La rumeur circulait depuis quelques jours. C’est fait, l’une des grandes icônes du football algérien reprend la direction de l’Equipe nationale. Rabah Madjer, c’est l’un des enfants-chéris du football algérien, a été officialisé nommé, mercredi en fin d’après-midi par la FAF, nouveau sélectionneur national, succédant ainsi à l’Espagnol Lucas Alcaraz. Le capitaine champion d’Afrique 90 n’a pas attendu longtemps pour s’exprimer devant les médias. Il a ainsi livré ses premiers mots, hier, lors d’un point de presse tenu au CTN de Sidi-Moussa. C’est vers 10h55 que Rabah Madjer, accompagné de ses deux assistants Meziane Ighil et Djamel Menad, s’est présenté à la salle de conférences. Avec son sourire habituel, il a pris la parole pour confirmer sa nomination et parler de ses objectifs.
«Nous sommes tous les trois des entraîneurs, on travaillera de manière collégiale»
Tout d’abord, Rabah Madjer a parlé de ses deux assistants Ighil et Menad en disant : «Nous allons travailler en étroite collaboration. C’est un staff élargi. Chacun de Ighil et Menad mérite d’être sélectionneur. C’est pour cela que je vous dis qu’on est tous les trois des entraîneurs de l’Equipe nationale. Nous allons tout faire pour donner un grand coup de fouet à l’Equipe nationale, afin que les résultats s’améliorent.»
«Je remercie Ighil et Menad pour cette marque de confiance»
Madjer n’a pas aussi manqué l’occasion de remercier Menad et Ighil d’avoir accepté de travailler avec lui : «Je tiens aussi à remercier mes deux amis Djamel Menad et Meziane Ighil d’avoir accepté de travailler avec moi. C’est un immense honneur pour moi de travailler avec eux. Ce sont deux bons entraîneurs qui ont déjà fait leurs preuves dans le football algérien. Ighil a été à plusieurs reprises sélectionneur national. Menad a travaillé dans de grands clubs algériens, entre autres le Mouloudia d’Alger.»
Son retour en sélection : «Pour ceux qui disent que j’ai été imposé, je leur dis que je suis fier de la confiance des autorités»
La nomination de Rabah Madjer à la tête de l’EN a fait réagir. Beaucoup estiment que Madjer a été imposé d’en haut pour prendre les destinés de la sélection. Interrogé sur la question, le nouveau sélectionneur déclare : «Beaucoup de gens disent que j’ai été imposé d’en haut (rires). Je tiens à leur dire alors que je suis fier et honoré de cette marque de confiance des décideurs de mon pays. Je suis content qu’ils me fassent confiance ! A chacun de comprendre.»
«Je vous promets qu’il n’y aura plus d’échec»
Rabah Madjer a évoqué son retour en sélection nationale. L’ancienne gloire de l’EN a promis qu’il n’y aura plus d’échec : «Je vous promets qu’il n’y aura plus d’échec en sélection. Je sais que tout le monde est déçu par rapport à la situation actuelle de l’EN. Nous aussi, on est déçus. Mais sachez qu’on fera le maximum. Ighil, Menad et moi allons tout faire pour que l’EN redore son blason. On sait que notre mission ne s’annonce pas facile. L’EN a un problème à l’extérieur, on va essayer d’améliorer les choses car à domicile, on est presque intraitables. Hormis la défaite dernière face à la Zambie, on est presque imbattables à domicile.»
«J’ai appris de mes erreurs du passé»
Rabah Madjer a aussi parlé de ses anciennes expériences avec les Verts. Il dit avoir appris de ses erreurs : «Sincèrement, j’ai beaucoup appris des erreurs du passé. Il n’y a pas un entraîneur qui ne commet pas d’erreur. Moi aussi j’ai commis des erreurs qui m’ont permis d’apprendre. Les erreurs commises ne vont plus se reproduire.»
