Auteur :
Youcef Koudri
mardi 20 octobre 2015 23:08
Le premier sujet qu’on va aborder et qui s’impose de lui-même vu le bruit médiatique qu’il a suscité est l’affaire du dopage. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ?
C’est une affaire qui a pris une grande dimension à cause des deux derniers cas qui ont été découverts. Mais la sanction a été aussi à la hauteur de ce qui s’est passé. La loi a été appliquée à la lettre dans ce cas, c'est-à-dire une suspension de quatre ans comme le stipulent les lois de la FIFA. Même sur le plan religieux, car on est dans un pays religieux, il est interdit de prendre des substances pareilles. Ceci dit, je réitère ce que j’ai déjà dit, les conditions sociales des joueurs contribuent dans la régression des bonnes mœurs de ces derniers. Il y a, d’un autre côté, les grosses sommes d’argent qui circulent dans le milieu du foot. Ce n’est pas pour les envier, loin de moi, mais j’ai espéré que les joueurs sachent utiliser leur argent à bon escient, et non pas le dépenser dans les soirées ou autre chose. Un ami m’avait dit à ce sujet que les joueurs qui ont de gros salaires devront engager des entraîneurs à leur compte pour les aider dans leur préparation physique ou mentale comme cela se fait à l’étranger. On n’a pas hélas cette culture chez nous. Par rapport à la qualité du spectacle proposé dans notre championnat, je dirai que les sommes perçues par les joueurs actuels est exagérées. J’étais moi-même président et je sais de quoi je parle. Quand on dépense des milliards, on s’attend à ce que l’équipe soit au top, alors que maintenant on donne des milliards alors que son équipe joue la relégation. Ce phénomène contribue à générer la violence dans les stades. Quand un supporter vient faire la queue, payer son billet à 200 ou 300 DA pour assister à un rendement faible des joueurs, et son équipe est menacée, cela engendre de la violence physique et verbale.
Il y a deux cas de dopage, à savoir Belaïli et Boussaïd, qui ont été découverts, mais ne pensez-vous pas qu’il y a encore plusieurs autres joueurs dans ce cas mais qui n’ont pas été contrôlés ?
Il ne faut pas croire ce qui se dit dans la rue. Au moment où je vous parle, il y a deux cas qui sont avérés, et sept ou huit autres atypiques, c'est-à-dire où le doute persiste. Dans les premières analyses parfois, les résultats semblent positifs, ce qui nécessite une confirmation, mais qui s’avère à la fin comme des substances non prohibées. Je vous donne un exemple. Un joueur a été contrôlé positivement la saison passée, mais après analyses approfondies, il s’est avéré que le joueur en question était sous un traitement médical pour un problème de stérilité. Et à l’occasion, j’ai assisté aujourd’hui à l’ouverture d’une journée d’étude à ce sujet avec la participation des médecins des équipes de Ligue 1 et de Ligue 2 et les médecins contrôleurs qui se rendent dans les stades, en plus des secrétaires généraux et les managers de ces équipes. Une liste des substances prohibées devra être établie et publiée sur les sites de la LNF et la FAF pour que tout le monde soit au courant et chacun prendra ses responsabilités à son niveau.
On parle de huit autres joueurs contrôlés susceptibles de connaître le même sort que les deux autres joueurs, quand est-ce qu’on aura les résultats définitifs pour mettre fin à toute rumeur ?
Comme vous le savez, les résultats prennent beaucoup de temps. Pour prendre l’exemple de Belaïli, il a fallu presqu’un mois pour avoir les résultats de la rencontre USMA-MCEE, idem pour le match contre le CSC où la rencontre entre l’Arbâa et le RC Relizane. Les analyses comme vous le savez se font dans des laboratoires à l’étranger. Actuellement, on est en train de traiter avec un laboratoire suisse, et le président de la FAF, Raouraoua, est en négociations avec un autre au Qatar. Ces contrôles coûte cher, du moment que cela se fait au niveau de toutes autres divisions et non pas en Ligues 1 et 2. Dernièrement, j’ai assisté à un match de la Division amateur, où il y avait un médecin contrôleur qui attendait la fin du match pour prendre des échantillons pour analyses. Donc, pour le moment, il n’y a aucun autre cas de dopage. Je vous ajoute que ces contrôles sont confidentiels, les échantillons s’envoient sous des chiffres et non des noms. Seul le médecin de la commission antidopage sait quel nom correspond à quel chiffre. Est menteur celui qui vous dit qu’il y a cinq ou dix joueurs qui se sont dopés. Et dans le cas où les résultats seraient positifs, la loi sera appliquée.
Peut-on dire que l’affaire de Belaïli poussera la ligue à redoubler les contrôles antidopage ?
