainte.»
«La situation est différente pour les entraineurs étrangers»
Si les clubs ne peuvent plus engager de joueurs étrangers, ils pourront cependant toujours ramener des entraineurs étrangers. Un paradoxe que Raouraoua tente d’expliquer : «Non, c’est différent. Un entraineur étranger vient avec un visa de travail. C’est la même chose pour un travailleur étranger dans une entreprise algérienne. Les clubs ouvrent des comptes à la Banque d’Algérie pour les payer et suivent la réglementation normale».  
 

Au sujet du professionnalisme

«L’Etat sanctionnera tout président qui n’ouvrira pas le capital de son club»

Par la suite, Mohamed Raouraoua a abordé la question du professionnalisme des championnats de Ligue 1 et Ligue 2, qui vont aborder leur sixième année. Le patron de l’édifice de Dély Brahim a prévenu les présidents de club.
«Cette saison, l’Etat va sanctionner les présidents qui refuseront d’ouvrir le capital de leur club. Cette sanction sera définie dans le prochain cahier des charges. Le ministère de la Jeunesse et des Sports étudie actuellement les dossiers.»

 «La FAF a beaucoup aidé financièrement les clubs»
«Le professionnalisme en Algérie progresse doucement, beaucoup moins que ce que nous espérions. Il faut un environnement économique stable et important pour l’évolution du professionnalisme au sein de nos clubs. A titre d’exemple, en France, ça fait 70 ans que le professionnalisme a été instauré. La FAF a réussi un travail remarquable ces dernières années en augmentant de manière très importante les droits télé (70 milliards de centimes) et en appliquant le naming du championnat. Cela a beaucoup aidé financièrement les clubs.»

 «Je ne comprends pas qu’on donne un salaire de 200 millions à un joueur alors que le club est endetté»
«La ressource humaine, c’est la plus grosse faiblesse de notre championnat. On dépense l’argent de manière anarchique et certains ne manquent pas de dilapider l’argent de l’Etat. Je ne comprends pas non plus qu’on donne un salaire de 200 millions et plus pour un joueur alors que le club est en difficulté financière.»

« Des présidents viennent taper aux portes de la FAF et la LFP pour demander de l’argent. Je leur dis, si vous n’avez pas les moyens, laissez la place aux autres »
Raouraoua n’est pas tendre avec certains présidents. «J’estime que les présidents qui n’ont pas les moyens financiers pour payer leurs joueurs et assurer la gestion de leurs clubs doivent laisser leurs places à d’autres personnes. Ils viennent souvent taper aux portes de la FAF et de la LFP pour avoir de l’argent. Ils demandent des avances sur les droits télé notamment. Ça ne doit pas continuer ainsi.»
 

«Ce sont les walis qui se chargeront de construire les centres de formation»

Alors que c’était le ministre de la Jeunesse et des Sport qui devait dans un premier temps veiller à la construction des centres de formation, Raouraoua a indiqué que ce ne sera pas le cas finalement.
«Le ministère n’a pas pu le faire, ce sont les walis qui vont se charger de construire les centres de formation des clubs. En attendant que cela se fasse, nous avons commencé  à former les entraineurs pour ces centres. La ressource humaine technique sera disponible.»
«Ce n’est pas normal que nos clubs partent se préparer en Tunisie »
Et de poursuivre : «Ce n’est pas normal que la plupart de nos clubs partent en Tunisie pour se préparer. Ce n’est pas normal qu’un pays comme l’Algérie ne dispose pas de centres pareils. Le CTN de Sidi Moussa, nous l’avons nous-mêmes modernisé et avec nos propres moyens, sans le moindre sou du contribuable.»
«Je suis heureux pour l’USMA»
Enfin, le président de la FAF a souligné la belle performance de l’USMA en Ligue des champions et l’émergence de nos clubs dans cette compétition. «Cela démontre la progression de certains de nos clubs. Que ce soit l’ESS ou bien l’USMA, c’est des habitués. L’ESS a réussi à remporter le trophée l’an dernier, mais a trouvé du mal cette année. Je suis heureux pour l’USMA et c'est dommage pour le MCEE.»
 

 Les clubs avertis

«Nous serons plus sévères cette saison pour lutter contre la violence»

Comme à chaque fois, le sujet de la violence est abordé dans cette longue interview d’avant-saison. Et Mohamed Raouraoua est bien décidé à lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans nos stades. «La violence concerne tout le monde. Les gens qui gèrent les infrastructures sportives, les supporters et les clubs. Les collectivités locales doivent mettre à niveau leurs infrastructures et améliorer l’accueil des supporters et leur sécurité. Le public doit être correct et aider le service d’ordre. Je peux vous dire que nous sommes déterminés à combattre cette violence et nous serons encore plus sévères, cette saison.»
«Les dirigeants des clubs doivent éviter les déclarations fracassantes sous peines d’être lourdement sanctionnés»
« Nous serons encore plus sévères aussi contre les dirigeants des clubs qui font des déclarations fracassantes dans les médias. Que chacun assume ses responsabilités, et toute dérive verra son auteur lourdement sanctionné», a-t-il prévenu.
S. F.

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