Ishak Belfodil a accepté de répondre aux questions du Buteur, d’El Heddaf et d’El Heddad TV. L’attaquant international algérien, qui a rejoint la formation de Baniyas, il y a quelques jours, a accueilli notre équipe à Valence, lieu du stage de son équipe à l’hôtel Oliva Nova golf beach. Sans langue de bois, l’attaquant des Fennecs a répondu à toutes nos questions, expliquant ce qui s’est passé durant le mercato, en passant par sa signature à Baniyas et, pour la première fois, ses relations avec l’ancien sélectionneur national, Vahid Halilhodzic.
On vous remercie Ishak d’avoir accepté de nous accorder cette interview ici à Valence où vous effectuez un stage de préparation. Vous paraissez heureux, non ?
Hamdoulilah, tout se passe bien. Je suis heureux et content d’être ici à Baniyas. J’ai rejoins ce club il y a environ une semaine et je suis satisfait. On s’entraîne ici et on fait du bon travail. On travaille d’arrache- pied. Personnellement, je travaille plus que les autres parce que je suis arrivé en retard.
Un premier constat ?
Je m’entends très bien avec mes nouveaux coéquipiers et tout le staff. On a fait quelques entraînements ensemble et ça s’est très bien passé. Le courant passe très bien et je communique bien avec eux. On se comprend très bien parce que je mélange un peu d’arabe et d’anglais.
Tous les Algériens s’interrogent comment vous avez atterri à Baniyas ?
Il faut savoir que depuis que j’ai résilié mon contrat, il n’y a pas eu beaucoup d’offres concrètes. J’ai donc résilié mon contrat à la fin du mois de mai.
Plutôt au début du mois de mai…
Alors, c’est encore plus grave. Depuis ce temps, j’attendais des propositions. Beaucoup d’agents m’ont appelé pour me parler de tout et de n’importe quoi, mais je n’ai rien vu venir. Entretemps, il y a eu une première proposition de Baniyas, mais j’ai préféré attendre. Mais il n’y a pas eu de concret au moment où tous les joueurs ont repris le travail. Moi, je ne voulais pas attendre jusqu’au 30 août pour signer, sachant surtout que je n’avais pas d’assurance. En plus, il y avait le stage de l’Equipe nationale, donc il fallait que je signe et j’ai fini par opter pour Baniyas. Cette équipe me voulait, d’ailleurs on m’a réservé un accueil des plus chaleureux.
Vous étiez perturbé, c’est ça ?
Non, pas du tout. Hamdoulilah, je n’étais pas perturbé. Ce n’est que du football. Après, j’étais irrité. C’est tout le monde qui m’appelé. Tous les agents m’ont contacté et apparemment tout le monde était intéressé, mais je n’ai rien vu venir. J’attendais du concret. Les choses officielles, c’est lorsqu’on reçoit une proposition. Maintenant, je comprends que les gens s’étonnent pourquoi j’ai signé à Baniyas. Ils ont sur Internet que beaucoup de clubs s’intéressaient à moi, et voilà que je m’engage avec Baniyas. Ils ne savaient sans doute pas qu’il n’y avait pas du concret.
Comment ont eu lieu les contacts avec Baniyas ?
Il faut savoir que les contacts ne dataient pas d’hier. Il y a eu des contacts avec ce club, la Turquie et même des clubs de MLS. J’ai fais savoir aux agents qui m’ont contacté que ma priorité était l’Europe. Après avoir constaté qu’il n’y avait rien en Europe, sachant que les quelques propositions qui me sont parvenues ne correspondaient pas à mes ambitions, j’ai commencé par étudier les autres offres comme celle de Baniyas et j’ai fini par signer pour ce club, dont les dirigeants m’ont fait une proposition sérieuse.
Qui a été derrière votre arrivée à Baniyas ?
C’est mon agent Hakim. C’est lui qui a tout conclu avec les responsables de Baniyas.
Parlons des contacts. Il se dit que vous avez signé un précontrat avec le Trabzonspor dont les dirigeants ont accusé votre ancien agent d’être trop gourmand, il y a eu aussi Bursaspor…
Là vous me donnez l’occasion d’éclaircir certaines choses. C’est vrai, il y a eu un accord avec Trabzonspor, mais c’était avec l’ancien staff qui a été viré par la suite. Donc, c’est pour cela que je n’ai pas rejoint ce club. Concernant le précontrat dont vous parlez, il n’y a rien de vrai dans cette histoire. Concernant Bursaspor, je respecte beaucoup ce club mais je n’ai pas signé parce que le club a été sanctionné pour deux ans et ne disputera pas l’Europa League. Si je signe en Turquie, c’est pour disputer une compétition internationale. Voilà ce qui s’est réellement passé.
