Interview

Feghouli : «Non, l’Algérie n’a pas encore l’étoffe d’un champion d’Afrique»

«Le n° 10 de la sélection me faisait rêver depuis que j’étais petit» «Fekir doit choisir par rapport au cœur»

Auteur : Hamza Rahmouni mercredi 26 novembre 2014 01:39

Juste après avoir disputé son 150e match en Liga, Sofiane Feghouli était venu à notre rencontre dans un hôtel luxueux de Valence. Comme prévu, le chouchou du public algérien a accepté de répondre à toutes nos questions avec franchise. L’homme aux sept buts avec la sélection depuis février 2012, date de son premier match avec les Verts, et surtout le but le plus important de l’histoire de l’Algérie à Ouagadougou et qui a permis aux Verts de se qualifier en Coupe du monde, raconte tout dans cette longue, mais passionnante interview. On vous laisse ainsi le soin de découvrir « Soso » comme aiment à l'appeler les Espagnols du FC Valence.

 

Sofiane, merci de nous avoir accueillis ici à Valence…
Non, pas de problème. C’est toujours un grand plaisir de vous recevoir.
A l’occasion, vous venez de disputer lors du derby face à Levante, votre 150e match de Liga. Quel est votre sentiment ?
Je suis très content d’avoir disputé mon 150e match de Liga. Ça fait déjà des années que je suis ici à Valence. Je suis fier de mon parcours. L’histoire se poursuit et je ne peux qu’être content de ce que j’ai réalisé avec Valence.
Un sentiment particulier peut-être étant donné que vous êtes devenu un des anciens de cette Liga ?
Le plus ancien de la Liga ? Oui, mais même à Valence, je suis le joueur le plus ancien. Actuellement dans l’effectif, j’ai le plus grand nombre de matchs avec le club, et j'en suis fier. Ça fait quatre ans que je suis arrivé ici et j'ai progressé. Je côtoie le haut niveau quotidiennement et ça m’a beaucoup aidé dans ma progression. Ça m’a aussi donné de l’expérience. Je suis encore jeune et je veux progresser encore. Il faut dire que je travaille d’arrache-pied pour avancer dans ma carrière. 
Vous en êtes à votre cinquième saison avec le FC Valence. N’estimez-vous pas que c’est le moment de changer d’air pour connaître d’autres sensations ?
Ecoutez, j’ai un contrat avec Valence qui court jusqu’en juin 2016. Donc, ma position est claire là-dessus. Par contre, on verra avec celle du club. Pour l’instant, je ne me pose pas de question sur mon avenir. Je préfère me concentrer sur le terrain, surtout que j'y suis à l’aise. On a l’objectif de retrouver la Ligue des champions. On tâchera ainsi d’accomplir une très bonne saison. J’ai des objectifs avec le club et j’ai aussi des objectifs personnels que je veux réaliser. Donc, je veux rester ici et disputer un plus grand nombre de matchs et, surtout, gagner des titres. 
On comprend donc que vous allez rester encore à Valence bien que vous êtes courtisé par pas mal de clubs…
Je suis heureux ici à Valence. Mon objectif est de retrouver la Ligue des champions. Je veux aussi remporter un trophée en cette fin de saison. Après, dans le football, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Tout reste lié au destin. On verra aussi avec la position du club. Si Valence décide autre chose, on discutera. Moi, je ne prête pas attention aux rumeurs et à tout ce qui se dit. J’essaye toujours d’accomplir mon travail comme il se doit chaque week-end pour honorer les couleurs de ce club et la confiance placée en moi. Je suis ravi d’être dans un grand club comme Valence et dans un grand championnat que je connais parfaitement. 
Des clubs qui vous tentent comme le PSG, par exemple ?
Paris, c’est ma ville. C’est dans cette ville où j’ai grandi. Je suis content que ce club réalise de bonnes performances et qu’il soit entre de bonnes mains. Depuis que j’ai quitté le championnat de France, le PSG a beaucoup changé. Par contre, je ne peux pas parler d’autres clubs. J’ai un contrat avec une grande équipe, je dois le respecter. C’est vrai, j’ambitionne de jouer dans un des huit grands clubs d’Europe. C’est un cercle fermé, certes, mais je veux y arriver. Je n’ai que 24 ans et j’ambitionne de réaliser une grande carrière, C’est bien d’avoir des ambitions car celui qui n’a pas d’ambition dans sa carrière, c’est le début de la fin pour lui. Pour cela, il faut continuer à travailler dur. 
