Auteur :
Saïd Fellak
mercredi 02 avril 2014 23:29
Qui mieux que l’illustre entraîneur, Guy Roux, pour faire découvrir Christian Gourcuff, probable futur sélectionneur national, aux algériens. Joint par nos soins, l’ancien coach emblématique de l’AJ Auxerre a bien voulu répondre à nos questions à ce propos.
Christian Gourcuff est fortement pressenti pour prendre en main la sélection algérienne après la prochaine Coupe du Monde. Vous qui êtes le doyen des entraîneurs français et qui connaissez assez bien le technicien. Parlez-nous un peu de lui…
Alors, retenez bien. Valeur moral, irréprochable, droiture et compétence. C’est un entraîneur apprécié par ses joueurs, notamment pour sa franchise. Il connaît le foot sur le bout des doigts. Il a de l’expérience, puisqu’il entraîne depuis plus de 20 ans maintenant. Il a fait de Lorient l’un des premiers clubs français, niveau qualité de jeu ; alors qu’auparavant, le club n’arrivait jamais à se maintenir en première division.
On dit de lui que c’est un fin tacticien ; vous confirmez ?
Ce dont je suis sûr, c’est que je suis moins tacticien que lui. C’est un amoureux du collectif et un adepte du jeu dans les pieds. Je pense que son style convient très bien à un pays comme l’Algérie. Il est plus porté sur un football latin ou même maghrébin. Vous ne le verrez pas en Allemagne ou bien aux Pays-Bas.
Si on comprend bien, il a toutes ses chances de réussir avec l’Algérie ?
Les Algériens, comme les Français, ne sont pas des gaillards. Ils sont généralement assez petits de taille et aiment jouer surtout dans les pieds. Je sais qu’en Algérie, on aime beaucoup la technique et soyez sûr qu’avec Christian, vous serez servis.
Parlez-nous maintenant de l’homme, de sa personnalité…
C’est un breton ; donc un homme discret. On pourrait presque croire qu’il est timide. Il peut paraître renfermé, mais ne prenez pas sa réserve pour autre chose. C’est sa nature et ce n’est nullement un défaut. Il a de très bonnes relations avec les journalistes ici, et ils en sont conscients.
L’Algérie ne prendra-t-elle pas beaucoup de risques en engageant un entraîneur qui n’a, jusque-là, jamais pris en main une sélection ?
Vous savez, dans le football, il y’a toujours des risques à prendre. Un coach, quand il prend une sélection africaine, qu’est-ce qu’on lui demande ? Et bien, de se qualifier à la CAN et de faire un bon tournoi ensuite. De conduire la sélection au Mondial et de le réussir aussi. S’il échoue, il est en danger. Dans un club, ça se passe presque ainsi.
Des clubs français s’intéressent beaucoup à lui. On parle de Bordeaux. Qu’en pensez-vous ?
Oui, cela peut être vrai. Je ne suis pas au courant de ces petits secrets, mais ce que je peux vous dire, c’est que Gourcuff est très estimé en France.
Vous dites qu’il est très estimé en France, mais on ne l’a jamais vu prendre en main un grand club, tels Marseille, Paris, Lyon ou même Monaco. Pourquoi ?
Tout simplement parce que c’est un entraîneur intelligent. Il sait que s’il part à Marseille ou dans un autre grand club, il en a pour deux ans au maximum. Alors qu’à Lorient, il bosse à son aise et fait un travail de fond. Il me ressemble un petit peu, car moi aussi j’ai toujours préféré rester dans un club modeste, où il n’y pas trop d’argent, mais où je peux tout faire et tout me permettre.
On finira par cette question : récemment, vous avez déclaré au journal «Le Parisien» que Samir Nasri était victime de ses origines et qu’en France, on avait tendance à différencier les joueurs à travers, notamment, leurs noms. Comment peut-on interpréter ces propos ?
C’était surtout une question extra-sportive. Les français n’ont pas à 100% le respect qu’ils devraient avoir pour les autres peuples. On peut trouver cela aussi dans d’autres pays. Moi, je ne suis pas comme ça. Moi, je suis un humaniste. Je considère l’humanité comme un seul territoire.
Publié dans :
algerie
en
mondial
Guy Roux
Christian Gourcuff