Auteur :
Youssef K.
mercredi 17 janvier 2018 08:26
Pour commencer, quel est votre sentiment et cela après avoir été plébiscité pour le prix du meilleur espoir ?
C'est certain, ma joie est immense. Le sentiment que j'ai éprouvé après avoir appris que j'ai été choisi est indescriptible. Mes pensées sont allées à tous ceux qui ont donné de leur temps pour que j'en arrive là. Par ailleurs, ce genre de récompense pousse un jeune joueur à persévérer et c'est ce que j'ai l'intention de faire. En ce qui me concerne, mon vœu est que cette distinction soit suivie d'autres récompenses. Par ailleurs, elle est valorisée car les nominés sont tous d'excellentes valeurs et ma pensée va vers eux.
« Une fierté que de côtoyer Maldini, Madjer, Assad, Belloumi et autres »
A quoi avez-vous pensé lors de la montée des marches avant de recevoir votre trophée ?
En réalité, l'émerveillement a commencé bien avant la montée des marches. Ce superbe opéra était truffé de grandes stars du football. Le fait de me retrouver avec eux et en plus pour recevoir un trophée est tout simplement magique. Je ne peux qu'éprouver de la fierté, lorsque je me suis retrouvé au milieu de stars comme Maldini, Madjer, Assad, Belloumi et tous les autres.
Il y avait aussi la présence de votre père…
Recevoir un trophée, en sachant que votre père est dans la salle est indescriptible. Il est certain que je mesure la chance que j'ai. Avec la présence de mon père, ce sont tous les membres de ma famille et tous mes proches qui étaient moralement avec moi. Grâce cela aussi, cette cérémonie sera pour toujours un événement inoubliable.
L'invité d'honneur de cette cérémonie de la remise du Ballon d'Or n'est autre que l'ex-star du football italien Paolo Maldini. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ?
J'ai une idée précise de cet immense joueur. Ses qualités de joueur lui ont permis de gagner tous les trophées majeurs en Europe et au niveau mondial. Je sais qu'il fait partie des tous meilleurs défenseurs que le football a connus. C'est bien sur un exemple à suivre pour un jeune joueur.
Il évolue au même poste que vous. Un commentaire ?
Cela veut dire que le poste de défenseur latéral n'empêche pas la reconnaissance et cela au plus haut niveau. C'est un poste ingrat, mais qui peut apporter bien des satisfactions quand on sait se montrer créatifs.
« Maldini m'a recommandé de garder les pieds sur terre »
On vous a vu discuter avec lui dans les coulisses. Que vous-a-t-il dit ?
Tout d'abord, c'est un moment privilégié. Maldini est d'une grande modestie. Il m'a d'abord demandé quel était mon poste de prédilection, avant de me donner des conseils.
Lesquels ?
Je lui ai dit que je pouvais évoluer au poste de latéral et aussi d'ailier. Maldini a beaucoup insisté sur le travail à l'entraînement. Par ailleurs, il m'a recommandé de ne jamais baisser les bras et de ne pas céder au découragement et cela quels que soient les mauvais passages. L'autre conseil très important qu'il m'a donné est le suivant. Il m'a recommandé de tout le temps garder les pieds sur terre et aussi se dire que l'on progresse toujours. Après cela, il m'a souhaité bonne chance dans ma carrière de joueur.
C'est votre coéquipier en Equipe nationale Fawzi Ghoulam qui a reçu le Ballon d'Or. Pensez-vous que cela est mérité ?
Certainement. Fawzi Ghoulam est un défenseur hors pair. Il possède d'énormes qualités de joueur. La meilleure preuve est qu'il est l'un des tous meilleurs à son poste et cela au niveau mondial. D'un autre côté, c'est une personne attachante et avec qui on éprouve du plaisir à discuter. D'un autre côté, il encourage énormément les jeunes joueurs. Je voudrais ajouter autre chose…
Allez-y…
Il faut préciser que les autres nominés méritent tout autant que Ghoulam de remporter le Ballon d'or. Chacun dans son registre est un joueur exceptionnel. Je leur souhaite du fond du cœur de réussir.
Maldini vous a recommandé de travailler énormément à l'entraînement. Est-ce que cela est le cas au sein de votre club en Belgique ?
Bien sûr car il faut être au top et cela sur tous les plans. Ce n'est qu'à ce prix qu'on peut espérer tirer son épingle du jeu en compétition officielle. Cela n'est pas nouveau pour moi car il en était de même au niveau de l'Académie du Paradou. Le travail qui y est effectué ressemble à celui au sein des clubs professionnels. On ne le sait peut-être pas, mais nous avions parfois à effectuer trois séances d'entraînement par jour. C'est pour cela que, personnellement, je n'ai pas éprouvé de problèmes d'adaptation.
« En Belgique, je passe toutes mes journées au stade… »
Qu'est-ce qui a changé pour vous depuis que vous êtes en Belgique ?
Surtout le fait de passer la plus grande partie de la journée au stade. Le biquotidien est systématique et entre les deux séances, nous restons au stade. Ceci fait que nous ne sommes pas souvent à la maison ou en ville. C'est un mode de vie auquel il faut s'habituer.
Justement, votre vie en Belgique vous plaît-elle ?
