Equipe d'Algérie

Antar Yahia : «Le fait que Lorient souffre après son départ prouve que Gourcuff est un excellent entraîneur»

«L’élimination des Verts face à la Côte d’Ivoire n’est pas due à l’occasion ratée par Soudani.»

Auteur : Hamza Rahmouni jeudi 26 mars 2015 20:02

Profitant de sa présence ici à Doha pour se soigner à Aspetar, nous l’avons sollicité pour une interview et il a accepté. Antar Yahia ou le héros d’Oum Dourmane, celui qui a permis à l’équipe d’Algérie de retrouver la Coupe du monde 24 ans après sa dernière participation. Dans l’entretien qui suit, Antar Yahia revient sur plusieurs sujets, notamment la participation de l’Algérie à la CAN 2015.  
Tout d’abord, Antar, on vous remercie d’avoir accepté de nous accueillir ici à Doha. On aimerait avoir vos nouvelles à la suite de cette blessure puisque vous vous soignez à Aspetar.
En premier, c’est moi qui vous remercie de m’avoir invité à passer ce moment avec vous. Pour ce qui est de mes nouvelles, elles sont plutôt bonnes. Je me prépare pour retrouver la compétition. J’ai contracté une déchirure au niveau de la cuisse et j’essaye de retrouver les terrains le plus vite possible.
Y a-t-il un espoir de vous voir retrouver la compétition avant la fin de l’actuel exercice ?
J’espère bien retrouver la compétition avant la fin de la saison. Je souhaite vivre quelques moments avec le groupe. Je passe des moments très difficiles à cause de cette blessure, mais je n’ai pas le choix, je dois l’accepter car cela fait partie du destin. Les terrains me manquent terriblement.
Ça a été un coup dur pour vous, sans doute ?
Oui, évidemment. Je me suis engagé avec Angers dans le but de l’aider dans son projet. Malheureusement, j’ai pris une grosse blessure durant la préparation, puis j’ai rechuté.  Je me suis donc fait opéré. Et vous savez, après une opération on est toujours soumis à une longue période de rééducation. J’espère en tout cas que cette galère prendra fin prochainement.
Parlons des Verts. Vous êtes toujours attaché à cette sélection nationale, n’est-ce pas ?
Oui, bien sûr. C’est quelque chose de normal à mon avis. Qu’on soit joueurs ou même entraîneur, on restera très attachés à cette équipe nationale. Moi, personnellement, j’ai passé des moments vraiment inoubliables en sélection. Mais loin de là, je reste toujours un fidèle supporter de la sélection puisque c’est l’équipe de mon pays.
Vous êtes le héros d’Oum Dourmane, la sélection a beaucoup changé par rapport à cette époque.
Oui, c’est vrai, mais je reste comme je vous ai dit toujours un fidèle supporter de l’EN. C’était aussi une fierté immense d’avoir eu l’occasion et la chance de servir mon pays. Je reste attaché bien sûr à l’EN. Lorsqu’il y a de bons résultats, je suis naturellement très content. Dans le cas contraire, on est parfois chambrés et taquinés par nos amis africains.
Vous avez été déçu après l’élimination en quart de finale durant la dernière CAN ?
Déçu oui, parce que je voulais que l’EN aille le plus loin possible dans cette compétition, mais ça s’est joué sur des détails face à une bonne équipe de la Côte d’Ivoire. Tous les Algériens souhaitaient que l’EN puisse remporter cette Coupe d’Afrique. Néanmoins, on possède une équipe très jeune, qui a tout l’avenir devant elle. Je pense qu’on a le temps pour remporter cette CAN. Je pense aussi que la délocalisation de ce tournoi vers la Guinée équatoriale à la dernière minute n’a pas été en notre faveur. Tout le monde connait le football qu’on pratique et la délocalisation nous a joué un vilain tour.
Qu’est-ce qui a manqué à l’EN pour remporter la CAN, sachant que c’était la favorite en puissance ?
Écoutez, cela ne veut rien dire. En Afrique, il y a des détails, par exemple les conditions de jeu sur lesquelles il faut beaucoup compter. Ces conditions peuvent parfois être en notre faveur, d’autres fois contre nous. Face à la Côte d’Ivoire, ces conditions ont été contre nous et c’est pour cela qu’on a été éliminés. Mais il faut laisser du temps à cette équipe, je suis persuadé qu’elle pourra faire beaucoup de choses. Actuellement, le groupe est en train de grandir ensemble et d’acquérir de l’expérience et c’est très important.
Et si nous parlions du volet technique ?
Je n’aimais pas parler de ça lorsque j’étais joueur et maintenant je ne souhaite pas en discuter aussi, même si je ne fais plus partie de l'EN. Donc, je ne peux pas apporter un jugement. Dans le football, parfois les choses marchent bien, d’autres fois, non. En 2013, l’Algérie a été éliminée avec Halilhodzic au premier tour, mais elle a réussi à se qualifier en Coupe du monde.