Pourquoi avez-vous rompu vos relations avec Adrian D’Amico, votre désormais ancien agent ?
C’est vrai que j’ai mis fin à nos relations de travail, toutefois on s’appelle. Professionnellement, on n’est plus ensemble. J’ai décidé de laisser mon père me superviser. Il y a aussi Hakim Kolli qui est à mes côtés. C’est donc le joueur qui est très important, l’agent vient après.
Selon la presse algérienne et même française, on vous accuse d’avoir privilégié le volet financier…
Ecoutez, je n’en veux à personne. Chacun peut avoir sa propre opinion. Ceux qui sont proches de moi et qui étaient au courant de tous les détails m’ont félicité. Ils m’ont envoyé des messages de félicitations. Je n’en veux pas à ceux qui lisent à travers la presse qu’il y avait tel ou tel club sur mes traces et que c’est moi qui ai refusé de signer.
Etes-vous convaincu par ce choix ?
Je sais qu’il y a mieux, je l’avoue, mais actuellement, le championnat des Emirats n’est plus le même d’il y a deux ou trois ans. Il y a beaucoup de joueurs qui ont rejoint les Emirats. On peut citer Emenike de Fenerbahçe et Lima du Benfica. Ce dernier pouvait jouer la Ligue des champions mais il a choisi les EAU, alors qu’il n’a que 27 ans. On ne recrute plus des joueurs en fin de carrière.
Revenons à ce choix. La presse italienne annonce que vous avez choisi Baniyas pour récupérer un peu d’argent, après avoir renoncé à une bonne partie de votre dû pour être libre vis-à-vis de Parme…
Franchement, ce n’est pas vrai.
Mais vous avez renoncé à une bonne partie de votre argent…
C’est vrai, mais c’est pour être libre en fin de saison. Je n’avais pas d’autre choix. Je n’ai pas été le seul joueur à renoncer à son argent.
En avez-vous parlé à Gourcuff ?
Oui, j’étais en contact permanent avec Christian Gourcuff. Durant l’été, je l’ai mis au courant de tout. Je pense qu’il le faisait avec tous les joueurs qui étaient dans la même situation que moi. Il me donnait même son avis et des conseils.
Comment était sa réaction, après votre signature ?
Sincèrement, je ne sais pas. Comme la transaction s’est concrétisée dans la soirée, je ne voulais pas déranger M. Gourcuff. J’ai donc appelé Yazid Mansouri pour l’informer de tous les détails et de la transaction. Il m’a rassuré et demandé de faire mon choix. Je l’ai mis lui aussi au courant de ma situation. Il faut quand même reconnaître que je n’ai pas reçu de contact de Chelsea et que je l’ai refusé.
Ne craignez-vous pas pour votre avenir en sélection ?
Non, car le sélection n’est pas comme un club. Aussi, on ne peut pas être sélectionné par rapport à la situation en club. Je jouais à l’Inter de Milan et parfois, je n’étais pas convoqué. A Parme, je n’avais pas du temps de jeu, mais j’ai été retenu en sélection.
Aujourd’hui, vous ne regrettez pas d’avoir joué à l’Inter et ne pensez- vous pas que c’était trop tôt pour jouer dans un grand club ?
Non, pas du tout. Je ne regrette rien. C’était difficile de refuser une proposition d’un grand club comme l’Inter de Milan. Mais c’était très difficile pour moi. Je n’étais pas dans les meilleures dispositions parce qu’il y avait un nouveau coach qui était venu et qui avait ses propres idées. Il y avait une très rude concurrence, mais je ne regrette rien du tout.
Parlons de la sélection nationale. Vous avez pris part à la CAN en Guinée Equatoriale. Ce fut une déception pour vous…
Une demi-déception, je dirais. J’étais très content d’avoir pris part à un tournoi d’une telle envergure avec l’Algérie. Par contre, ça été une déception par rapport à notre élimination amère. On pouvait faire mieux sincèrement. Dommage, le football est fait ainsi. On a fait une bonne CAN mais il nous a manqué un petit quelque chose pour aller jusqu’au bout. En tout cas, ça nous a permis de gagner en expérience. C’est une bonne chose, en prévision des prochaines échéances.
L’Algérie était pourtant le favori numéro un ?
Oui, c’était le favori, mais le football est fait ainsi. Parfois, on peut ne pas réussir.
Justement, qu’est-ce qui n’a pas marché durant ce tournoi ?