Vous avez été remplaçant un moment, puis vous avez retrouvé votre place de titulaire, ç'a été difficile ?
Sincèrement, je ne sais pas si je suis remplaçant ou titulaire. Je travaille dur pour être toujours performant. La preuve, lors des deux derniers matchs que j’ai disputés avec Valence, j’ai donné le plus qu’on attendait de moi. Même lorsque je suis sur le banc de touche, je donne un plus à l’équipe. Ce sont des choix de l’entraîneur. Je ne vais pas m’amuser à critiquer ou donner mon point de vue. Je dois les respecter. On est quatrième de la Liga, cela dit, on est près d'atteindre notre objectif qui est la Ligue des champions. 
Ça fait plus de deux ans que vous êtes en sélection nationale, dites-nous comment ça se passe…
Pour être honnête avec vous, c’est le meilleur choix de ma carrière que j’ai fait en optant pour la sélection algérienne. J’ai choisi mon pays par conviction. C’est le pays de mes parents et c’est une grande fierté de défendre ses couleurs et de le servir. Je suis reparti presque de rien pour que, quelques mois ensuite, on réalise de bonnes performances. Je voulais écrire ma petite histoire avec la sélection et, Dieu merci, on a réussi à se qualifier en huitième de finale de la Coupe du monde. On continue aussi à écrire l’histoire lors des éliminatoires de la CAN où on a réalisé de bonnes performances. Ma fierté, c’est que l’Algérie est devenue une équipe très respectée, que ce soit en Afrique ou un peu partout dans le monde. On a montré un très beau visage au mondial et lors des éliminatoires.
Justement, vous avez parlé des éliminatoires de la CAN où l’EN a acquis la qualification à l’issue du quatrième match, ça vous a mis à l’aise ?
Oui, on a réalisé un très bon parcours. Pour le premier match qui s’est déroulé à Addis-Abeba, on avait à cœur de confirmer notre parcours en Coupe du monde. Puis, on a commencé à enchaîner les performances l’une après l’autre. On a acquis quatre succès en autant de matchs. Notre objectif était de nous qualifier en étant premier du groupe. Chose faite, je pense que le contrat est rempli. Maintenant, il va falloir bien se préparer pour la phase finale de la CAN.
Parmi les matchs que vous avez disputés, quel a été le plus difficile pour vous ?
En déplacement, tous les matchs sont difficiles. En Afrique, ce n’est pas facile de jouer. Au Malawi, par exemple, on a joué sur une pelouse synthétique où c’était difficile de gérer le match. En Ethiopie, on a joué sur un terrain en mauvais état, sans oublier les conditions climatiques difficiles. En Afrique, ce n’est pas facile de jouer un match, mais heureusement, on a su gérer nos matchs. 
Pour vous, c’est important de jouer au fin fond de l’Afrique ? Ça vous donne de l’expérience ?
Ah oui, ça nous donne beaucoup d’expérience. C’est bien d’aller jouer en Afrique. Ça permet d’apprendre et surtout de bien se préparer à la coupe d’Afrique. Ainsi, lorsqu’on ira là-bas, on aura déjà une idée sur ce qui nous attend. On ne sera guère surpris. 
Lors des deux matchs des éliminatoires, à savoir face au Mali à Blida et le Malawi à Blantyre, les attaquants n'ont pas marqué. C’est inquiétant quand même lorsqu’on sait que vous êtes aussi un attaquant…
Bon, je joue au milieu avec cette nouvelle stratégie, mais je pense que ce n’est pas un problème si les attaquants ne marquent pas. On possède un très bon groupe qui a de la qualité. Sur le terrain, notre souci, c’est de bien appliquer la tactique et les consignes du coach. Pour moi, ce n’est pas un problème si les attaquants n’ont pas marqué dans un match. 
Les spécialistes sont unanimes à dire que ça se passe très bien avec Gourcuff…
Oui, ça se passe très bien. Avec le sélectionneur, tout est basé sur le respect. Donc, je pense que le problème ne s’est jamais posé, même avant. Sur le terrain, tous les joueurs ont compris ce que voulait faire Gourcuff. Il donne des consignes précises que tout le monde a assimilées. Pour l’occasion, je félicite tous mes coéquipiers pour cette qualification réussie et surtout le fait de s’être adapté assez rapidement pour pouvoir réaliser cette performance.
