« J’ai appris de mes erreurs et j’ai envie de jouer la CM 2022 »
« Certains m’ont mal jugé alors que j’étais jeune et livré à moi-même à Angers»
« Le talent ne suffit pas pour réussir. Il faut être sérieux aussi en dehors du terrain »
« Mahrez nous rend fiers, tout le monde parle de lui, c’est un honneur »
Dans cet entretien exclusif, l’attaquant algérien Farid El Mellali revient en détails sur sa dure période passée depuis presque une année avec Angers. Farid parle aussi de son retour force ponctué par une première réalisation de la saison pour son retour comme titulaire avec son club. Il nous fait part de son désir de rebondir pour mériter un retour en Equipe nationale avant le Mondial 2022
Tout d’abord, Farid une réaction après votre premier but en Ligue 1 cette saison ?
Hamdoulillah, on vient de me l’accorder officiellement. Je dirai que ma persévérance et ma patience ont fini par payer. J’ai trop galéré pour différentes raisons mais maintenant, je suis soulagé d’avoir réussi à débloquer mon compteur buts même si cela intervient en fin de saison.
Pour votre première titularisation contre Dijon, vous marquez un but. Racontez-nous un peu votre retour en forme ?
J’étais très motivé et content d’avoir retrouvé le terrain après plusieurs semaines d’absence. Avant cela, j’ai joué de malchance et les problèmes que j’ai vécus n’ont pas été sans avoir freiné mon élan. Maintenant, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour moi avec Angers. Ce premier but va me libérer. J’ai trop souffert, mais j’ai travaillé dur sans jamais me désespérer pour retrouver mon niveau.
D’un joueur prometteur à un remplaçant de luxe avec Angers, comment avez-vous vécu cette dure période ?
C’était effectivement difficile pour moi de me retrouver avec la réserve alors que j’avais amorcé un très bon départ avec notamment des buts et des passes décisives. J’ai pris mon mal en patience et j’ai continué à travailler en faisant abstraction sur tout ce qui pouvait me démoraliser. J’ai tout positivé et j’ai réussi au mental à rebondir. Je suis passé par une période délicate. Certains ont porté un jugement dur sur ma personne alors qu’ils ne savaient pas ce que j’endurais lorsque j’étais livré à moi-même, seul et très jeune dans environnement et un pays qui n’est pas le nôtre. Maintenant, Hamdoulillah, j’ai appris de mes erreurs, et je ferai tout pour progresser et avancer plus Inch’Allah.
Lors de vos apparitions, vous avez toujours su montrer votre talent mais le coach ne vous faisait pas trop confiance…
Vous savez, lorsque vous restez longtemps sans être aligné c’est difficile de rester performant, vous perdez un peu de rythme et vous n’avez pas la confiance voulue pour revenir. Cela m’a permis tout de même d’apprendre que si tu t’imposes pas dans un effectif, personne ne viendra t’offrir un cadeau, on t’invitera pas à le faire. C’est le monde professionnel, il faut savoir attendre et saisir sa chance.
Vous étiez dans les plans de Belmadi, et maintenant que vous êtes revenu en forme, vous espérez un retour en sélection ?
D’abord, je suis très reconnaissant envers le coach Belmadi car malgré tout ce que j’avais vécu, il avait évoqué mon retour, je crois que c’était face au PSG avant que je ne rechute. Croyez-moi, cet intérêt m’a sauvé car à un moment donné, j’avais très mal. C’est une grande motivation pour moi. L’Equipe nationale est un rêve que je vais finir par accrocher. Mon objectif est de travailler plus pour revenir en sélection pour le Mondial 2022.
Il reste deux matchs en Ligue 1 avant le stage du mois de juin où les Verts joueront trois matchs amicaux, vous pensez un retour ?
C’est très difficile pour moi mais rien n’est impossible. Je vais tout faire lors de cette fin de saison pour prouver encore plus car en sélection les places sont chères.
Vous avez eu beaucoup de contacts en hiver, finalement vous êtes resté à Angers, c’est un choix que vous en regrettez pas ?
C’est vrai, j’ai eu quelques offres l’hiver passé mais je ne me voyais pas prêt à partir. Ça ne sert à rien de changer de club pour changer. Maintenant, je ne regrette pas d’être resté. Je voulais réussir et rebondir avec Angers. J’étais à l’aise avec mes camarades et surtout avec mon président qui m’a beaucoup aidé à dépasser la période difficile que j’avais traversée.
Vous allez donc rester encore à Angers l’année prochaine ?
Vous savez, dans ma tête, je suis partant pour une autre saison à Angers où je suis toujours sous contrat. Après, comme on dit chez nous, c’est le Mektoub.
Boudaoui marche bien avec Nice, un mot par rapport cette fin de saison magnifie qu’il réalise ?
Je connais très bien Hichem, c’est un milieu de terrain avec beaucoup de talent. Croyez-moi, vous n’avez encore rien vu. On était ensemble à l’Académie du Paradou et je suis bien placé pour vous dire qu’il est capable de faire encore mieux. Cette saison, il est arrivé à être décisif, Hamdoulillah, je suis content pour lui, mais je reste persuadé qu’il fera mieux.
Avec Ferhat, Atal, Boudaoui Slimani, et vous-même, la Ligue 1 est maintenant devenue un championnat ouvert pour les joueurs locaux…
Effectivement, on a démontré qu’avec un minimum de bagage et de formation tactique, on peut postuler à jouer au haut niveau. Après, pour réussir et passer un palier en Europe, il faut être sérieux et se concentrer pleinement sur le football.
C’est-à-dire ?
Il faut qu’il soit bien entouré et accompagné dans sa progression. La réussite à ce niveau dépend de beaucoup de facteurs. Il faut un suivi rigoureux sur et en dehors du terrain surtout. J’ai quitté le pays très jeune et je me suis retrouvé seul en France. Je vous le confie exclusivement, quand je suis venu je me suis retrouvé seul à Angers, personne ne m’a aidé ni conseillé. C’est pour cela que j’ai eu du mal à m’adapter. J’ai constaté qu’il fallait produire trois plus d’efforts que les autres joueurs pour pouvoir s’imposer car soyez sûr qu’on ne vous fera pas de cadeau. Si tu es mal entouré, tu ne peux pas espérer beaucoup de choses dans ce métier.
Belmadi avait raison alors de dire qu’il fallait accompagner nos jeunes talents qui partent très jeunes en Europe…
Bien sûr qu’il a raison, je suis bien placé pour le confirmer. Belmadi a joué au haut niveau, avec beaucoup d’expérience en France et en Algérie. Il connait la mentalité algérienne et les difficultés qu’on peut rencontrer lorsqu’on arrive très jeune du bled dans un pays comme la France.
Comment vous vivez en France avec vos camarades en club l’exploit de Riyad Mahrez ?
C’est une grosse fierté. Ça fait plaisir qu’un Algérien se qualifie en finale de la Champions League. Quelle fierté d’entendre les gens dire « l’Algérien Riyad Mahrez ». Franchement, après ce qu’il a montré contre le PSG, il nous rend fiers d’être Algériens. Tout le monde en parle. Je souhaite qu’il remporte cette finale.
Un mot peut-être pour finir ?
Je veux saisir cette occasion pour présenter mes meilleurs vœux de l’Aïd à tout le peuple algérien. Aïd Mebrouk aussi à tous les musulmans et à l’ensemble de la famille.
Entretien réalisé par Moumen Ait Kaci Ali
Publié dans :
SCO Angers
Farid El Mellali