Franchement, je ne sais pas quoi vous dire, je ne sais pas ce qui s’est passé. On était vraiment attendus. L’Algérie avait un gros statut lors de cette CAN et toutes les équipes l’avaient prise en considération. Lors de chaque match, Sofiane et Yacine (Feghouli et Brahimi : ndlr) étaient muselés en ayant deux ou trois joueurs, mais ils ont réussi à s’en sortir.
Les conditions climatiques étaient déplorables aussi…
Oui, c’était très difficile pour nous, je peux l’avouer. On a éprouvé des difficultés à s’y adapter.
Le 4-4-2 de Christian Gourcuff est remis en cause…
Sincèrement, les critiques, il y en a toujours dans le football. Quand ça marche lors des éliminatoires, il est le meilleur entraîneur et lorsqu’il n’y a pas de résultat, on le critique. C’est le métier d’entraîneur. Mais pour revenir au groupe, on est vraiment très à l’aise avec lui.
Donc vous personnellement, vous êtes à l’aise…
Oui, bien sûr, je suis à l’aise sous sa coupe.
En attaque, vous vous sentez mieux avec Slimani ou Brahimi ?
Les deux, je n’ai pas de préférence. Avec Brahimi, je m’occupe moins du ballon, j’essaye de bien me placer pour faire de bons appels et être à l’affût. Mais avec Slimani, c’est complètement différent. Je m’occupe plus du ballon pour essayer de le servir au maximum. Voilà, ce sont deux rôles complètement différents.
Votre doublé face à Oman signifie-t-il votre véritable départ ?
J’espère bien. J’étais tout content d’avoir réussi. Après, il y a le match face aux Seychelles au cours duquel je n’ai pas beaucoup joué, mais j’avais une grosse envie de marquer.
Un sentiment particulier au moment des deux buts ?
Non, il n’y avait pas de sentiment particulier. J’étais très content car j’attendais ce but depuis longtemps. J’ai une douzaine de sélections et il est logique que je veuille inscrire des buts. Je sais que ceux qui regardent mes statistiques vont me critiquer peut-être mais il faut savoir que je n’ai pas eu beaucoup de chance. J’ai des bouts de match et parfois des minutes. Donc, je n’ai pas beaucoup joué.
Avec Halilhodzic, vous avez eu droit à une minute pour votre première convocation…
Oui, vous avez vu !
Vous ne marquez pas beaucoup de buts, mais vous êtes très souvent impliqué comme ce fut le cas durant la CAN. Peut-on dire que Belfodil n’est pas un avant-centre ?
Je suis content d’être impliqué dans beaucoup de buts et de délivrer des passes. Mais sachez que moi, je ne suis pas un avant-centre. Vu mes qualités, les entraîneurs m’ont mis en pointe. Je n’ai jamais joué avant-centre lorsque j’étais petit. Je jouais en 10 ou sur les côtés.
Vous avez travaillé un an sous l’ère Halilhodzic et un an aussi sous la coupe de Gourcuff. Pouvez-vous faire une comparaison ?
Franchement, ça ne se passait pas bien avec l’ancien coach (Vahid Halilhodzic : ndlr). Donc, je pense qu’il ne faudra pas me poser cette question, car je ne vais pas être objectif.
Ça ne se passait donc pas bien avec lui ?
Vraiment, je ne comprends rien du tout. Je ne sais pas. Mais dès le début, ça ne se passait pas bien, peut-être qu’il y a eu une cassure.
Pour votre première convocation à l’occasion du match amical face à la Guinée, vous avez fait votre apparition à une minute de la fin. Que s’est- il passé avec lui alors ?
Franchement rien. Même moi, je n’ai pas compris ce qui s’est passé.
Vous tenez rancune à Halilhodzic qui vous a privé de la Coupe du monde ?
Non, pas du tout. Lui, c’était quelqu’un de fier, et moi très fier. Donc, il n’y a pas de problème. Le plus important pour moi, c’est que je ne lui ai jamais manqué de respect.
Aujourd’hui, qu’est-ce que vous avez à lui dire ?
Absolument rien.
Avec du recul, avez-vous le sentiment d’avoir été marginalisé ?
Non, ce n’est pas ça. Seulement, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il n’y avait que lui qui pensait autrement me concernant moi. J’avais de bons rapports avec tout le monde. Mais bon, c’était lui l’entraîneur en chef, donc c’était lui qui décidait.
Peut-être qu’il n’ait pas apprécié le fait que vous ayez rejoint le groupe tardivement et que vous n’aviez pas pris part à la CAN-2013 en Afrique du Sud ?