Vous avez travaillé avec Halilhodzic et maintenant avec Gourcuff. Si vous êtes appelé à faire une comparaison, quelle serait-elle ?
Ce sont deux personnes qui cherchent la perfection sur le plan tactique. Après, concernant la gestion du groupe, chacun a sa propre méthode. A ce sujet, les stratégies diffèrent. 
Des joueurs ont qualifié la méthode de Halilhodzic comme celle de la caserne. C’est vrai ?
Je ne peux pas dire ça. Vahid  Halilhodzic veut gérer tout lui-même. Il ne laisse rien au hasard et il veut tout gérer. Par contre, Gourcuff veut laisser le groupe en autogestion mais lorsqu’il a à dire des choses, il les dit le plus normalement du monde et il est sincère et c’est ce dont on a besoin. Voilà, ce sont deux manières complètement différentes mais dans le football, le plus important c’est les résultats. On espère qu’avec Gourcuff, on va réussir et que tous les joueurs vont se mettre dans les meilleures conditions pour pouvoir continuer sur cette lancée. 
Les spécialistes pensent qu’avec Gourcuff, ça travaille beaucoup plus tactique que par rapport à Halilhodzic qui se basait beaucoup plus sur le plan physique. Vous êtes d’accord avec ce point de vue ?
Oui, Gourcuff mise beaucoup sur le plan tactique et surtout la conservation du ballon. Halilhodzic misait beaucoup plus sur le plan physique. On travaillait beaucoup sur ce plan, mais il ne négligeait pas le volet tactique. 
Comment étaient vos rapports avec Halilhodzic et maintenant avec Gourcuff ?
J’avais de bons rapports avec Halilhodzic parce qu’on avait une relation professionnelle. On se dit des choses lorsqu’il le faut, sans plus. Idem pour Gourcuff, j’ai de bons rapports avec lui. C’est une relation professionnelle et il n’hésite pas à me dire quelque chose lorsqu’il le veut, afin qu’il puisse bien m’utiliser sur le terrain. 
Aujourd’hui, vous confirmez avoir eu quelques frictions avec Halilhodzic ?
Non, mais parfois dans la vie, lorsqu’on a des choses à dire, on les dit. Je garde de bons souvenirs sur le plan sportif avec Halilhodzic. J’ai essayé de tirer le maximum de lui comme tous les entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé.
Vous êtes un des cadres de l’équipe, on dit que vous avez très mal digéré la défaite face à la Belgique en Coupe du monde…
Comme toutes les défaites. Moi, je suis un gagneur et je ne veux pas perdre de matchs. C’était un match de Coupe du monde et j’étais déçu comme tous les joueurs. Pour moi, un match de Coupe du monde ou en Afrique, c’est pareil, il faut impérativement gagner.
Justement, après ce match face à la Belgique, il y a eu des changements au sein du onze avec l’entrée de Djabou et Brahimi. Vous les joueurs, comment vous avez accueilli ces changements et est-ce que Halilhodzic a demandé l’avis des cadres ?
Non, Halilhodzic faisait les changements avec son staff, comme le font tous les sélectionneurs du monde. Après, il n’y a pas eu que les changements de Djabou et Brahimi. Il y en a eu d’autres. Je pense que ce groupe a démontré qu’on pouvait compter sur tout le monde. Ceux qui ont joué face à la Belgique n’ont pas été mauvais. Tout le monde a su apporter quelque chose à l’équipe. Revenons au match face à la Belgique, où on avait mené au score pendant 70 minutes, avant de chuter. Maintenant, je ne sais pas s’il fallait jouer de telle manière ou telle autre, là je ne peux pas vous répondre. En général, je pense que c’est tout le groupe qui s’est donné pour la sélection lors de ce mondial.
Actuellement, vous sentez la différence sur le terrain ?
Ah oui. Il y a eu un très grand changement sur le terrain. Avant, on jouait en 4-2-3-1 et en 4-5-1, avec un joueur devant la défense. Maintenant, c’est le 4-4-2 à chaque match. Il y a une grosse différence sur le terrain, c’est une vérité. Moi je la ressens.
Sentez-vous une certaine amélioration sur le plan tactique ?