Je ne me plains pas. Les gens sont très gentils avec moi, ils sont aussi accueillants et chaleureux. Cela a son importance. Tout est fait pour qu'on puisse effectuer notre travail dans les meilleures conditions. Il y a juste un problème de langue. Celle-ci est très difficile. Cependant, je fais des efforts pour que cela ne soit pas un écueil.
Sur le plan technique, est-ce que le football pratiqué en Belgique en général vous convient ?
Il est un peu différent du notre, mais je me suis adapté. Cependant, plusieurs observateurs s'accordent à dire que je suis plus fait pour le football espagnol. Je ne vous cache pas que je partage cet avis. En plus du style de jeu, il y a la grandeur des terrains. Personnellement, je préfère jouer dans l'espace. Par ailleurs, je suis un fan du football espagnol.
Peut-on comprendre par là que vous allez faire en sorte de continuer votre carrière en Espagne ?
Disons que c'est un de mes objectifs. Pour le concrétiser, il faut être très fort et cela j'en suis conscient. Pour réussir dans un des championnats les plus difficiles d'Europe, il faut être irréprochable et cela sur tous les plans.
Justement, pensez-vous à votre prochaine destination ?
J'y pense et cela comme tout joueur professionnel. Il est certain que cela n'influe en rien sur mon travail actuel. Je me donne à fond à l'entraînement et cela pour être au top quand mon équipe a besoin de mes services. Je suis optimiste, mais tout en gardant les pieds sur terre. Il ne faut pas oublier que j'ai connu un coup d'arrêt et cela suite à ma blessure. Ce sont là des aléas dont il faut tenir compte. Avant toute chose, il faut que je progresse et cela sur tous les plans. C'est la clé de la réussite.
Peut-on dire que vous avez l'intention de changer de club ?
Avant toute chose, mon objectif est d'avoir le maximum de temps de jeu lors de la phase retour. Comme vous dites, il se pourrait que je change de club et même de championnat. Cela ne veut pas dire que je ne me plais pas en Belgique. Bien sûr, nul ne sait de quoi sera fait l'avenir.
« Voilà pourquoi je ne suis pas resté au Real Betis »
Vous nous avez dit que votre objectif est de jouer au sein du championnat espagnol. Seulement, vous avez effectué des essais au sein du Real Betis, qui sont restés sans suite. Que s'est il passé ?
(Après un moment de silence…) Disons que le destin a fait que je n'ai pas signé au Real Betis. Je vais vous expliquer. Il faut savoir que les essais que j'ai effectués ont été amplement satisfaisants. L'entraîneur et le président étaient tous deux satisfaits. Les négociations étaient bien engagées. Cette période a coïncidé avec le mois de Ramadhan et je me suis rendu en Algérie, pour régler certaines affaires. Entre temps, il y a eu un changement d'entraîneur au Real Betis. On m'a demandé de refaire tous les tests et cela m'était impossible.
Pour quelle raison ?
Nous nous sommes concertés avec mon manager et les dirigeants du PAC. Nous avions convenu que refaire des tests n'avait aucun sens. Le président du Real Betis a insisté pour que je revienne, mais l'entraîneur qui était en place tenait à ce que je refasse les essais. C'est ce qui a fait capoter mon transfert au Real Betis. Une autre piste a été exploitée très vite.
Avec du recul, le regrettez-vous ?
Absolument pas. C'est une question de principe, surtout que la démarche de l'entraîneur du Real Betis n'avait aucun sens. Il est vrai que le championnat espagnol est des plus attrayants mais il n'était pas question de faire n'importe quoi juste pour signer dans un de ses clubs. Par ailleurs, je suis dans un club de valeur qui évolue au sein d'un championnat qui est côté en Europe. J'ai opté pour un club dont les responsables m'ont investi de leur confiance. Cela a une grande importance à mes yeux.
Peut-on vous voir un jour sous le maillot du Real Betis ?
Pourquoi pas ? Le Real Betis est un grand club. L'ambiance, et cela je m'en suis rendu compte, est excellente. Je vous ai dit que nul ne peut savoir ce que nous réserve le destin.
Et pour ce qui est de l'Equipe nationale ?
Il ne se passe pas un jour sans que je pense à mon retour en Equipe nationale. La blessure que j'ai contractée m'a fait rater plusieurs regroupements et cela m'a terriblement manqué. Croyez-moi, je ne ménage aucun effort et cela pour gagner la confiance du sélectionneur national.
Beaucoup de choses se disent çà et là, en ce qui concerne les joueurs issus du PAC. Cela vous affecte-t-il ?
Bien sûr et toutes ces critiques n'ont aucun sens. La meilleure réponse à donner est d'être performants.
Est-ce que vous suivez le parcours du PAC ?
Je ne rate absolument rien en ce qui concerne le PAC où j'ai fait toutes mes classes. Mes amis les plus proches s'y trouvent et je suis en contact permanent avec eux.
Quel est d'après vous le joueur du Paradou qui a le plus d'aptitudes pour jouer en Europe ?
La plupart des joueurs du PAC ont les capacités pour cela. Je citerais entre autres El Mellali. Il y a aussi Rachid, un espoir qui promet.
Vous verra-t-on un jour brandir le Ballon d'Or ?
Je l'espère vivement. Il y a cependant du chemin à faire avant cela.
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