Franchement, je ne sais pas. Mais il ne m’a rien dit à moi. Pour l’instant, j’ignore les raisons.
Par contre, Gourcuff vous avait convoqué pour la CAN alors que vous aviez peu de temps de jeu avec Parme. Ça vous a surpris, non ?
Non, ça ne m’a surpris beaucoup. J’avais travaillé sous sa coupe pendant six mois et je n’étais pas surpris car le coach savait ce qu’il faisait. J’étais par contre heureux de défendre les couleurs de mon pays. Durant la CAN, j’étais aussi content parce que j’avais réussi à prendre part aux quatre matchs de l’EN au cours desquels j’ai essayé de donner le meilleur de moi- même.
Est-il vrai qu’entre vous les joueurs, vous vous disiez parfois que vous étiez dans une caserne, lors du passage de Halilhodzic ?
Oui, parfois, c’était trop exagéré. C’est vrai que la discipline est bonne et elle ne fait que du bien pour le groupe, mais parfois les joueurs se plaignaient parce qu’on pensait que c’était exagéré.
Pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2018, vous allez affronter le vainqueur du match Malawi-Tanzanie. Ce tirage est-il clément ?
Etant tête de série, on ne va pas hériter du Brésil africain. Nous allons tout faire pour passer, sans qualifier le tirage de clément car en Afrique, il n’y a pas de tirage au sort facile.
Vous préférez la Tanzanie ou le Malawi ?
Le Malawi, je connais bien cet adversaire. On est allés jouer là-bas et les conditions étaient vraiment difficiles. Le pire adversaire n’était pas l’adversaire. Il y avait la pelouse en synthétique qui nous a pénalisés, sans oublier les conditions climatiques. Par contre, je ne connais pas la Tanzanie.
Il y a un grand stade et une pelouse en gazon naturel…
Alors sans connaître le pays, j’opterai pour la Tanzanie. Nous avons un jeu basé sur la technique et les petites passes. Donc, nous sommes très à l’aise sur des pelouses en gazon et surtout en bon état.
La CAN-2017 n’aura pas lieu en Algérie…
Oui, ce fut été une véritable déception, notamment pour le peuple. J’avais lu à travers Internet que les Algériens souhaitaient que le tournoi ait lieu en Algérie. Ça aurait été une fête chez nous. Pour la sélection, ça aura été vraiment bénéfique puisqu’on aurait joué devant nos supporters. Franchement, c’est une déception surtout pour notre peuple. L’Algérie a les moyens d’organiser un tel événement.
L’EN devra quitter le stade Mustapha- Tchaker de Blida pour retourner au 5- Juillet…
C’est une bonne nouvelle, même si le stade Tchaker nous a porté chance.
Pourquoi une bonne nouvelle ?
Tout simplement parce que c’est un stade historique où tu peux jouer devant du monde. Il est très grand. Une fois quand j’étais petit, j’étais allé voir un match au stade du 5-Juillet. C’était entre l’Algérie et le Burkina Faso et le match s’était soldé sur un score nul de deux buts partout.
Dernièrement, Rafik Djebbour a dit que l’actuel groupe des Verts fait preuve de moins de nationalisme par rapport à leur génération…
Je ne me sens pas visé parce que je ne me sens pas avoir moins de nationalisme. Idem pour l’ensemble du groupe. On est vraiment motivés pour se donner à 100% pour la sélection et défendre les couleurs du pays. Il fallait lui demander des noms.
Vous suivez l’actualité du football en Algérie et du Mouloudia, votre club préféré ?
Oui, bien sûr. Je sais que Chenihi a été transféré au Club Africain. Je suis aussi mes amis Amir Karaoui et Gourmi aussi.
La Tunisie sera-t-elle un bon tremplin pour Chenihi ?
Oui, je le pense parce que la Tunisie a souvent réussi à nos joueurs comme Djabou et bien d’autres.
Votre objectif, c’est de vite rejouer en Europe ?
Oui, c’est ça. J’ai signé un contrat de deux ans et je suis encore jeune. L’année prochaine, j’aurai 24 ans. C’est donc un avantage.
Vous comptez aussi marquer beaucoup de buts cette saison…
Oui, je l’espère bien. Je travaille dur pour atteindre cet objectif. Le club est très sérieux ici. A l’Inter de Milan par exemple, on n’a pas de nutritionniste, contrairement à Baniyas. Aux Emirats Arabes Unis, tous les moyens existent pour réussir.
Un dernier mot aux Algériens et à vos proches ?
Je les salue et j’espère que la sélection nationale aura toujours cette réussite pour donner de la joie au peuple.
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