Oui, il y a une amélioration. Lors des derniers matchs, on a fait beaucoup de possession de balle. Ça s’améliore, mais on a encore du travail à réaliser pour s’améliorer encore plus et pour atteindre le véritable niveau de la sélection.
Quel impact sur l’équipe peut avoir ce changement tactique ?
Lorsqu’on rentre sur le terrain, il faut avoir le cœur pour se battre. C’est vrai, il faut respecter une certaine stratégie et notamment l’animation du jeu. L’entraîneur pense que c’est avec cette stratégie qu’on va réussir, je l’espère bien. On va s’investir tous à fond. Ce n’est pas moi qui vais discuter la stratégie de jeu. Je suis un joueur, je dois répondre toujours présent lorsque le coach me sollicite. 
Vous étiez carrément attaquant à l’époque de Halilhodzic, alors que maintenant vous avez été décalé au milieu de terrain. Qu’est-ce qui a changé pour vous ?
C’est vrai, avec Halilhodzic, j’étais ailier droit et, maintenant, l’entraîneur m’aligne comme milieu de terrain. Je me suis adapté rapidement à ce qu'a exigé de moi Gourcuff. Le problème ne s’est pas posé du tout. La différence, c’est que maintenant, je pars de très loin. 
Lors des éliminatoires de la coupe d’Afrique, vous avez attendu l’avant- dernière journée pour inscrire votre premier but. Cela est-il dû à votre repositionnement sur le terrain ?
Non, ce n’est pas dû à mon repositionnement sur le terrain. Dans cette équipe, il faut savoir que tout le monde peut marquer. Et puis, lorsque je joue pour la sélection, le plus important pour moi c’est qu’on gagne. Peu importe si je marque ou non. J’essaye toujours de me donner à fond pour être mon pays et pour aider mes coéquipiers à marquer. Le plus important, c'est les succès de l’Algérie et non le fait qu’un joueur ou un autre marque. 
A Bamako, vous avez sombré. Pourquoi ?
On a joué le match dans des conditions difficiles. Ceux qui ont vu le match l’ont sans doute constaté. Parfois les décisions aussi qui ont été prises n’ont pas été bonnes, mais cela fait partie du charme de l’Afrique. Bref, je ne veux pas trop entrer dans les détails. En plus, le Mali est un gros morceau d’Afrique. Il finit presque tout le temps en demi-finale de la CAN. Le Mali possède une génération de très bons joueurs.
Aujourd’hui, vous avez des regrets puisque vous êtes passés à côté de l’exploit de remporter tous les matchs des éliminatoires…
Oui, on regrette ce match parce qu’on voulait réaliser six victoires en six matchs. Mais bon, c’est le football. Félicitations à l’équipe malienne qui nous a battus. Il faut tirer le maximum de cette défaite car c'est dans ce genre de situation qu’on apprend.
Sincèrement, Sofiane, pensez-vous qu’avec un tel parcours, l’Algérie a l’étoffe d’un champion d’Afrique ?
Sincèrement, non. Les gens pensent toujours à cette équipe du mondial, mais ne savent pas peut-être qu’en Afrique c’est différent. Oui, c’est différent et ça n’a rien à voir avec la Coupe du monde. En Afrique, le contexte est différent, et même les conditions ne sont pas les mêmes qu’en Coupe du monde.
Donc vous estimez que l’Algérie n’a pas l’étoffe d’un champion d’Afrique pour l’édition de 2015 ?
Absolument. D’ailleurs, certains joueurs vont disputer leur première CAN. En Afrique, c’est différent comme je l’ai dit. Donc, je ne pense pas qu’on soit favoris pour remporter la CAN. Seulement, on sera là. On se donnera à fond et on jouera chaque match pour le gagner. Notre point fort, c’est le groupe et le collectif. Si on sera tous unis comme d’habitude, on pourra aller jusqu’au bout ou bien réaliser une bonne coupe d’Afrique. 
Mais attendez, il n’y aura pas cette fois-ci le Nigeria, l’Egypte et le Maroc. La Côte d’Ivoire et le Ghana affichent une petite forme. On ne retient que le Cameroun qui a réalisé un bon parcours comme l’Algérie. N’estimez-vous pas que c’est le moment ou jamais d'accrocher une seconde étoile sur le maillot algérien ?
