Auteur :
Youcef Koudri
vendredi 13 avril 2018 08:11
Arrivé l’hiver dernier à la JSK, Ziri Hammar a su s’imposer comme un élément important du club kabyle. Interrogé par nos soins, l’ancien Nancéen a accepté de se livrer et de revenir sur son parcours professionnel. Concernant son avenir, il semble toujours indécis.
Votre blessure n’est assurément pas venue au bon moment, n’est-ce pas ?
Oui, c’est vrai. Je suis vraiment dégoûté. J’étais dans une bonne phase. Je reviens bien depuis quelques matchs. Je suis décisif. C’est le Mektoub. J’espère que je vais rapidement retrouver ma place sur le terrain.
Vous auriez sans doute aimé prendre part à cette demi-finale…
Evidemment. Chaque joueur aime jouer ce genre de match, d’autant plus qu’en face, c’est le MCA. L’ambiance avec les supporters promet d’être grandiose. C’est une belle affiche. Franchement, je suis déçu, mais je vais essayer de ne pas y penser et d’encourager mes partenaires.
Ça sera un match de la confirmation pour la JSK après sa victoire sur ce même adversaire en championnat récemment…
Oui, en effet. Beaucoup de bruits a entouré ce match de championnat justement. On a du coup à cœur de confirmer notre victoire, mais bon, un match de coupe, c’est une autre paire de manches. On ne peut pas savoir ce qui peut se passer. Chacune des deux équipes a ses chances. Ça sera du 50/50.
Certains diront que ce match de coupe n’est pas forcément important pour la JSK, puisque c’est surtout le maintien qui intéresse le plus le club. Vous êtes d’accord ?
Je ne suis pas d’accord à 100%. Je pense qu’avec les deux bons résultats acquis récemment à domicile, on s’est mis un peu à l’abri. On n’est plus dans la zone rouge. On est bien partis pour se sauver. Maintenant, ce match, c’est une demi-finale. C’est impossible de dire qu’on ne veut pas aller en finale. Il y a quand même un titre au bout à gagner.
En cas de maintien et une victoire en Coupe d’Algérie, on pourra dire que c’est une saison réussie quand même, non ?
C’est sûr que si on gagne la Coupe d’Algérie et on se maintient, on fera mieux que beaucoup de clubs de haut de tableau. On aura l’occasion de jouer la Coupe d’Afrique la saison prochaine surtout.
Pensez-vous que votre absence va pénaliser l’équipe lors de ce match ?
Ça, c’est à l’entraineur de vous répondre. Après, c’est sûr qu’en ce moment, je me sens vraiment bien. Physiquement, techniquement, je suis bien. Je travaille bien. J’enchaîne les matchs. J’aurais pu aider mes coéquipiers, c’est sûr.
Le vestiaire a retrouvé une certaine union et une force qui lui permet à présent de gagner des matchs…
Oui, c’est vrai. Avec toute la pression vécue lors de la phase aller, ce n’était pas facile. Les victoires acquises face à l’USM Bel Abbès et l’USM Blida ont libéré les joueurs. On est tous très contents. On veut que cette bonne période continue. On a aussi un coach qui est dur sur ça. Il nous laisse pas prendre la grosse tête.
En parlant de Bouzidi, certains assurent qu’il a su inculquer un esprit de guerriers aux joueurs. Vous confirmez ?
C’est tout un ensemble. Le coach dès qu’il est arrivé au club, il a compris tout de suite la situation. Il nous a trouvé abattus. C’est un meneur d’hommes. Il sait trouver les mots pour nous motiver. Moi, personnellement, j’ai un caractère spécial et quand il est arrivé à la JSK, beaucoup me disaient que c’est quelqu’un de très dur. Tu verras, tu ne vas pas t’entendre avec lui, alors que c’est tout le contraire qui s’est passé. C’est quelqu’un qui me pousse à donner le meilleur de moi-même. Il sait me parler. Si aujourd’hui, je fais de bons matchs, c’est aussi grâce à lui.
Vous avez eu un malentendu avec le coach après le match du MCA cependant…
A vrai dire, c’était un match que je voulais jouer jusqu’à la fin. Quand j’ai été remplacé, j’avais montré que je n’étais pas content, mais je n’ai jamais eu de conflit direct avec le coach. Après, je me suis excusé, donc pas la peine d’en faire tout un plat.
Vous l’avez dit tout à l’heure. Vous avez un caractère spécial. C’est donc pour cela que vous avez eu pas mal de différends avec vos anciens entraineurs ?
Il ne faut pas mélanger les choses. Certains disent que je suis un perturbateur, que je ne suis pas professionnel. Si vous allez voir tous les joueurs de l’USMA ou de la JSK, personne ne vous dire que j’ai eu un problème avec Ziri. Je suis quelqu’un de bon vivant, qui rigole tout le temps. Après, c’est sûr que j’ai fait des erreurs par le passé, mais ça, c’était quand j’étais plus jeune. J’ai mûri à présent.
Votre problème en fait, c’est que vous êtes un compétiteur et que vous voulez jouer tous les matchs…
Voilà. J’ai aussi un petit défaut, c’est que je ne suis pas patient. Je veux tout et tout de suite. Je suis vexé quand je ne joue pas, mais soyez sûr que je ne force jamais un coach à me faire jouer.
