Interview

Hanni : «J’ai quitté Anderlecht à cause d’une partie Des supporters»

«Certains journalistes belges avaient aussi leurs joueurs préférés qu’ils savaient mettre en valeur et en ne les critiquant jamais»

Auteur : samedi 03 février 2018 12:00

Transféré cet hiver au Spartak Moscou, Sofiane Hanni a accepté de se confier au Buteur et expliquer les raisons qui l’ont poussé à quitter Anderlecht. Connu pour son franc-parler, l’international algérien a répondu sans détour à nos questions. Un entretien intéressant qu’on vous invite à lire :

Vous avez opté pour le Spartak Moscou alors que l’on ne vous voyait pas forcément quitter Anderlecht cet hiver. Pourquoi ce choix ?
Moi aussi, je ne me voyais pas quitter Anderlecht cet hiver, mais voilà, il y a eu une belle occasion qui s’est présentée. Le Spartak a montré beaucoup d’intérêt. J’ai pesé le pour et le contre et j’ai trouvé que ça allait être une bonne étape pour ma carrière. Sachant que ça faisait trois ans et demi que j’étais en Belgique et que si ce n’était pas cet hiver, j’aurais sans doute souhaité que je parte l’été prochain. Je trouvais que c’était assez.
Qu’est-ce qui a motivé vos choix d’accepter ce challenge du Spartak Moscou ?
Déjà, le club m’a montré un réel intérêt. Le coach aussi tenait à me prendre. N’oubliez pas aussi que le Spartak Moscou est un très grand club. Ensuite, comme je l’ai dit, je cherchais à franchir un pas dans ma carrière. Malheureusement avec Anderlecht, cette saison fut très compliquée. Il ne restait que le championnat à jouer vu que nous étions déjà éliminés de la Coupe d’Europe et la Coupe de Belgique. Après, c’était soit j’acceptais cette opportunité maintenant, soit j’attendais. Et comme on dit souvent, certaines occasions se présentent qu’une seule fois, j’ai donc voulu la saisir.
Vous étiez capitaine dans le plus grand club de Belgique. D’aucuns disent que le volet financier a pesé aussi dans votre choix d’opter pour le Spartak…
Bien sûr que le volet financier a pesé aussi dans mon choix. Quand tu vas dans un club, tu penses à tout. Après, oui, le volet financier est important, mais je n’en fais pas une obsession. J’aurais pu très bien m’engager en Chine par exemple si je cherchais uniquement l’argent. Moi, en arrivant à Anderlecht, il y a 18 mois de cela, j’avais dit à mon président que le jour où je venais à quitter le club, ça serait pour réaliser un bon transfert, pas partir pour partir et me retrouver dans un club moyen et puis revenir au bout d’un an. C’est pour cette raison que j’ai choisi le Spartak Moscou alors que des clubs de Premier League s’intéressaient aussi à moi. Je suis un gagneur. Une fois que t’es à Anderlecht et que tu as l’habitude de jouer les premiers rôles, c’est difficile après d’aller te battre pour le maintien. Le côté sportif au Spartak était super intéressant.
Vous confirmez donc avoir bel et bien été sollicité par un club chinois ?
Oui, je confirme.

