Ligue 1 & 2

Kamel Abdeslam : «En 1983, je m’étais baissé pour attacher mon lacet parce que la touche était pour nous, pas pour le MCA»

«J’aurais aimé disputer une finale de coupe contre le Mouloudia» «Mon meilleur souvenir contre cette équipe : notre victoire en 1981 à Bologhine»

Auteur : Farid Aït Saâda lundi 21 avril 2014 03:03

 

«Quitte à ne pas bien jouer, la JSK doit gagner le 1er Mai»

 

«Aïboud joue comme moi ? C’est au public d’en juger»

«En 1984, Picon nous avait privés de la Coupe d’Afrique»

«En 1986, la CAF nous avait trahis»

Kamel Abdesselam est l’un des rares joueurs de la JS Kabylie à avoir gagné deux Coupes d’Afrique des clubs champions et un doublé. Ayant débuté comme ailier gauche, il avait été reconverti en milieu récupérateur, après le départ de Rachid Baris. Il a été de la grande époque des années 80, celle des titres et des confrontations chaudes contre le MC Alger. Justement, un reproche lui est fait jusqu’à présent : il avait été involontairement derrière le troisième but, celui de la victoire et de la qualification, inscrit par le Mouloudia lors du fameux match de Coupe d’Algérie entre les deux équipes en 1983. Il s’en explique.

 

Qu’inspirent les confrontations entre la JSK et le MCA au footballeur retraité que vous êtes ?

Cela m’inspire beaucoup de souvenirs. De très bons et de très mauvais. En tout cas, c’était de vrais matchs de football, intenses, disputés et engagés. Nous les joueurs comme les supporters des deux clubs et les Algériens de manière générale attendions impatiemment ces matchs.

Vous avez parlé de très bons et de très mauvais souvenirs. On présume que le plus mauvais souvenir pour vous, à titre personnel, est la défaite concédée face au Mouloudia en Coupe d’Algérie en 1983 ?

(Sourire triste) Effectivement. J’ai encore du mal à digérer cette défaite parce que c’est la JSK qui méritait de gagner ce jour-là, en toute objectivité. Nous avons dominé durant la majorité du temps et eu les meilleures occasions de scorer. Malheureusement, nous avons perdu bêtement, sur une faute d’inattention.

Justement, vous avez été l’auteur de cette faute d’inattention en vous baissant pour attacher le lacet, alors que vos coéquipiers faisaient la ligne…

C’est vrai, je ne le nie pas, mais je ne l’avais pas fait sur un simple coup de tête. Le lacet de mon soulier était défait et j’attendais un arrêt de jeu ou une possession de balle en notre faveur pour le refaire. Le ballon était sorti en touche et je peux vous assurer que c’était un joueur du Mouloudia qui l’avait touché en dernier, ce qui fait que la touche devait être pour nous. C’est ce que je croyais et c’est pour ça que je m’étais baissé derrière les défenseurs  pour attacher le lacet. Or, l’arbitre avait accordé la touche au MCA. La touche a été faite rapidement et Mahiouz, si mes souvenirs sont bons, avait lancé Bencheikh dans le dos de la défense alignée. Comme j’étais derrière les défenseurs, j’avais cassé le hors-jeu sans le vouloir et Bencheikh était allé marquer tranquillement. Je le répète encore une fois : la touche était en notre faveur.

Vous criez donc à l’injustice ?

Il ne sert à rien de dénoncer une injustice. Je suis juste en train d’expliquer ce qui s’était passé. On pensait que j’avais été négligeant en attachant mon lacet en plein match, derrière une défense alignée, mais c’était loin d’être de la négligence. C’était un geste calculé qui s’appuyait sur le fait que la touche était normalement en notre faveur. Cela dit, on ne va pas refaire l’histoire.

C’est ce détail qui vous a laissé ce mauvais souvenir ?

Non, il n’y a pas que ça. Comme je l’ai dit, nous avons dominé le match. Et puis, il y avait une affluence record. De mémoire de joueur, je n’avais jamais vu un tel monde dans un stade en Algérie. Il y avait peut-être autant de monde dehors que dans les gradins ! C’était dommage de perdre un tel match, surtout de cette manière.

Vous avez parlé également de bons souvenirs contre le MCA. Lequel a été le meilleur pour vous ?

La victoire obtenue au stade de Bologhine 1-2 en 1981. Comme à chaque match entre les deux clubs, le stade était plein à craquer et la confrontation intense. Les deux buts inscrits par la JSK avaient été identiques : corner tiré par moi-même et tête de Ali Benlahcène «Tchipalo». C’était l’un de nos meilleurs matchs face au Mouloudia.

Est-ce que c’est pour ce genre de matchs qu’on veut être footballeur ?

Oui, c’est sûr. Dans tous les championnats de football, il y a des confrontations qui sont attendues par le public. Les matchs entre la JSK et le MCA en faisaient partie et il y avait toujours du monde au stade. Ils ont pimenté ma carrière qui a été quand même riche de plusieurs titres.

Quand même, malgré ces multiples confrontations entre les deux clubs, jamais il n’y a eu une finale de Coupe d’Algérie. Pensez-vous que celle du 1er Mai prochain sera historique ?