En coupe d’Afrique, il y a toujours des surprises. Regardez la Zambie qui a remporté déjà le trophée. C’était une surprise, non ? Cette fois-ci, c’est vrai, il n’y aura pas le Maroc, ni l’Egypte à cause des problèmes du pays. J’ai été surpris pour le Nigeria qui a été éliminé, mais bon, il y aura le Cameroun et la Côte d’Ivoire qui sont de grosses cylindrées. Il faut se montrer efficace pour gagner nos matchs et ne pas rater surtout les premiers. On a beaucoup appris de l’expérience de 2013 lorsqu’on avait pratiqué du beau football, mais on a été éliminés au premier tour.
L’expérience de 2013 vous sera-t-elle bénéfique ?
Ah oui, et comment ! Lors de la précédente CAN, on avait pratiqué du beau jeu, mais on a manqué de chance. On n’a pas su concrétiser les occasions qu’on s’est procurées. Les conditions de jeu aussi n’ont pas été en notre faveur, mais bon ! Ça nous a beaucoup appris. On tâchera d'éviter les erreurs commises en 2013. Une chose est sûre, c’est qu’on fera le maximum pour représenter dignement l’Algérie. 
Quels seront les potentiels candidats pour décrocher la CAN 2015 ?
Sincèrement, je n’ai pas beaucoup suivi les éliminatoires, mais je pense que la Côte d’Ivoire ou le Cameroun seront de potentiels candidats. Néanmoins, il y aura sans doute des surprises comme à chaque CAN.
Vous avez fait mieux que la génération de 1982 qui, bien qu'elle ait battu l’Allemagne, n’a pas réussi à passer au deuxième tour. Là, si vous arrivez à remporter la CAN, vous deviendrez la meilleure génération du football algérien…
Chaque génération a marqué son temps. Je pense qu’il n’y a pas lieu de comparer les deux générations. La nôtre a vite placé la barre très haut avec ce huitième de finale de Coupe du monde.
Justement, ce huitième de finale vous met-il la pression ?
Non ça ne nous met pas la pression, mais on veut quand même marquer l’histoire. On a des objectifs qu’on veut réaliser, c’est tout. Notre souhait c’est de réaliser une bonne CAN pour rendre le peuple algérien heureux et fier. 
La CAN a été délocalisée du Maroc à la Guinée Equatoriale. Des regrets ?
Oui, des regrets parce que cette décision a été prise à la dernière minute. On s’était préparés à jouer dans un pays voisin, chez nos frères marocains. Par la suite, il a été décidé que ce tournoi aura lieu en Guinée Equatoriale. Les conditions seront sans doute difficiles là-bas et ne ressemblent pas à ceux du Maroc, qui sont similaires aux conditions du pays. 
Pensez-vous que la Guinée Equatoriale est un bon choix ?
Je ne peux rien vous dire, mais il faut savoir que le fait que la Guinée Equatoriale ait déjà organisé une CAN avec le Gabon, il y a quelques années, veut dire qu’elle pourra la faire cette fois-ci, même si le temps sera juste. On fait confiance aux organisateurs. Nous allons bien nous préparer dans notre camp de base à Sidi-Moussa avant d’y aller. 
Avez-vous récolté quelques informations sur ce pays sur Internet ?
Sincèrement, je ne savais où se trouve ce pays. J’ai vu un peu, mais lors du prochain regroupement, nous allons entrer dans le vif du sujet. On découvrira le pays en compagnie du staff technique. 
Le mot Ebola, qu’est-ce qu’il vous dit ?
C’est triste pour le continent africain. Cette maladie a fait un grand nombre de morts. Je n’arrive pas à comprendre d’ailleurs comment cette maladie est venue. Dommage que le continent africain est négligé par les grands pays. J’espère que les choses vont s’améliorer dans le bon sens. 
Avant de partir pour Bamako, vous vous êtes inquiétés, n'est-ce pas ?
Oui, bien sûr qu’on s’est inquiétés. Même nos familles et nos proches étaient inquiets. Lorsqu’on est arrivés à Bamako, on a été mis dans de bonnes conditions. On a aussi constaté que les Maliens s’étaient bien préparés pour faire face à un éventuel souci. 
Avant de partir pour Bamako, il y avait cinq cas de décès annoncés par les autorités maliennes. C’était stressant pour vous ?
Oui, on avait une pensée pour nos frères du continent qui souffraient de cette maladie, mais aussi pour nous qui allions jouer là-bas. Il y avait un match à préparer et les médecins ont fait leur travail. On est restés concentrés sur notre préparation, même si on s’était un peu inquiétés, et c’est logique, je pense.
