Auteur :
Moumen Aït Kaci Ali
vendredi 28 décembre 2018 13:17
Avoir Vahid Halilhodzic au bout du fil est pratiquement impossible, tant le coach du FC Nantes n’aime pas trop s‘exposer aux médias, mais lorsqu’il répond, c’est toujours avec plaisir qu’il se livre aux lecteurs du Buteur. L’architecte de l’épopée de Curitiba au Brésil avec une qualification historique au second tour d’une Coupe du monde pour l’Algérie nous parle de la révolution entamée par coach Belmadi et nous donne son avis sur l’éclosion de Baghdad Bounedjah qu’il connaît bien pour avoir été le premier à le convoquer en sélection A. Dans cet entretien exclusif, le driver Vahid nous donne aussi son avis sur la période délicate que traverse Islam Slimani.
Coach Vahid, un joueur est en train de casser la baraque en sélection, il s’agit de Baghdad Bounedjah, vous vous rappelez toujours de ce buteur ?
Bien sûr que oui, je me rappelle encore l’avoir pris deux ou trois fois en stage dans un regroupement de joueurs locaux, ensuite je l’avais convoqué en équipe première pour un match amical qu’on n’a pas pu jouer parce qu’il a été annulé. Après, malheureusement, il s’est blessé je crois lorsqu’il est allé à l’étranger (Ndlr, ES Sahel/Tunisie).
Ensuite, vous ne l’avez pas reconduit parce qu’Islam Slimani ne donnait pratiquement aucune chance à ses concurrents par sa régularité et son efficacité, n’est-ce pas ?
Effectivement, mais il était toujours dans mes plans, seulement je me rappelle aussi qu’il avait été absent pendant longtemps avec son club en raison d’une blessure, il n’était pas aussi régulier dans ses performances comme Slimani ou Soudani par exemple qui étaient vraiment au top de leur forme. Mais je savais déjà depuis cette époque-là qu’il était un très bon attaquant.
Lorsqu’il avait commencé à briller en Algérie, on ne croyait pas trop en lui mais certains avancent que vous avez contribué à sa découverte…
Non, ne ne vais pas dire que je l’ai découvert mais j’ai cru en lui. Après, j’ai déniché pas mal de bons joueurs en Algérie mais vous n’étiez pas d’accord au départ (rires). J’étais convaincu que Bounedjah avait le potentiel de jouer en sélection, sinon je ne l’aurai pas convoqué. Des joueurs comme Slimani, Soudani et les autres avaient juste besoin de confiance et c’est ce qu’il faut faire. Travailler sans trop faire de bruit.
Cette année, il est parti pour finir meilleur buteur de l’année 2018, vous le suivez toujours parce qu’on a appris que le FC Nantes le voulait…
Je ne l’ai pas vu depuis quelque temps mais je sais qu’en ce moment, il s’est imposé en Equipe nationale comme titulaire et marque beaucoup de buts. C’est déjà important. J’ai vu son dernier but en sélection (Ndlr : face au Togo) et je peux vous dire que c’est un attaquant très intéressant.
Slimani, que vous avez lancé aussi en sélection, traverse une période difficile, vous connaissez bien ce joueur, comment expliquez-vous son passage à vide ?
A mon avis, Slimani a beaucoup bougé ces derniers temps. Après comme tous les attaquants, il y a toujours des passages qui sont un peu compliqués, et qu’il est parfois difficile d’expliquer. Seulement, je crois qu’il paie son instabilité. Le fait d’avoir changé deux ou trois en deux saisons ne l’a pas beaucoup aidé, parce qu’à chaque fois qu’il opte pour un club, il avait besoin de temps d’adaptation. Ce n’est pas toujours facile pour un joueur de vite trouver ses repères dans une équipe. On a toujours besoin de connaître tout le monde et s’adapter au groupe.
Belmadi a déclaré qu’il comptait sur lui, croyez-vous qu’il va rebondir avant la CAN prévue en juin ?
Je crois qu’il va revenir fort, il a déjà montré que lorsqu’il est au top physiquement et quand mentalement il est bien, il demeure un très bon attaquant capable de marquer beaucoup de buts. J’ignore dans quel état il est, mais je suis persuadé qu’il va encore apporter à l’Equipe nationale.
La CAN se jouera en juin, l’Algérie s’est brillamment qualifiée avec un succès ramené de l’extérieur, croyez-vous qu’elle sera favorite ?
Je crois qu’il faut éviter de mettre trop de pression sur les joueurs. En Algérie, vous avez toujours ce sentiment d’être les meilleurs partout (rires), mais il n’y a que le travail et l’humilité qui paient, tout se joue sur le terrain, alors il faut laisser Belmadi travailler dans la discrétion et le calme car ce n’est jamais facile d’assumer ce rôle de favori dans une compétition comme une Coupe d’Afrique. Il y a quand même pas mal de belles équipes qui peuvent concurrencer l’Algérie.
L’Algérie revient avec un driver qui ne joue pas petit bras, comme vous le dites souvent, selon vous, le redressement a-t-il commencé ?
Je peux dire déjà que Belmadi est en train de réaliser du bon travail, car depuis qu’il est arrivé, il y a des choses qui progressent. Franchement, après deux ou trois ans de calvaire, je suis très content de revoir l’Algérie revenir à ce niveau continental avec Belmadi.
Un dernier mot coach Vahid aux supporteurs algériens qui vous suivent toujours…
Les Algériens sont partout et croyez-moi, tout le monde se rappelle encore des moments de joie qu’on a vécus ensemble. Ils viennent toujours me saluer, et me remercient pour tout le travail accompli avec l’Algérie et moi je suis aussi très honoré. Ça me fait toujours plaisir d’échanger avec eux. Je leur souhaite à travers cette interview une bonne année et au plaisir de vous revoir à Alger, voilà.
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