Auteur :
S. B.
mardi 21 avril 2015 20:41
Certains avaient tenté, à un moment donné, de minimiser du mérite de l’ESS lorsque les Sétifiens avaient brandi il y a quelques mois le sacre africain en laissant entendre que la précédente édition de la Ligue des champions n’était pas d’un niveau assez relevé par rapport aux éditions précédentes et que l’Entente avait bénéficié durant son parcours d’un facteur chance qui l’a propulsée jusqu’en finale. Ces mauvaises langues se sont tues lorsque l’ESS a accueilli le géant de l’Afrique, Al Ahly d’Egypte, en le battant sur le terrain en finale de la Supercoupe d’Afrique. Et en remettant son titre en jeu à l’occasion de cette nouvelle édition de la Ligue des champions, l’Entente n’a pas été gâtée par le tirage au sort qui lui a été réservé d’emblée, dès sa deuxième sortie, le Raja de Casablanca, le club le plus populaire du Maghreb et l’une des équipes les plus ambitieuses dans cette compétition. Il n’était guère facile et pas du tout évident d’affronter le club marocain dans son antre. Dimanche dernier, ce sont 75 000 Rajaouis, acquis à la cause du Raja, qui se sont entassés dans les gradins du stade Mohammed-V pour donner de la voix à leurs favoris face à des Sétifiens qui ne payaient pas de mine à première vue, en dépit de leur statut du tenant du titre. Il n’y a pas beaucoup d’équipes dans le monde qui peuvent drainer une foule aussi impressionnante comme il n’y a pas beaucoup de formations non plus qui ne soient pas déstabilisées ou impressionnées par une telle ambiance. Mais l’Entente et son jeune entraîneur sont restés de marbre, pas du tout intimidés. Ils étaient sûrs d’eux et convaincus qu’ils n’auront affaire qu’à onze joueurs sur le terrain à qui ils n’avaient rien à envier. Bien au contraire, c’est leur adversaire et son peuple qui devaient les craindre et ils n’ont pas tardé, au milieu de cet enfer, à le leur faire savoir avec un sans-froid déroutant lorsque Benyettou a fait trembler les filets d’Askry faisant taire le peuple vert. Le même Benyettou, nullement troublé et avec une lucidité incroyable remettra ça en seconde période avant que les Rajaouis n’arrachent un nul précieux et inespéré sur un penalty pas très évident. Messieurs, l’Entente a grandi ! Elle a mûri et il va falloir compter avec elle sur la scène africaine.
Une expérience et un savoir-faire acquis à travers de longues années d’expérience
Ce n’est pas un hasard si les Sétifiens parviennent aujourd’hui à mater les meilleurs du continent. Le club, à travers ses multiples expériences sur la scène internationale et ses nombreux échecs, a su aujourd’hui comment en titrer profit. Avec ses différents encadrements, l’ESS fait aujourd’hui la différence avec son savoir-faire à tous les niveaux lorsqu’il s’agit d’une compétition continentale, que ce soit au niveau de la gestion des matchs ou sur le plan des préparatifs des différents déplacements où le moindre détail est pris en compte. Sur le terrain, les joueurs ont de leur côté accumulé une grande expérience pour gérer n’importe quelle pression dans n’importe quel stade d’Afrique. Pour bien illustrer cet état de fait, et pour ceux qui ne la savent pas encore, en 23 matchs de suite en compétition africaine, l’Entente n’a perdu que deux fois, et l’une des deux défaites ne l’avait même pas empêché d’arriver en finale de la dernière édition. Aussi, l’ESS reste invincible devant les clubs des pays arabes du continent depuis dix matchs et c’est ce qui prouve, si besoin est, sa suprématie à ce niveau.
L’Entente s’est d’abord forgé une personnalité et un statut au niveau national
A l’échelle nationale, l’ES Sétif a commencé d’abord par se forger une forte personnalité et se faire un statut de champion, celui d’une équipe qui n’est là que pour jouer les titres. Depuis 2006, les Sétifiens ne sont pas descendus du podium du championnat. Chaque saison, ils jouent le titre, et quand ils n’y parviennent pas, ils sont soit sur la deuxième marche, soit sur la troisième. En Coupe d’Algérie, l’équipe s’est qualifiée à six reprises en demi-finale durant les sept dernières éditions où elle a remporté deux fois le trophée en plus.
Aujourd’hui, c’est l’ESS qui fait les joueurs et non le contraire
Pourtant, à chaque fin de saison, l’équipe connaît une importante hémorragie avec le départ de ses meilleurs éléments. Depuis 2011, pas moins de 50 joueurs avaient quitté le club, mais cela n’a nullement influé sur les résultats sur le terrain. Cela avait intrigué les observateurs. Comment une équipe qui perd 6 à 7 de ses meilleurs éléments, parfois plus, et qui fait appel à de jeunes joueurs inconnus au bataillon et sans aucune expérience, parvient à maintenir le cap et à rafler les titres ? La réponse est simple : aujourd’hui, c’est l’ESS qui fait les joueurs et non le contraire. Donc, après avoir acquis ce statut d’un éternel prétendant au titre et cette forte personnalité à l’échelle nationale, l’Entente a fait de même par la suite sur le plan continental à travers ses nombreuses participations dans les différentes compétitions africaines où l’équipe de Aïn Fouara est présente d’une manière régulière depuis 2008.
Les Coupes arabes et Coupes de l’UNAF, vous vous en souvenez ?
Il n’y a pas que ça. Cette forte personnalité sur la scène africaine a été également forgée à travers d’autres participations, dans d’autres manifestations régionales et arabes, sans doute sans grande importance sur le plan sportif, mais sur d’autres plans, elles ont été très bénéfiques au club, comme la Coupe arabe, la Coupe de l’UNAF ou le championnat de l’UNAF, des compétitions qui ont fait qu’aujourd’hui, le club de Sétif, avec ses différentes structures, sait comment gérer les situations les plus difficiles sur le plan international. A l’époque, certains, et ils étaient nombreux, pensaient que l’ESS perdait son temps en prenant part à ces compétitions.
Madoui : « Certains de nos joueurs ont déjà 40 matchs internationaux dans les jambes»
Interrogé après son brillant match à Casa face au Raja et au sujet des raisons qui ont fait que l’Entente ait pu tenir en échec l’équipe marocaine sur son terrain et devant son « peuple », Kheireddine Madoui a fait savoir que cela est dû essentiellement à l’expérience de son équipe. « Notre groupe a acquis aujourd’hui une grande expérience sur les terrains africains. Surtout les joueurs qui sont avec nous depuis 2013 à l’image de Delhoum, Lagraa, Lamri, Khedaïria et d’autres. Ce sont des joueurs qui ont plus de 40 matchs internationaux dans les jambes et ce n’est pas rien. Et avec l’expérience que les autres éléments ont acquise à leur tour, nous avons aujourd’hui une équipe qui a de la personnalité et de l’envergure à l’échelle continentale, c’est ce qui lui permet de gérer n’importe quelle situation qui paraît compliquée au départ », explique le jeune technicien sétifien.
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