A l’ère du «professionnalisme» dans notre football, le bricolage continue d’être légion et l’amateurisme est le mot qui lui sied le plus. Avant-hier, une énième affaire vient nous rappeler la dure réalité de notre football, à savoir que l’Algérie est loin du monde du professionnalisme. Rappel des faits, la Ligue 2 Mobilis, dite « professionnelle», disputait son ultime journée avec un enjeu de taille, sceller le sort des équipes qui rétrograderont en Division amateur national. Toutes les oreilles étaient dirigeaient vers les stades Zerdani-Hassouna d’Oum El Bouaghi, qui accueillait l’USC-JSMB, et Allag-Mohamed de Aïn Fekroun, où se jouait CRBAF-ASK. Mathématiquement, un nul suffisait à la JSMB et l’USC pour rester en Ligue 2 Mobilis à condition que l’ASK tombe face au CRBAF, c’était le scénario le plus probable aux yeux de tous les observateurs car personne ne donnait cher de la peau de la formation khroubie à Aïn Fekroun. Finalement, l’impossible a eu lieu, l’ASK échappe à la relégation grâce à une victoire contre le CRBAF dans un match qui aura duré… 119’. Oui, vous avez bien lu 119’, et ce n’était pas un match de Coupe d’Algérie qui est allé aux prolongations, mais bien d’une rencontre qui devait être terminée après 90’ de jeu.
Les supporters de Aïn Fekroun décident de la relégation de l’USC
La «mascarade» a bel et bien eu lieu, alors que s’acheminait vers un match nul dans les deux rencontres citées plus haut, l’incroyable s’est produit au stade de Aïn Fekroun. Les supporters du CRBAF ont envahi le terrain et bien évidemment la partie a été arrêtée par l’arbitre comme le stipulent les règlements généraux. Le match n’a repris qu’après… 20 minutes et bien évidemment le match USC-JSMB était terminé. L’ASK a réussi à marquer dans le temps additionnel, une interminable partie ! Du stade Zerdani-Hassouna, la colère fusa et le président de l’USC, Abdelmadjid Yahi, en a été le porte-parole. «Tout a été combiné pour que l’USC soit reléguée. Les supporters du CRBAF ont envahi le terrain pour exiger de leurs joueurs de donner la victoire aux Khroubis et cela pour que l'USC rétrograde et c'est ce qui s'est passé», a-t-il déclaré en substance. On croyait que cette façon de faire (arrêt du match par un envahissement de terrain) était révolu en 2016, finalement il n’en rien, elle est toujours d’actualité.
L’arbitre aurait subi des pressions pour reprendre le match
Au stade de Aïn Fekroun, il n’y avait plus de place au foot. Les supporters avaient pris d’assaut le terrain car ils étaient en colère contre le résultat sur lequel allait s’achever le match 0-0 et pourtant ce résultat n’avait aucune incidence sur l’avenir de leur club chéri. Ce dernier avait assuré son maintien bien avant cette ultime journée. Ils n’étaient pas en colère car l’éthique n’avait pas été respectée, l’éthique exigeait bien évidemment que le CRBAF joue à fond cette rencontre. «Au CRB Aïn Fekroun, on ne marche pas dans la combine. Alors cessez de nous accuser moi et mon club d’avoir avantagé l’AS Khroub et de lui avoir facilité la tâche pour gagner ! Mes joueurs ont tout fait pour gagner et Il y avait une pression terrible qui pesait sur l’équipe avant, durant et après le match», a déclaré le président de Aïn Fekroun. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, une partie des supporters de Aïn Fekroun étaient en colère car justement l’éthique était respectée. Pour eux, leur équipe devait perdre, c’est du jamais vu, peut-être une première dans les annales du football mondial. Pour ces personnes, l’ASK, à tout prix, devait gagner pour que l’USC rétrograde en DNA. Le pire est que l’arbitre de la rencontre, M. Brahimi, devait arrêter la partie car les conditions de sécurité n’étaient pas assurées et pour les joueurs et pour les officiels. Mais selon certaines informations, ce referee aurait subi une pression énorme pour que la partie aille à sa fin. «Ce match doit se terminer», lui aurait-on ordonné.
Nul n’est au-dessus de tout reproche !