«J’ai laissé l’EN à un point de la CAN-96»
Pour ce qui est de son premier passage à la tête de l’EN, Rabah Madjer le qualifie de positif. Pour lui, il a laissé les Verts presque qualifiés à la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 1996 qui a eu lieu en Afrique du Sud : «Pour moi, mon premier passage en sélection nationale a été une réussite, dans la mesure où j’ai laissé l’EN presque qualifiée à la CAN-1996 qui s’est déroulée en Afrique du Sud. Les Verts étaient à un point du tournoi final. C’est pour cela que je pense que mon premier passage était positif. J’avais pris l’EN à l’âge de 33 ans. Je n’avais pas de vécu comme entraîneur. J’avais mis à profit mon vécu de joueur pour réussir et je pense que ma mission a été accomplie. Dommage que je n’avais pas poursuivi ma mission pour les raisons que tout le monde connaît.»
«La CAN-2002 n’était pas mon objectif»
Pour ce qui est de son second passage à la tête de l’EN, Madjer explique que la CAN-2002 n’était pas son objectif. Il faut rappeler que durant cette CAN qui s’est déroulée au Mali, l’EN n’avait récolté qu’un seul point, après son nul face au Libéria, puis deux défaites face au Nigeria et le pays hôte. Il explique : «C’est vrai que je n’avais pas réussi grand-chose au Mali lors de la CAN-2002. Mais sachez que ce n’était pas mon objectif. Mon objectif, c’était l’après-CAN pour préparer une équipe solide. On m’avait même demandé avant ce tournoi de prendre de jeunes joueurs, mais j’ai refusé car on n’était pas prêt pour ça. Si j’avais pris des jeunes, on aurait pris des raclées lors de la CAN.»
«On m’avait écarté injustement»
Il évoque aussi sa mise à l’écart qu’il qualifie d’injuste : «On avait réussi à faire un bon travail durant cette période-là. J’avais mis en place un bon groupe de joueurs. D’ailleurs, on avait réussi un grand match face à la Belgique en faisant match nul à Bruxelles (0-0). On a fait un grand match et une semaine plus tard, la Belgique était allée battre la France, championne du monde alors, chez elle à Paris. Dommage qu’on a été écartés et je peux vous dire qu’on avait été écartés injustement. Si on était restés, les choses se seraient améliorées.»
«Je ne reviens pas avec un esprit revanchard»
Madjer dira qu’il ne revient pas avec un esprit revanchard. Le nouveau sélectionneur des Verts annonce qu’il vient avec des objectifs, pour réussir : «Je viens pour réussir, pour redorer au football algérien son blason. Je ne reviens pas avec un esprit revanchard. Certes, j’étais victime d’un complot et on m’a mis les bâtons dans les roues, mais je reviens avec un nouvel état d’esprit, celui de donner quelque chose pour mon pays.»
Le staff : «Dire qu’Ighil et Menad ont été imposés est une insulte pour Zetchi et le BF !»
Madjer a été aussi interrogé sur la nomination de Ighil et Menad, surtout qu’on a aussi évoqué que les deux entraîneurs en question ont été imposés. Madjer a répondu en colère : «Ceux qui disent aussi que Ighil et Menad ont été imposés se trompent. Fini le temps où on impose. C’est moi qui les ai choisis. Dire cela est une insulte pour le président de la FAF Zetchi et le Bureau fédéral. Je vous l’ai dit et je le répète, c’est moi qui les ai choisis, personne d’autre !»
«J’ai fait savoir à Zetchi que je voulais travailler avec Saâdane»
Madjer annonce aussi avoir demandé au président de la FAF, Kheireddine Zetchi, de vouloir travailler avec Rabah Saâdane qui possède une large expérience : «J’ai demandé au président Zetchi de travailler avec Saâdane, afin de faire du bon travail, mais j’ai constaté par la suite qu’il a pris la DTN. En tout cas, il sera avec nous, même s’il ne s’assiéra pas sur le banc de touche. Il sera en effet le conseiller technique du staff technique.»