Parlons un peu de vous. Vous avez débuté à 17 ans avec Nancy. Parlez-nous un peu de votre parcours…
Effectivement. J’ai commencé tout d’abord le foot dans un club de Paris, puis dés l’âge de 14 ans, j’ai été repéré par le club de Nancy, où j’ai intégré son centre de formation. J’y suis resté six ans. J’étais sélectionné en Equipe de France de jeunes et ensuite avec la sélection algérienne U17. J’ai signé pro avec Nancy et j’ai enchainé les matchs en Ligue 1.
Par la suite, vous avez quitté la France pour le championnat turc. Pourquoi ce choix ?
C’est moi qui voulais partir, même si Nancy tenait absolument à me garder. J’avais 20 ans. Ils comptaient sur moi, ils voulaient même me prolonger. Après, c’est une période de ma vie où j’avais des soucis hors football. Je n’étais pas concentré sur le foot. Je voulais changer d’air. J’ai signé quatre ans du coup en faveur de Kayserispor, mais la suite a été dure.
Vous avez regretté ce choix ?
Non, ça m’a permis de me forger un caractère. Je pense que si j’avais été patient et si j’avais été bien entouré, j’aurais fait de meilleurs choix. Je ne serais sans doute pas actuellement dans le championnat d’Algérie, avec tout le respect que j’ai pour ce championnat. Après six mois en Turquie, j’ai décidé d’arrêter le foot. Au bout de six mois d’arrêt, j’ai repris le football en signant à Arles Avignon en Ligue 2, mais là aussi, après quelques mois, je voulais arrêter mon contrat. J’avais d’autres choses à faire. Là aussi, j’ai arrêté pendant six mois aussi. J’avais des soucis de famille et ce n’était pas simple pour moi de gérer ça.
Et après ?
Par la suite, Bernard Simondi qui me connaissait m’a proposé de venir à la JS Saoura. J’ai accepté. Là-bas, j’ai fait une bonne saison et puis j’ai signé à l’USMA.
A l’USMA, les choses n’ont pas bien marché pour vous…
Ma plus grosse déception en Algérie, c’est bien l’USMA, parce que c’est un club que j’aime beaucoup. Il m’a procuré beaucoup de bonheur, surtout avec les supporters. J’ai fait des sacrifices pour jouer à l’USMA. J’ai choisi ce club pour un projet sportif et non pas pour l’argent. Je pense qu’à l’USMA, je n’ai pas été respecté comme je devais l’être. On ne m’a pas mis en valeur et on a beaucoup dit de choses sur moi, qui ne sont pas vraies.
Comme quoi ?
La moindre erreur et c’est tout le monde qui en parle. On a dit des choses sur moi qui m’ont fait mal. Pourtant, j’étais très appliqué là-bas. Je voulais vraiment réussir. On disait de moi que j’étais quelqu’un à problème. Là-bas, je ne vous cache pas, j’étais vraiment malheureux. Je n’étais pas bien dans ma tête. Si on m’avait laissé tranquille à l’USMA, j’aurais vraiment fait grand-chose. J’avoue néanmoins que les supporters m’ont beaucoup soutenu.
Il fallait que vous partiez alors…
Oui, c’était le moment. J’ai demandé au président Haddad de partir. Je ne prenais aucun plaisir à jouer à l’USMA. Ça parlait beaucoup de moi… des choses négatives.
Venir à la JSK, c’était le bon choix ?
Bien sûr. Je n’ai pas choisi n’importe quel club. J’ai choisi le club que supporte ma famille. Je suis d’Akbou et dans cette ville, on supporte aussi ce club. A la JSK, on m’a toujours fait confiance. J’ai toujours joué et pourtant, les deux, trois premiers matchs je n’avais pas été bon. La JSK est le club qui me fait grandir en ce moment.
Vous voulez continuer à jouer pour la JSK ou revenir à l’USMA ?
Franchement, pour l’instant, je ne pense pas à mon avenir. J’ai envie d’enchaîner les bonnes prestations. Après, je dois voir avec l’USMA d’abord et ensuite connaître la position de la JSK, si elle voudra racheter mon contrat. Qui sait, peut-être que je vis mes dernières semaines à la JSK.
Vous avez été convoqué pour la première fois en sélection alors que vous étiez à Nancy…
Oui, c’était avec l’EN U17. Medane était venu au centre de formation de Nancy. Je suis né en Algérie, n’oubliez-pas. Chez moi, on est surtout Algériens. Je n’étais pas forcément attiré par l’Equipe de France. Je vibrais plus pour la sélection algérienne.
Votre ambition est de rejoindre l’EN A, n’est-ce pas ?
Je pense que je suis loin à l’heure actuelle de l’EN A. J’espère travailler dur pour rejoindre dans un avenir proche la sélection. C’est un objectif.
L’idée de revenir en Europe vous tente ?
J’ai des ambitions qui me donnent envie d’aller plus haut, mais pas pour aller n’importe où. Si je dois repartir en Europe, c’est pour rejoindre un bon club qui me fait confiance.
Où voulez-vous jouer la saison prochaine ?
Il faut savoir si l’USMA veut me récupérer et s’ils sont prêts à me faire confiance, je ne reviendrai pas si on ne me fait pas confiance. Après, je n’ai pas mon destin entre les mains. On en discutera quand la saison sera terminée.
Publié dans :
mca
JSK
Medane
Simondi
Bouzidi
Ziri Hammar