Si on croit la troisième partie de ce conflit, à savoir l’ASK, les accusateurs du jour ne sont pas au-dessus de tout reproche. A en croire les Khroubis, le match entre l’USC et la JSMB aurait été arrangé pour qu’il n’y ait pas de vainqueur afin que ce soit l’ASK qui rejoigne la DNA. «Le club a été victime d’un complot. Il a été orchestré pour qu’on descende en Division nationale amateur, mais Dieu merci, on s’est sauvés à la dernière journée. Ceux qui ont été derrière ce complot ont fini par descendre eux- mêmes en DNA», a fait remarquer le président du directoire de l’ASK.
Un professionnalisme remis en cause
Cette nouvelle affaire, avec ses tenants et ses aboutissants, remet en question ce professionnalisme mis en place à la va-vite et qui ne sied surtout pas à un football qui n’offre pas une plate-forme adéquate pour l’installer, notamment en Ligue 2 Mobilis, une division dont certains clubs qui le composent ne remplissent pas le cahier des charges du professionnalisme. Ils ne sont là que parce qu’il faut 16 clubs pour former cette division, mais au-delà de ce cahier des charges, ce sont les mentalités qui ne sont pas prêtes à changer car le professionnalisme est avant tout une attitude à adopter à tous les niveaux. Il est temps de revoir ce projet qu’est le professionnalisme et il est surtout temps que l’EN A ne soit plus cet arbre qui cache la forêt, cette vitrine reluisante qui dissimule un intérieur de magasin insalubre.
Yahi : «Hamoum et Zefzef ont fait le nécessaire pour éviter la relégation à la JSMB et à l'ASK»
Abdelmadjid Yahi a utilisé des mots crus pour dénoncer ce qu'il a appelé une véritable cabale pour que l'USC soit rétrogradée. Le président de l'USC est revenu sur certains matchs de la dernière journée de championnat de L2 Mobilis. Une journée dont les résultats ont fait que l'USC se retrouve en DNA. Le président du club d'Oum Bouaghi nous a dit que la rétrogradation de son club est la résultante de toute une stratégie qui a été mise en place. Selon lui, les acteurs sont les responsables du CRBAF et d'autres clubs ainsi que des officiels, dont des arbitres et des dirigeants du football national.
«Les hadjis qui sont à la tête de notre football doivent avoir honte»
Abdelmadjid Yahi n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur les responsables du football et en particulier le président de la commission d'arbitrage : «Les hadjis qui sont à la tête de notre football doivent avoir honte. Ils ont désigné un arbitre sur mesure pour officier notre match contre la JSMB.»
«Tout a été combiné pour que l'USC soit reléguée»
«Hamoum, le président de la commission d'arbitrage, a tout fait pour que le club de Béjaïa ne soit pas relégué. L'arbitre qui a été désigné a rempli convenablement la mission qui lui était dévolue, alors que la logique aurait voulu que ce soit un arbitre confirmé qui aurait dû être désigné. Cet arbitre nous a massacrés pour que la JSMB réussisse à prendre le point du nul qui est, pour elle, synonyme de maintien. Non content de nous refuser un but parfaitement valable, il a expulsé un de nos joueurs. Il en est de même pour Zefzef (vice-président de la FAF, ndlr) qui a fait le nécessaire pour éviter la descente à l'ASK. Il est certain que des complicités existent au niveau des plus hautes instances du football.»
«Ce qui s'est passé à Aïn Fekroun est une première dans les annales du football»
Le premier responsable de l'USC est revenu sur la rencontre qui s'est jouée à Aïn Fekroun, une daïra de la wilaya d'Oum Bouaghi. Le CRBAF a reçu l'ASK qui, lui aussi, été menacé de relégation : «Ce qui s'est passé à Aïn Fekroun est une première dans les annales du football. Les supporters du CRBAF ont envahi le terrain pour exiger de leurs joueurs de donner la victoire aux Khroubis et cela pour que l'USC rétrograde et c'est ce qui s'est passé. Ce match a duré plus de deux heures et le but victorieux de l'ASK a été inscrit bien au-delà du temps réglementaire sur une passe décisive d'un joueur de Aïn Fekroun. Tout cela s'est passé sous l'œil bienveillant des dirigeants du CRBAF, des officiels et avec la bénédiction de l'arbitre.»