Ça ne vous a pas intéressé du tout ?
Non. Je suis franc… le championnat chinois pour moi, je le vois comme un endroit financier. Tu ne peux pas choisir la Chine et dire ensuite que t’y vas pour l’aspect sportif. À 27 ans, je ne pouvais pas accepter d’aller là-bas.
Vous avez parlé d’intérêt de clubs anglais. On dit que Burnley vous voulait. La Premier League demeure un championnat bien plus attrayant. Pourquoi vous ne l’avez pas choisi si vous aviez cette opportunité ?
Bien sûr que la Premier League est un championnat attrayant, il n’y a aucun doute sur ça. A aucun moment je n’ai exclu Burnley, mais voilà, j’avais déjà donné mon accord au Spartak Moscou. Je ne pouvais pas revenir sur ma décision. Burnley restait un bon challenge puisque c’est un club qui évolue en Premier League et qui réalise une très belle saison jusque-là. Après, connaissant le championnat d’Angleterre comment il est, je ne me voyais pas rejoindre Burnley et jouer la saison prochaine pour éviter la relégation. Aussi, permettez-moi de préciser une chose…
Oui, allez-y ?
Oui, Burnley s’intéressait à moi, mais je n’ai pas reçu d’offre concrète néanmoins. Les dirigeants de ce club ont contacté Anderlecht, mais je pense qu’ils ont compris que c’était déjà conclu avec le Spartak et c’est pour cette raison qu’ils ne sont pas allés plus loin. Après, quand je vous ai dit que j’intéressais des clubs de Premier League, je parlais plus d’un club comme Swansea qui était prêt à me faire une offre. À Swansea, je ne me voyais pas jouer le maintien et peut-être, dans quatre mois, aller jouer en Championship (ndlr, le club est actuellement avant-dernier au classement). C’est pour ça que j’ai préféré le Spartak.
Le championnat russe est actuellement en trêve et ne reprendra que le 4 mars prochain. Cela ne risque-t-il pas de vous poser des problèmes au niveau de la compétitivité quand on sait que la sélection algérienne jouera un match amical fin mars justement ?
Je ne vois aucun problème à ça. Cela fait deux semaines que j’ai repris avec Anderlecht. J’ai déjà joué deux matchs. C’est vrai que le championnat russe reprend le 4 mars, mais dans deux semaines, nous, on joue l’Europa League face à l’Athletic Bilbao (15 et 23 février). Le 28 février, on a un match de Coupe de Russie. Ça va donc s’enchaîner et il n’y aura aucun souci pour ça.
Vous avez discuté avec le coach du Spartak ?
Oui, j’ai discuté avec lui. Il veut que je sois dans la continuité de ce que je faisais à Anderlecht. Que je sois le leader technique de l’équipe.
Ce qui est bizarre, c’est qu’un joueur comme vous, qui étiez l’un des meilleurs d’Anderlecht et les statistiques sont là pour le prouver, vous vous faisiez siffler quasiment à chaque match par vos propres supporters. Cela a-t-il motivé aussi votre choix de partir cet hiver ?
Oui, bien sûr. Ces sifflets m’ont touché. Après, ça ne se voyait pas sur le terrain car je continuais à faire mon travail et je continuais à être performant, mais croyez-moi, c’était une situation pas facile à vivre. Quand tu es capitaine, quand l’année passée t’as gagné le championnat, la Supercoupe et le fait d’être un peu moins bien, on te siffle direct. C’est frustrant. Après, je savais bien que c’était seulement une partie des supporters qui me sifflait sans cesse, mais même si ce n’était qu’une minorité, ça me faisait mal quand-même. À partir de là, je me suis dit, je ne me sens plus à la maison. Et ça, ça a évidemment joué dans ma décision de partir.
En Algérie, on ne comprenait pas ces sifflets à votre encontre. Pourquoi cet acharnement des supporters sachant qu’Anderlecht, ce n’est pas un club où il y a énormément de pression ?
C’est vrai qu’il n’y a pas forcément trop de pression à Anderlecht, mais je pense que peut-être on a placé la barre très haute la saison passée avec tous ces titres remportés. Le début de saison a été compliqué ensuite pour tout le monde.
Mais pourquoi vous en particulier ?
Peut-être qu’ils voulaient viser le capitaine. Après, ne me demandez pas pourquoi. Moi-même, je ne sais pas. Je ne pourrais vous expliquer. À la fin des matchs, je rentrais aux vestiaires, mon président et le manager général du club venaient me voir et me prenaient dans les bras. Ils me disaient : «On ne les comprend pas Sofiane… Nous non plus, on ne comprend pas pourquoi ils te sifflent. Il y a des joueurs moins bons, qui font plus d’erreurs sur le terrain et c’est toi qu’ils visent…»
Est-ce qu’à travers ces sifflets, il existe une forme de racisme ?
Je ne sais pas. Je ne veux pas faire la polémique par rapport à ça.
Mais sur le terrain, avez-vous senti que vous étiez ciblé par rapport à vos origines ?
Franchement, je ne sais pas. Après, c’est sûr que nous, quand on parlait entres nous, on voyait bien qu’il y avait des joueurs qui ne sont jamais sifflés. Après, je NE peux pas parler de racisme parce que je ne connais pas ces personnes-là. (Ndlr, supporters)
Vos relations avec certains journalistes étaient aussi compliquées…
Non, je ne pense pas. J’ai toujours eu de bons rapports avec les journalistes là-bas. J’ai toujours répondu à leurs appels et interviews. Après, eux aussi, tout comme les supporters, ils ont leurs joueurs préférés. Ceux qui veulent mettre en valeur et en ne les critiquant pas du tout.
Vous saviez que vous êtes le 2e joueur algérien à évoluer dans le championnat russe après Mbolhi ?
Ah bon ! Je ne savais pas que Raïs avait joué auparavant en Russie.
Parlons un peu de la sélection nationale. Celle-ci va affronter officiellement l’Iran en amical fin mars prochain. Pensez-vous que ce match sera intéressant pour l’équipe ?
Oui, ça reste intéressant. On a eu un nouveau staff technique. On a besoin de travailler un maximum. Jouer aussi un maximum de matchs. On a besoin d’étudier la tactique du coach. Comment il souhaite qu’on joue. Créer aussi des automatismes. En plus, ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas retrouvés.
Justement, qu’en avez-vous pensé de ce nouveau staff technique conduit par Rabah Madjer ?
Ce sont des anciennes gloires du football algérien. Ils connaissent bien le football algérien. On doit s’appuyer sur des personnes comme ça pour relancer notre équipe. Ils ont énormément d’envie pour bien faire, ça frappe à l’œil. Maintenant, c’est à nous, les joueurs, de faire le boulot sur le terrain.
On sait que vous êtes assez proche de Riyad Mahrez. Un message peut-être à lui faire passer, lui qui est actuellement en déprime totale suite à l’échec de son transfert vers Manchester City ?
Je lui demanderai de garder la tête haute et de ne pas se décourager. C’est un super joueur. Il est en train de revenir à un très haut niveau. C’est sûr qu’il n’a rien à faire à Leicester. Il mérite de jouer dans l’un des meilleurs clubs de Premier League. Je suis un joueur et je comprends parfaitement la frustration de Riyad. Tu es complétement abattu quand tu rates un transfert comme celui-là. Chaque mercato, c’est la même chose pour lui. C’est très difficile à encaisser tout ça, mais après, je sais que c’est quelqu’un de croyant. Il doit comprendre que c’est le Maktoub tout ça. Je suis sûr qu’il finira par partir l’été prochain inch’Allah.

Publié dans : Equipe Nationale Hanni

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