Les contrôles ne datent pas d’aujourd’hui, cela se faisait depuis des années. Avant on prenait deux joueurs dans chaque équipe, aujourd’hui on prend un joueur d’un club et trois dans un autre après tirage au sort. Même l’arbitre peut intervenir et recommander le contrôle d’un tel joueur dont le rendement physique suscite des doutes, même chose pour le commissaire au match qui a le droit de désigner un autre joueur. Mais si on n’a rien à se reprocher, on peut permettre même le contrôle de 11 joueurs. Si j’étais président, je ne verrais pas d’inconvénient à ce que les 25 joueurs soient contrôlés. On a demandé aux clubs de nous remettre des programmes de préparations pour nous permettre d’effectuer des examens inopinés. Sur 32 équipes, seules 8 ou 9 ont répondu favorablement. Je me demande pourquoi les autres ne le font pas. En tous les cas, la ligue et la FAF sont déterminées à combattre le phénomène du dopage dans nos stades.
Dans les cas de Belaïli et Boussaïd, leurs clubs respectifs ont-ils le droit de résilier leurs contrats ?
Oui, ils ont le droit tant que ce sont les joueurs qui sont fautifs. Bien au contraire, les clubs ont le droit de réclamer des indemnisations du moment qu’ils ont perdu une licence. Prenez l’exemple de Chelsea où le joueur Adrien Mutu a été contraint de payer une grosse somme puisqu’il a fauté.
Parlant d’un autre phénomène de notre football, à savoir le problème de stabilité au niveau du staff technique. Après 8 journées, 15 entraîneurs ont été soit limogés ou ont démissionné…
Je dénonce les directions des clubs pour le limogeage de leurs entraîneurs autant que les entraîneurs pour leurs positions dans certains clubs. Aujourd’hui, par exemple, j’ai vu que deux techniciens ont démissionné de leur gré faute de résultats. C’est vrai qu’il y a de la pression, mais les entraîneurs n’ont pas cette culture de patience, il faut faire la sourde oreille parfois et ne pas céder à la pression de la rue. Nous, on œuvre toujours pour la stabilité au niveau du staff technique des clubs, mais le problème majeur en Algérie, c’est que c’est la rue qui décide. Je suis persuadé que le remplacement d’un entraîneur par un autre ne change pas grand-chose.
Vous avez essayé de limiter la valse des entraîneurs en arrêtant les licences d’entraîneurs à deux par saison, ce qui semble insuffisant…
Cette loi vise à limiter l’offre sur le marché. Cela donnera à réfléchir aux responsables avant de limoger l’entraîneur en place puisqu’il n’aura pas le droit de ramener des techniciens qui ont eu déjà des licences ailleurs dans la même saison. On ne peut pas durcir davantage pour ne pas aller dans le sens contraire du code de travail.
Toujours au niveau des lois, les joueurs étrangers dont le contrat arrivera à échéance n’aura pas le droit de jouer en Algérie, c’est une mesure qui sera appliquée dès le prochain mercato ?
Oui, c’est une décision irréversible. Les joueurs étrangers dont le contrat sera expiré prochainement ne pourront pas évoluer dans notre championnat. Ce n’est pas du racisme comme ont a laissé penser certains. On a assez de problèmes comme ça. L’ESS, la JSMB et l’USMBA ont pour le moment des problèmes à cause de ça. Alors, on a décidé de mettre un terme à tout cela. Le jour où on sera prêts à recruter des joueurs étrangers dans les meilleures conditions, ils seront les bienvenus. Le jour où les équipes seront capables d’assurer toutes conditions pour un recrutement dans les normes, le virement bancaire, le visa et le permis de travail, la déclaration des impôts, la déclaration de la Sécurité sociale et les conditions décentes d’hébergement, on ouvrira les portes. Certains clubs demandent à la FAF de faire ces virements et les déduire après des droits de la télévision. La FAF n’est pas une banque. C’est aux clubs de se débrouiller.
Il y a aussi le problème des stades et la programmation des rencontres, notamment les derbys et le dernier match du MCA-JSK, un commentaire ?
J’ai vu justement les responsables du MCA qui se sont plaints sur un plateau de la télévision sur la programmation du match au stade de Bologhine. Le match en question a été programmé initialement pour jeudi, les clubs ont demandé le report pour leur permettre de récupérer leurs internationaux. On a décalé le match pour vendredi. La priorité est donnée aux derbys, n’est-ce pas ? J’ai demandé au directeur du stade s’il y avait possibilité de programmer MCA-JSK vendredi et CRB-USMA pour samedi, il m’a dit que c’était impossible. Je demande aux gens qui critiquent de me donner la solution. Il y a des considérations sécuritaires, de diffusion, pas seulement les stades. On a lancé un appel aux wilayas d’Alger et de Tipaza pour la rénovation des stades de Koléa et Rouiba pour nous soulager, qui est resté lettre morte. Je ne sais pas si on veut faire de ces stades des musées.
L’USMA s’apprête à disputer la finale de la Ligue des champions africaine, certains se plaignent de la charge de la programmation des matchs et demandent un allègement afin de bien préparer cet important rendez-vous, que diriez-vous ?
Vous avez dit « certains », la direction de l’USMA ne s’est pas plainte à ce que je sache. On n’a reçu aucune protestation de la part de l’USMA, ils joueront deux matchs de championnat contre le RCA et le RCA tout en se préparant sereinement pour cet important rendez-vous.
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