«Les Médéens ont vendu des matchs en toute impunité»
Abdelmadjid Yahi a aussi évoqué le comportement qu'il juge scandaleux de certaines équipes : «Les responsables de l'O Médéa ont vendu des matchs et cela au vu et au su de tout le monde et en toute impunité. On se demande après cela pourquoi il n'y a aucun joueur local au sein de l'EN. Les responsables du football savent tout cela et s'ils n'en rendent pas compte devant la justice des hommes, ils auront à le faire devant la justice divine et ils paieront cette injustice face aux efforts et aux litres de sueur de nos joueurs. Je dirais, pour conclure, que tout a été combiné pour que l'USC soit reléguée.»
Bekouche (Pdt CRBAF) : «Comment on combine un match et on encaisse un but dans le temps mort ?»
Le président du CRB Aïn Fekroun, Hacène Bekouche, est sorti de son mutisme et refuse qu’on incombe la responsabilité à son club d’avoir combiné le dernier match de championnat face à l’AS Khroub. Bekouche n’est pas resté les bras croisés et s’est défendu tout en niant en bloc ces accusations gratuites de certaines parties : «Les joueurs ont fait tout leur possible pour gagner ce match face à l’AS Khroub pour terminer la saison à une place honorable, mais en vain. C’était un match très difficile devant une équipe qui a jeté toutes ses forces dans la bataille pour assurer son maintien. Comment voulez-vous qu’on combine un match et qu’on encaisse un but dans le temps mort de la partie ?»
«Je refuse en bloc qu’on nous accuse moi et mon club»
Hacène Bekouche est très en colère et surtout très déçu des déclarations de certaines parties qui l’accusent ainsi son club le CRBAF d’avoir avantagé l’ASK au détriment d’une autre équipe pour qu’elle soit reléguée en division nationale amateur : «C’est n’importe quoi, et ce sont des accusations gratuites, car au CRB Aïn Fekroun on ne marche pas dans la combine. Alors cessez de nous accuser moi et mon club d’avoir avantagé l’AS Khroub et de lui avoir facilité la tâche pour gagner. Mes joueurs ont tout fait pour gagner et il y avait une pression terrible qui pesait sur l’équipe avant, durant et après le match.»
«Je ne veux plus parler de ce match»
En conclusion, le premier responsable du CRB Aïn Fekroun a bien voulu mettre un terme à cette cette agitation qui n’a aucun sens à ses yeux : «Le CRB Aïn Fekroun ne mange pas de ce pain et on ne marche pas dans la combine. Alors je demande à ces gens qui veulent semer la zizanie et créer toute une polémique de ne plus parler, sinon je passe à autre chose. Je ne veux plus parler de ce match. La saison est terminée, et on se projette d’ores et déjà sur la prochaine, où on compte former une équipe capable de jouer les premiers rôles et l’accession en Ligue 1 Mobilis. Alors ne me parlez plus de cette rencontre face à l’AS Khroub.»
Barkat (pdt ASK) : «On a comploté contre nous mais Dieu nous a sauvés»
Le président du directoire de l’AS Khroub, Ahmed Barkat, est heureux du dénouement de cette saison qui a vu le club khroubi assurer son maintien parmi l’élite : «Je suis content que l’ASK ait été sauvé de la relégation. Dieu merci, nous sommes contents. Je tiens à remercier les gens de la ville qui étaient au côté du club dans ces moments difficiles.» Par ailleurs, le président de l’ASK n’a pas manqué l’occasion de souligner le complot qui a été orchestré, selon lui, contre l’ASK : «Le club a été victime d’un complot. Il a été orchestré pour qu’on descende en Division nationale amateur mais Dieu merci, on s’est sauvés à la dernière journée. Ceux qui ont été derrière ce complot ont fini par descendre eux- mêmes en DNA. Cela est une preuve que nous méritons ce maintien et que ceux qui ont orchestré le complot contre l’ASK dans les coulisses méritent de jouer en DNA la saison prochaine.»
Publié dans :
AS Khroub
Ahmed Barkat
Hacène Bekouche
Yahi.