Une fois au Mali, comment avez-vous géré votre séjour ?
Comme d’habitude. On a géré notre séjour de la même manière. Il n’y a eu aucun changement. 
Le tirage au sort de la CAN aura lieu dans les prochains jours. Quelles sont les sélections que vous souhaitez éviter lors du premier tour ?
On sait qu’on sera versés dans un groupe difficile, c’est clair et net. On jouera de gros morceaux lors de ce tournoi. Il faut savoir qu’on ne craint aucune équipe. On jouera nos chances à fond. On est prêts à affronter n’importe quelle équipe. 
Le pays organisateur ?
Non, peu importe, la Guinée Equatoriale ou un autre pays. On jouera à fond pour gagner, c’est tout.
Allez-y, donnez-nous votre pronostic du tirage au sort…
(Rires.) Je n’ai pas de pronostic à donner. Comme je vous l'ai dit, on est prêts à jouer n’importe quelle équipe. C’est bien d’être dans le deuxième chapeau, mais il y a tout de même de très bonnes équipes dans les troisième et quatrième chapeaux. 
Vous allez suivre le tirage au sort en direct ?
Non, pas du tout. Je ne vais pas le suivre. Je m’informerai du résultat du tirage par la suite pour connaître les trois équipes à qui on aura à faire lors de cette CAN. 
Vous portez le n° 10 de la sélection. C’est un numéro important qui a été porté par de grands joueurs comme Belloumi, Saïfi, Belmadi et Tasfaout, qui est le meilleur buteur de la sélection de tous les temps…
Je sais que je porte un numéro très important. Depuis mon jeune âge, depuis que j’étais petit je rêvais de ce numéro. Je sais aussi qu’il a été porté par de grands joueurs. C’est une fierté pour moi.
Ce numéro, on vous l'a attribué ou bien vous l’avez choisi ?
Non, il y avait quelques numéros à choisir et j’ai préféré celui-là.
Parlons de Belloumi, il a été Ballon d’Or africain lors des années 1980. Vous aussi, vous êtes nommé pour le trophée de meilleur joueur africain…
Franchement, je ne prête pas trop attention à cela. Je préfère remporter un trophée avec la sélection ou avec mon club qu’une récompense individuelle. Mais, ça me ferait trop plaisir si un jour je remporterai une récompense personnelle. 
Mais quand même, Sofiane, meilleur joueur du continent, ce n’est pas rien !
Non, c’est la grande classe. Mais si j’ai à choisir, je préfère gagner la CAN avec l’Algérie que d’être Ballon d’Or africain. 
Vous êtes en concurrence avec de grands talents comme Gervinho et Yaya Touré. Est-ce que vous avez atteint le stade de la maturité ?
Oui, mais je ne me focalise pas sur ça. Ça fait déjà des années que je suis nommé pour le Ballon d’Or africain. Si je suis finaliste, je serai ravi, et si je gagne, ce sera merveilleux. Il y a de grands joueurs dans le continent et les décideurs vont choisir le meilleur. 
Un conseil à donner à Nabil Fekir, qui hésite toujours à rejoindre l’Algérie ?
Sincèrement, je ne connais pas trop sa situation. C’est un joueur qui progresse beaucoup. Maintenant, je lui dis, si l’hymne algérien te fait quelque chose, il faut venir. Dans le cas contraire, ça ne servira à rien de venir. S’il choisit l’Algérie, on l’accueillera comme il se doit, comme l’ont fait les anciens avec nous, lorsque nous avons rejoint le groupe.
Parlons de Sofiane Feghouli hors des terrains. Vous êtes venu avec une tenue sportive. Alors dites-nous quel est votre style de vêtement préféré ?
Je suis venu avec la tenue du match (contre Levante). Je n’ai pas de préférence puisque je varie les styles de vêtements. Parfois, je me mets en jeans, d’autres fois en jogging. Je n’ai pas de problème là-dessus. 
Votre voiture préférée ?
La Porsche 911 turbo. 
Adepte de l’Iphone ou du Samsung Galaxy ?
Non, c’est l’Iphone.
Apparemment, vous appréciez le viber et le whats app…
(Rires.) Oui, je reste en contact avec les amis et les proches par messagerie instantanée.
Dans quel pays souhaitez-vous vivre en fin de carrière ?