Justement, beaucoup pensent que la participation algérienne en 2015 est nettement meilleure que celle de 2013.
Oui, bien sûr. On peut même faire les comptes. Celle de 2015 a été meilleure que celle de 2013. La participation de 2013 est une des plus mauvaises participations algériennes en CAN… Malheureusement, oui. Mais il faut savoir que le fait d’avoir maintenu l’entraîneur a permis à la sélection de se qualifier en Coupe du monde. Il y a quelque chose de positif quand même.
Les spécialistes estiment que face à la Côte d’Ivoire, ce but raté à bout portant par Soudani a été le tournant du match.
Non, je crois que c’est trop exagéré de dire ça. Écoutez, Soudani a certes raté un but, mais cela peut arriver à n’importe quel moment. Je ne pense pas que c’est à cause de cette occasion ratée. Les conditions en Afrique sont souvent difficiles, parfois elles sont de notre côté et d’autres fois contre nous. Face aux Éléphants, elles n’étaient pas à notre avantage. C’est tout. Les Ivoiriens ont eu plus de chance que nous, c’est ce qui explique leur victoire, sans pour autant qu’ils aient dominé le match. L’Algérie a été meilleure que la Côte d’Ivoire sur le terrain, prenez les statistiques du match et vous le constaterez. Les conditions en Afrique et en Europe ne sont pas les mêmes.
Vous avez parlé de la différence des conditions de jeu entre l’Afrique et l’Europe. Il semble qu’avec votre expérience, vous êtes le mieux indiqué pour faire une comparaison.
Oui, les conditions de jeu sont carrément différentes. Il suffit de regarder à la télévision pour tout comprendre. En Afrique, il y a le taux d’humidité qui est souvent très élevé. Parfois, on a 90% lors d’un match et pendant quinze minutes seulement, on voit les images des joueurs marqués. En Europe, on ne les voit pas marqués, même pendant la mi-temps. Après, il y a des joueurs qui peuvent s’adapter facilement à ces conditions-là, d’autres ont besoin de plus de temps. Maintenant, je pense qu’il faudra leur laisser le temps pour qu’ils puissent s’y habituer, apprendre et acquérir de l’expérience. On possède une équipe jeune, pétrie de talent, qui n’a besoin que de temps.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette équipe nationale, version Gourcuff ?
Entre Halilhodzic et Gourcuff, chacun a sa propre stratégie. Avec Vahid par exemple, l’EN procédait par des contre-attaques assez rapides et dangereuses, même si on jouait avec un seul attaquant de pointe. L’avantage est qu’on avait des joueurs de couloir assez rapide. Halilhodzic voulait consolider le secteur défensif avec une sentinelle. On avait l’impression que l’EN jouait avec trois défenseurs, surtout avec Carl Medjani réputé pour son impacte physique. Avec Gourcuff, c’est une autre stratégie. On joue l’attaque pour marquer. J’espère qu’on aura la réussite.
Beaucoup aussi ont critiqué Gourcuff à cause du fait qu’il soit resté fidèle à son 4-4-2 durant la CAN.
Écoutez, Christian Gourcuff est un très bon entraîneur. D’ailleurs, depuis son départ de Lorient, le club souffre. Ce n’est pas moi qui fais le constat, ce sont les faits qui sont là. Cela démontre qu’il réalisait un travail remarquable avec le club lorientais. Puis chaque entraîneur a sa propre stratégie de jeu. On ne peut rien dire sur ce sujet car c’est le sélectionneur qui connaît parfaitement son groupe. Mais ce n’était pas tout le temps le 4-4-2. Parfois, c’était un retour au 4-2-3-1 avec un Yacine Brahimi qui descendait jusqu’en bas pour récupérer la balle.
Est-ce que l’excellent parcours durant les éliminatoires de la CAN 2015 puis la phase finale sont une marque de réussite pour l’EN ?
Évidemment ! On ne peut pas gagner des matchs en Afrique sans qu’il n’y ait du jeu et du travail fait. Cela démontre que l’équipe a progressé. En termes de points, c’était presque un sans-faute pour l’Algérie, ce qui n’est pas rien. Maintenant, il faut laisser encore du temps à cette équipe pour qu’elle progresse encore et passe à une autre étape.

 

Il a refusé de s’exprimer au sujet de Fekir
Pour l’ancien capitaine des Verts, le sujet de Nabil Fekir qui a choisi de porter le maillot de la France au lieu de celui de l’Algérie est carrément clos. En effet, Antar Yahia a refusé au cours de l’interview d’en discuter, estimant qu’il en avait déjà parlé. Le héros d’Oum Dourmane a décidé de ne plus accorder d’importance à cette affaire.

Publié dans : Halilhodzic gourcuff Brahimi Antar Yahia

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