Auteur :
Saïd Fellak
dimanche 22 octobre 2017 22:20
L’ancien défenseur de la sélection nationale des années 80, Faouzi Mansouri a accepté de répondre à nos questions et de nous donner son avis notamment sur la nomination de son ancien coéquipier, Rabah Madjer, à la tête de la sélection nationale. L’ancien joueur de Montpellier estime qu’il est temps de redonner la chance aux joueurs locaux, car compter exclusivement sur les joueurs formés à l’étranger, n’est pas une bonne chose.
Rabah Madjer a été nommé à la tête de la sélection nationale, vous qui le connaissez bien, pensez-vous qu’il peut être la solution au problème ?
Ecoutez, on a essayé des coach étrangers durant ces dernières années, Halilhodzic, Gourcuff, Rajevac, Leekens, Alcaraz et ça n’a pas marché. C’est peut-être donc une bonne chose que Madjer soit choisi comme sélectionneur, surtout qu’il est bien entouré, puisqu’il aura à ses côtés des techniciens de renom, comme Menad et Ighil. Il faut donc le laisser travailler, surtout que le travail d’un sélectionneur et celui d’un coach d’un club n’est pas pareil.
Justement, le fait qu’il n’a plus exercé sur le terrain depuis 11 ans, est-ce que cela peut poser problème selon vous ?
Non, parce qu’il est toujours resté dans le football. Il a été consultant et a suivi par conséquent beaucoup de matchs. Il n’était pas déconnecté. Il a vu comment le football a évolué. J’espère qu’il aura su évoluer lui aussi. Je ne me fais pas de souci, surtout que comme je viens de vous le dire, il s’est entouré de gens compétents.
Donc ce staff élargi composé de Madjer, Ighil et Menad, pourra relever le défi et aider cette sélection à retrouver le chemin des succès…
Déjà, le problème du football algérien ne réside pas uniquement dans sa sélection première. C’est la formation qui nous fait cruellement défaut. On ne forme pas de jeunes joueurs. La priorité à l’heure actuelle est de relancer la formation. C’est ça le plus important, si on veut que notre football national se relance.
Vous faites bien de parler de la formation. Rabah Saâdane a été justement désigné la semaine passée en tant que Directeur technique national. Est-ce une bonne idée ?
Oui, c’est une bonne chose, car Saâdane, ne l’oublions pas, a presque 72 ans. Donc, il est compétent, mais je me pose la question : est-ce qu’à cet âge, on peut avoir la même vision des choses qu’une personne qui a 55 ans ? Mais bon, le fait qu’il soit là avec Madjer, Ighil et Menad, cela prouve que la Fédération veut algérianiser tout le staff. Ils vont avoir besoin d’un certain temps pour bien préparer le football algérien et le restructurer.
La non-qualification de l’Algérie pour la prochaine Coupe du monde vous-a-t-il surpris ?
Evidemment. C’est vrai que sur le papier, avec les joueurs que nous avons et qui jouent dans de grands clubs en Europe, on s’attend à plus que ça. Le problème aussi, c’est que peut-être, il y a une grosse différence entre le football européen et africain. Ça n’a rien à voir. Le football africain, c’est plus un football d’engagement, de volonté et de combat. Ce n’est pas que jouer au football simplement. C’est là à mon sens où on s’est fait éliminer. A notre époque, dans les années 1980, la sélection était majoritairement constituée de joueurs qui évoluaient dans le championnat algérien. Ils connaissaient bien le football africain. Les joueurs de maintenant sont tous formés à l’école française. Quand ils vont en Afrique noire, c’est autre chose. Ils ne sont pas habitués.
Le choix d’Alcaraz était-il une erreur et qu’on a perdu six mois avec lui ?
Il y a eu d’abord un souci avec Gourcuff. Par la suite, il y a eu un changement de président. Zetchi a voulu ramener sa vision du football et a désigné un coach espagnol. Maintenant, ce qui s’est passé est passé. Je me dis que c’est un mal pour un bien tout ça. Maintenant, il faut repartir sur de vraies bases.
Les joueurs qui forment la sélection ont toujours travaillé avec des techniciens étrangers. Comment vont-ils se comporter selon vous, avec ce staff technique à 100% algérien ?
Je ne sais pas, mais ce que je sais, c’est que le staff va faire jouer les meilleurs joueurs. Ils prendront le profil d’éléments qui les intéresseront. Ils auront besoin de temps pour mettre en place leur stratégie. Il faut aussi donner la chance aux locaux. Moi, je trouve qu’avoir une Equipe nationale composée majoritairement de joueurs évoluant à l’étranger, n’est pas une bonne chose pour notre football. Je ne suis pas pour cette stratégie. On aurait dû intégrer depuis longtemps des joueurs locaux à petite dose.
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