C’est une question très intéressante. Je pense peut-être aller vivre aux Emirats ou dans un autre pays du Moyen-Orient, je verrai après, c’est par rapport à ma situation.
Avec quel joueur de la sélection vous vous entendez parfaitement ?
Je m’entends avec tous les joueurs. Je n’ai pas d’ennemi. J’ai de bons rapports avec tout le monde. Lors des stages de la sélection, je partage ma chambre avec Djamel Mesbah. 
En mettant un terme à votre carrière. Vous allez devenir entraîneur ou vous opterez pour un autre métier ?
(Rires.) Je ne pense que ce milieu est fait pour moi. Du coup, je ne pense pas à devenir entraîneur lorsque j’arrêterai ma carrière. Si je le ferai, ce sera dans le milieu amateur, avec les enfants. Je suis très attaché aux enfants.
Lors de la CAN 2013, vous aviez les larmes aux yeux lorsqu’on chantait l’hymne national algérien, Qassaman. Pourquoi ?
Ça donne des frissons. C’est tout à fait logique. Il faut demander ça aux millions d’Algériens lorsqu’ils l'entendent. C’est quelque chose de naturel. On est des humains et parfois on est sous pression, donc il faut extérioriser.
Le stade Tchaker ?
Le stade Tchaker est un très bon souvenir pour moi. Je n’y ai jamais perdu.
Même pas un match nul…
Non, pas de match nul. J’ai passé de bons moments dans ce stade. Par contre, on espère  découvrir d’autres stades du pays. Les populations des autres wilayas ont aussi le droit de voir de près la sélection. J’espère qu’on va découvrir Annaba, Constantine, Oran et, pourquoi pas, Tlemcen. De l’est à l’ouest. 
La Palestine ?
Ça fait mal au cœur. Il faut aider nos frères palestiniens qui souffrent. On est des musulmans et celui qui peut apporter son aide, qu’il le fasse. Nos frères souffrent là-bas. 
Grenoble Foot ?
J’y ai passé cinq ans et c’était des moments inoubliables. Je suis arrivé jeune là-bas et ça s’est accéléré. J’ai joué en sénior là-bas aussi où je suis devenu professionnel. Dommage qu’il y a eu cette fin, mais croyez-moi, je ne garde que les bons moments de mon passage à Grenoble.
Vous connaissez Alain Michel ?
Oui, je le connais, mais lorsque j’étais arrivé, lui il était parti. Je n’ai pas travaillé avec lui.
Aujourd’hui, il exerce en Algérie, au CRB. Un message à lui transmettre ?
Ben, je lui souhaite bon courage avec son club.
Votre idole ?
Incontestablement, Djamel Belmadi. Lorsque j’étais jeune, il m’a fait rêver. C’était notre fierté surtout qu’il jouait à l’Olympique de Marseille. Je lui passe le salam
Son but contre l’équipe de France à Paris en 2001…
Oui, j’ai beaucoup apprécié, comme tous les Algériens. 
Votre idole sur le plan international ?
Zidane. Plus petit, c’était Ronaldo le Brésilien qui m’a donné cet amour pour le football. Mais Zidane était notre référence surtout qu’il s’agit d’un Algérien et qu'il est modeste. 
Messi ou Ronaldo ?
Tous les deux sont des génies. 
Votre club préféré ?
Red Star (rires). Oui, mon club préféré, mon club de cœur, c’est le Red Star 93.
Si vous n’avez pas été footballeur, qu’est-ce que vous auriez fait ?
Je me suis toujours posé cette question. Je suis devenu professionnel grâce à Dieu et à ma famille. 
Un dernier message au public algérien ?
Soutenez-nous et on fera le maximum pour vous rendre heureux et contents. L’Algérie possède une bonne équipe conquérante. On ne vous décevra pas et on réalisera une bonne CAN. 
Vous promettez le sacre final ?
Non, ça sera difficile. Nous allons tout donner, ce qui est sûr, pour réaliser une bonne performance. Je ne veux rien promettre. 
En cas de consécration, vous leur donnez RDV à Alger pour défiler avec le trophée ?
On en est loin encore. En cas de consécration, bien sûr qu’on fera la fête à Alger. Sinon, je pense que c’est vraiment prématuré.
 

 

 

Publié dans : algerie en Feghouli CAN 2015 tunisie maroc ghourcuff hallilhidzic

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