«Je vais aussi apprendre aux côtés de Menad et Ighil»
Madjer a insisté sur le fait de travailler en collaboration avec Menad et Ighil : «Je vous ai dit qu’on va travailler en collaboration tous les trois. Je vais aussi apprendre à leurs côtés, ce n’est pas un problème. Il y a une très bonne entente entre nous les trois.»
«Haniched fera partie aussi du staff»
Rabah Madjer a aussi annoncé que l’ancien gardien de but de l’EN, Mhamed Haniched, fera aussi partie du staff technique, tout en confirmant le maintien de Aziz Bouras comme entraîneur des gardiens de but : «Aziz Bouras a été maintenu à son poste. C’est quelqu’un de compétent. Il nous sera utile. Il y aura aussi Mhamed Hancihed qui possède une large expérience et qui a fait du bon travail là où il est passé. Il formera un bon duo avec Aziz Bouras.»
«Medane fait du bon travail et il continuera avec nous»
Au sujet du manager général de l’EN, Hakim Medane, Madjer dira : «Hakim Medane est aussi avec nous. Lui, il est le manager général de la sélection. C’est le coordinateur entre la sélection et la FAF. C’est quelqu’un de compétent qui est en train d’accomplir un grand travail. Je pense qu’il nous sera utile au vu de son expérience. On va travailler en collaboration.»
11 ans loin des terrains : «J’étais entraîneur dans les studios»
Après sa nomination, tout le monde a critiqué cette nomination puisque Madjer n’a plus exercé depuis 2006, précisément avec Al Wakrah. Madjer ne trouve pas d’inconvénient et annonce qu’il est resté dans le domaine du football. «C’est vrai que je n’ai pas entraîné depuis onze ans mais je suis resté très proche du football, notamment le football algérien. J’étais entraîneur dans les studios. J’étais consultant dans les studios et j’ai beaucoup appris des analyses des matchs. Donc, le problème ne se pose pas.»
«Le talent ne s’oublie jamais !»
Madjer dira aussi : «C’est vrai que je n’ai pas entraîné mais je suis resté connecté. Je suis au courant de tout ce qui se passe en sélection. Je vais profiter de l’occasion de ce premier stage pour discuter avec les joueurs, afin de trouver une solution. Pour revenir au fait de ne pas avoir entraîné pendant onze ans, je peux vous dire que le talent ne s’oublie pas, même si on reste loin des terrains.»
«Je ne me souviens pas avoir contesté la nomination de Rajevac !»
Interrogé sur le fait d’avoir critiqué la nomination du Serbe Milovan Rajevac qui n’avait pas exercé pendant cinq ans, Madjer a déclaré : «Je ne me souviens pas avoir contesté la nomination de Rajevac. Je ne peux donc pas répondre !»
Les critiques : «Des hommes d’Etat sont critiqués, comment voulez-vous que j’en sois épargné !»
Il faut dire que la nomination de Rabah Madjer à la tête de l’EN a suscité une grosse polémique en Algérie. Le héros de la finale de la Ligue des champions de 1987 a été sévèrement critiqué. Madjer le sait pertinemment et a tenu à préciser : «Je sais que j’ai été beaucoup critiqué. Je sais que beaucoup sont contre ma nomination, mais ce sont des choses qui se passent dans le football. Je sais aussi que des journalistes sont contre moi, mais je n’ai pas de problème. On est dans un monde de démocratie. Chacun est libre de livrer son opinion.»
«J’accepte toutes les critiques»
Madjer enchaîne : «J’accepte toutes les critiques et toutes les opinions. Ne vous inquiétez pas, je continuerai à parler avec tout le monde. Il y a des hommes d’Etat qui ont été critiqués, comment voulez-vous que je ne le sois pas ? Pour moi, le problème ne se pose pas.»
«On ne peut pas plaire à tout le monde»
Toujours concernant les critiques, Madjer évoque le passé de la sélection : «Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Parfois, il y a des gens qui sont contre. On ne peut jamais faire l’unanimité autour de soi. Tous les entraîneurs du monde entier et même de sélections sont toujours critiqués. Donc, je ne suis pas inquiet.»
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