Oh, oui ! Sincèrement, j’aurais aimé disputer une finale de Coupe d’Algérie avec la JSK contre le Mouloudia. Pour la gagner, cela s’entend (rire) ! Je pense que ce sera effectivement un moment historique. J’espère que les jeunes de la JSK seront à la hauteur et sauront gérer les débats.

Pensez-vous que la JSK sera à la hauteur ?

Dans une finale, le plus important n’est pas de bien jouer, mais de gagner. J’en connais un bout avec notre match de 1983 contre le MCA : la JSK avait dominé, mais l’histoire a retenu que c’est le Mouloudia qui s’était qualifié. Donc, l’histoire ne retiendra que le vainqueur. J’espère que ce sera la JSK. Il faut que les joueurs montrent plus de motivation que leur adversaire sur le terrain. Je pense surtout qu’il faudra oublier la victoire du championnat. Les Mouloudéens voudront se racheter et c’est pour ça que les Kabyles devront jouer comme s’ils n’avaient jamais battu leur adversaire. En tout cas, il est clair que la JSK doit sauver sa saison en remportant la coupe.

Le jeune Samir Aïboud constitue l’une des révélations de la saison. Grâce à ses capacités de bien défendre au milieu et ses qualités de dribble et de débordement sur la gauche, ne rappelle-t-il pas Kamel Abdeslam ?

(Rire) Je ne saurais le dire. Ce sont aux observateurs de juger. Je l’ai vu jouer et c’est vrai qu’il joue dans un registre similaire au mien. Il a des qualités, c’est indéniable, mais l’expérience m’a appris que les qualités intrinsèques, seules, ne suffisent pas. Il faut les travailler afin de progresser. Aïboud est un jeune prometteur, mais il faut absolument qu’il continue à travailler. L’erreur pour lui serait de croire qu’il est arrivé.

Il présente l’avantage d’être un universitaire. Peut-être que ça lui donne plus de maturité…

On m’a dit, en effet, qu’il est à l’université. C’est tout à son honneur d’avoir su concilier sport et études. J’espère qu’il continuera sur cette voie et qu’il réussira sur les deux tableaux.

Durant votre carrière, vous souvenez-vous de problèmes entre la JSK et le MCA ?

Non, jamais, à l’exception de ce qui était arrivé entre notre gardien de but, Mourad Amara, avec le regretté Abdelhamid Kermali lors du match de 1989 à Tizi Ouzou. C’était le seul incident notable survenu et lors j’étais présent. Sinon, jamais, je dis bien jamais il n’y a eu de problèmes entre les joueurs et même les supporters. Certes, les matchs étaient intenses, la rivalité était très forte et on ne se faisait pas de cadeau, mais c’était dans les limites de la sportivité et du fair-play. Une fois le match terminé, on se saluait et chacun rentrait chez lui.

Durant votre riche carrière et les 13 ans que vous avez passés en seniors à la JSK, y a-t-il quelque chose que vous regrettez ?

Je regrette surtout l’injustice dont nous avons été victime en Coupe d’Afrique des clubs champions en 1984. Nous avons été éliminés injustement par Zamalek en demi-finale, alors que nous avons été meilleurs et que le qualifié de cette double confrontation allait remporter le trophée.

Vous parlez de l’histoire de la boîte à chique qui avait fait refaire un corner au Zamalek qui lui avait permis de marquer un but à Tizi Ouzou (3-1 pour la JSK, ndlr) ?

Non, je ne parle pas de ça. Là, c’était un fait de match et nous l’avons accepté. Je parle de ce qui s’était passé au match retour, au Caire. Nous tenions bien le coup dans le match et nous pouvions même marquer. Malheureusement, l’arbitre mauricien, Sydney Picon, a avantagé le Zamalek de façon flagrante en expulsant injustement Rachid Baris. C’était flagrant ! Cela m’est resté en travers de la gorge jusqu’à ce jour. Cette année-là, c’est nous qui devions être champions d’Afrique.

En 1986, vous écrasiez tout sur votre passage et tout le monde disait que c’était cette année-là que vous deviez remporter la Coupe d’Afrique des clubs champions, mais vous avez été éliminés en quart de finale par l’Espérance de Tunis. N’est-ce pas paradoxal ?

Non, parce qu’il faut se mettre dans le contexte de l’époque. Au départ, les huitièmes de finale étaient programmés au mois d’avril. Puis, afin de permettre aux sélections africaines qualifiées pour le Mondial-86 de bien se préparer, ils avaient été reportés au mois de septembre. Or au mois de juin, la CAF avait annoncé que les huitièmes étaient finalement programmés pour le mois de juillet ! Nous, joueurs, étions en vacances et nous avons été rappelés en urgence pour jouer contre l’ES Tunis. Nous avons fait juste une préparation de deux semaines, ce qui est insuffisant quand on rentre de vacances. Malgré ça, nous avons tenu tête à l’Espérance (victoire 2-1 à l’aller, défaite 1-0 au retour, ndlr). Voilà ce qui s’est passé. La CAF nous avait trahis. C’est regrettable !

Publié dans : mca JSK coupe d'algérie Kamel Abdesselam

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